Quand le punk rock fait découvrir le monde : partie 1
Publié le 03 Sep 2023 par Collabo
Les Union Thugs vous livrent les secrets d’une tournée sur un autre continent
Avant le départ
21 concerts en 25 soirs sur le Vieux Continent, voici ce qui attend les Union Thugs qui sont actuellement en tournée en Europe jusqu’au 10 septembre. Afin de lever le voile sur le quotidien d’un groupe punk rock DIY qui a décidé de se retrousser les manches pour vivre un rêve de longue date, on s’est dit que ce serait bien de vous raconter cette aventure tout en livrant nos meilleurs trucs pour l’organisation d’une tournée sans tracas. En espérant que ça puisse servir aux autres bands de la scène qui voudraient aussi se lancer!
Le 15 août dernier, nous nous sommes donc rendu.e.s à l’aéroport de Dorval pour prendre le vol qui nous a transporté.e.s jusqu’à Francfort en Allemagne, tout près de notre premier concert. C’était finalement l’heure de commencer notre périple qui nous mènera à travers 6 pays et quelque 6 000 km de route.
Dans l’organisation d’une tournée, il faut savoir que le plus gros du travail se fait surtout avant le jour du grand départ. Voici quelques aspects importants à vérifier avant de partir :
Les contacts
Ayant moi-même trois tournées européennes derrière la cravate avec mon ancien groupe Action Sédition, c’est surtout moi qui s’est occupé de l’aspect booking de la tournée et qui officiait, en quelque sorte, à titre de chargé de projet. L’expérience et les contacts amassés à travers le temps sont d’ailleurs la base de ce qui est devenue la série de concerts actuelle.
Une personne voulant se lancer dans un tel projet devrait donc impérativement essayer de multiplier les prises de contacts avec des groupes provenant de la région ciblée lorsque ceux-ci visitent le Québec. Aussi, les autres bands ayant déjà tourné dans le pays visé peuvent également être d’une grande aide pour trouver des gens qui produisent des spectacles. L’utilisation des réseaux sociaux peut aussi se montrer utile dans la recherche de contacts. Regardez où les groupes qui vous ressemblent ont l’habitude de jouer pour trouver des lieux intéressants et susceptibles de vous accueillir.
S’y prendre longtemps à l’avance
Le plus difficile, dans un groupe underground, est souvent de trouver un moment où tous les membres du groupe peuvent être libres en même temps. Ça peut paraître basique, mais c’est généralement beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît. Par exemple, dans les Thugs, tout le monde travaille ou va à l’école, souvent à des moments différents. On a donc réservé nos dates un peu plus d’un an à l’avance, surtout qu’on visait une assez longue tournée (près d’un mois).
C’est aussi une bonne idée de s’y prendre longtemps à l’avance pour contacter les boîtes de production ou les salles de spectacle que vous ciblez, ce qui aidera grandement à façonner votre itinéraire pour la suite.
Être à l’affût des spécificités locales
C’est toujours bien de se renseigner sur les particularités de la scène et des pays que vous allez visiter. Par exemple, en Europe, la scène DIY est beaucoup plus développée et mieux organisée que tout ce qu’on retrouve en Amérique du Nord. C’est tout simplement normal, sur le Vieux Continent, d’offrir le repas et l’hébergement aux artistes (et puis généralement, on ne se limite pas à deux maigres coupons de bière pour les muscien.ne.s). De nombreux lieux sont d’ailleurs équipés de dortoirs avec douches et machine à laver pour les groupes .
Il est également toujours bon de connaître certains éléments des cultures locales. Ainsi, en Allemagne, il est notamment très mal vu pour une homme d’enlever son t-shirt dans un moshpit. Aux Pays Basques, les gens n’aiment généralement pas qu’on les considère comme des Espagnol.e.s. En Suisse, la monnaie est le Franc suisse et non l’Euro, en République Tchèque, c’est la Couronne. Certains pays ont des frontières plus difficiles à traverser avec des instruments que d’autres, comme les États-Unis ou l’Angleterre. Ce sont toutes de petites choses qu’il vaut la peine de connaître avant le départ. Une fois sur place, il est également possible de discuter de ces éléments avec vos hôtes locaux pour en savoir plus.
