
Mononc’ Serge & Anonymus créent le métal canadien-français
Publié le 29 Avr 2025 par Patrice Belley
Mononc’ Serge & Anonymus sont désormais de retour dans notre vie, après 20 ans d’un manque à combler. Les métalleux nous ont construit un album opérant dans un style musical peu orthodoxe, de leur cru : Métal canadien-français.

Métal canadien-français
Dès sa réception, j’ai fait jouer le vinyle sur repeat. Eh oui ! Je me suis levé souvent pour déplacer l’aiguille. Je surveillais, tel un tireur d’élite, la date qu’ils descendraient la rivière Saguenay. Dates affichant «Complet» parmi toutes les villes où ils ont amarré. Le samedi 12 avril, rendez-vous pour un retour aux sources, dans notre Fjord.

Rendus big, ils ont été les invités de la populaire émission Belle et Bum. Ils ont le vent dans la voile de leur embarcation. Se logeant dans les tops, avec Metallica, sur Spotify et ses petits frères du métal.
Vieux Théâtre de La Baie
Même place que leur dernière navigation chez nous, il y a 20 ans, au Vieux Théâtre de La Baie. Je pénètre dans cette splendide salle ceinturée d’une mezzanine, un contrefort dressé devant moi. Ce qui rajoute du bonheur à cette soirée, ce sont deux amis présents qui ne sortent que pour les grandes occasions.

Les premières notes sont en cours d’émission dans ce lieu majestueux…
Matante Mutante
Son immensité est déjà comblée de punks et fervents du métal trippant au regard fixé sur Matante Mutante. Je les ai reconnus dès que j’ai vu ces joyeux lurons debout sur la grande scène. Ils se déguisent à chacune de leur controverse. Je les ai croisés et j’ai été subjugué par leur démence au festival Le Delüge.

Halloween night
Ronald McDonald est un pouilleux aux cheveux gris avec des verres fumés. Deux clowns de plus, maquillés grossièrement, dont un chauve et un Joker avec une moumoute frisée. Ces effrontés nous accompagnent pour notre traversée musicale de départ.


Une matante mutante, ça c’est d’la femme
Revenons à leur identité. Ce sont des gars de St-Ambroise. C’est un perfect fit avec Mononc’ Serge & Anonymus, par leur genre éclaté. Ils ne se prennent jamais au sérieux et affirment être « le plus grand band de l’histoire de notre sous-sol ! »

Ils jouent à la vitesse de l’éclair, ça rentre au poste. De bons textes en français rigolos, de party. Grosse guitare et basse du même avis. Le batteur fait ses descentes consécutives, tient un rythme exagéré qui est apprécié. Le chanteur beugle, génère une agressivité perceptible par le mouvement du troupeau devant lui.

Full au bouchon
De courtes chansons qui s’entrelacent, une tentant de dépasser l’autre. L’accueil offert est à la hauteur de leur talent et de nos attentes. Tout le monde y est ! C’est plein et ce n’est pas encore les vétérans Mononc’ Serge & Anonymus.

Le clown au veston chic annonce qu’il en reste malheureusement seulement deux à jouer. Je me rapproche pour m’en délecter. Je les trouve améliorés, maturés depuis les dernières années. Bien que le stage est plus difficilement maitrisable que celui du Côté-Cour, les « faces de fête » s’en sortent sans faux pas.

Leur setlist était bien entendu de trop courte durée. Ils viennent nous saluer avec leur sourire à la bouche, machiavélique, de couleur rouge. J’ai encore soif de punk, métal…

Anonymus
Anonymus proclame également son exposure. Ils ont embarqué dans un concept dont je suis automatiquement acheteur. La sortie d’un livre racontant leur intéressante histoire. Coup double avec la réédition en format vinyle de leur épique album Instinct.

Flashback
Avant que ne débute ce carnage métal canadien-français, j’ai une anecdote à vous faire part qui me trotte dans la tête. Il y a de cela environ 20 ans, dans ce même mini amphithéâtre, je venais voir Mononc’ Serge & Anonymus en show.
Ils amorcèrent leur jeu métallique en interprétant Les patates. Dans ma vingtaine, je me lançais toujours all in dans le trash. Au cœur de cette frénésie, quand Mononc a hurlé « C’est bon les patates », je me suis fait détruire le visage.
Le boxeur amoché
Du haut de mes 6 pieds 4 pouces, un jeune adolescent plus petit a tellement bondi haut que j’ai accueilli son coup de tête violemment projetée vers l’arrière. La face ensanglantée, un gentil portier sur place me propose d’aller me porter à l’hôpital de La Baie.

Dégâts diagnostiqués avec le nez cassé, une fracture de l’os orbital enflé de la taille d’une balle de golf nécessitant des points de suture. Un œil au beurre noir et un autre en devenir. Finalement, j’ai eu le temps de revenir pour profiter du rappel. Alors, ce soir je souhaite voir un show complet de Mononc’ Serge & Anonymus.

Mononc’ Serge et Anonymus
Ça pue le métal à plein nez, nos chummys Mononc’ Serge & Anonymus se positionnent à leur place. Il faut se le dire, ya du stock sur le stage. Des sapins, un hibou, un canot suspendu avec les cinq snoreaux, en version squelette, coiffé d’une tuque rouge.

Un mariage musical exquis, une chimie organique qui opère. Premières impressions imposées avec la chanson thème du nouvel album Métal canadien-français. Ça buche en criss.

Jeff, aussi guitariste pour MR.82, est un doué de la guitare qui ne manque pas une note. On nous joue la personne détestée Sébastien Benoit. Notre « Mononc » préféré est crinqué et en forme. Il se lance dans sa danse consistant en de petits pas de marche rapide saccadée. On monte d’un cran d’intensité avec La ligue du vieux poêle. Ils sont le first band de métal canadien-français. Leur surdose d’énergie ne freine pas là. Je reconnais le riff de Woodstock en Beauce.

Un show hommage ?
La fresque est complétée par les deux tambours mis en évidence et présentoirs audacieux de leur logo. Le drum domine littéralement le fond du décor et par la férocité de son jeu de baguettes. On nous explique qu’il existe deux catégories de citoyen, les riches qui sont spectateurs et les artistes pauvres leur faisant face. Ils n’ont même pas les moyens de se payer un billet pour aller voir Mononc’ Serge & Anonymus, c’est la seule raison.

Mourir pour le Canada détonne à l’intérieur des murs vibrants du Vieux Théâtre. Serge va se joindre à son ami des percussions. Il court comme une proie sur un territoire de chasse. Drapeau gigantesque aux couleurs du Canada, juché d’une fleur de cannabis flottant, battant au gré du vent, soulevé par le slam.


Les trippeux sur la mezzanine crient, se retiennent pour ne