Certains bars ont parfois des soirées où se tiennent des concerts chaque semaine, par exemple, tous les dimanches après-midis ou les mardis soirs. C’est exactement le genre d’information utile à connaître, parce que ce sont souvent des journées où il peut être difficile de trouver des dates de show.
Lever des fonds
Une tournée, ça coûte cher! Et ça, c’est sans compter sur les possibles imprévus (bris mécaniques, bris d’instrument, perte de matériel, etc.). Il est toujours bon d’avoir un bon coussin financier avant le départ. Outre de multiplier les spectacles, il est aussi possible de faire une campagne de sociofinancement, d’organiser des soirées bénéfices, de préparer une batch de t-shirts pour financer sa tournée ou encore de vérifier si des subventions sont disponibles. Votre imagination est la seule limite.
Il est assez rare de réussir à rembourser ses billets d’avion lors d’une première tournée sur un autre continent, alors l’argent ainsi amassé, en plus de servir de coussin d’urgence, permet potentiellement d’aider au paiement du transport. Il peut aussi servir à être réinvesti en promo pour la tournée ou en merch produite pour la tournée.
Dans le même ordre d’idée, avant le départ, il vaut mieux s’entendre avec vos bandmates sur comment fonctionneront les finances de la tournée. Qu’est-ce que le groupe rembourse et qu’est-ce qui est considéré comme une dépense personnelle? Les repas? Le matériel (cordes de guitare, baguettes de drum, câbles, etc.)? Billets d’avion? Mieux vaut avoir ces discussions avant que de se chicaner pendant la tournée!
Faites de la merch
Tout dépendant de votre mode de transport, avoir une bonne table de merch lors de vos concerts aide souvent à venir doubler, voir dépasser le montant amassé à la porte. Plus votre groupe a de produits différents, meilleures sont vos chances d’accrocher les spectateurs. Par exemple, de notre côté, nous tournons avec une caisse de vinyles et de CDs de la scène montréalaise grâce à notre label Dure Réalité. Ça permet de faire voyager la musique un peu partout dans le monde tout en diversifiant notre offre.
Bien des groupes vous offriront volontiers une dizaine d’albums pour que leur musique se rende au Mexique, en Australie, en France ou n’importe où. Il s’agit souvent seulement de leur offrir cette possibilité pour que ça fonctionne. Et pourquoi ne pas faire la même chose avec vos albums quand un groupe ami part en tournée?
C’est toujours une bonne idée d’avoir des autocollants avec vous, question d’en mettre un peu partout sur votre route, que ce soit dans la rue ou dans les salles de spectacles où vous jouez. Ils peuvent également servir de carte de visite à distribuer un peu partout. Ceux-ci permettent, en quelque sorte, de prolonger la présence du groupe dans une ville donnée.
Même chose pour les t-shirts, il peut être intéressant d’en garder quelques-uns pour donner aux gens qui vous hébergent, aux bookers ou encore aux employé.e.s de salles de spectacles. En mettant un de vos t-shirts, ceux-ci deviennent ainsi des ambassadeurs de votre groupe quand vous ne serez plus sur place.
Il est souvent conseillé, aussi, de faire imprimer une partie du matériel directement dans le pays où vous vous rendez, question de sauver les frais de transport. Par exemple, de notre côté, on a fait imprimer une batch de t-shirts et des cahiers de chansons en Allemagne pour ne pas avoir à payer de frais de port sur ces items.
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Le groupe montréalais Ripcordz donne aussi régulièrement des conseils de tournée (en anglais) via sa page Facebook. Allez lire ça, ça vaut la peine!
Rédaction : Éric Sédition pour les Union Thugs
Mise en page : Claudia Bo
Correction : Céline Montminy
Révision : Marie-Eve Landry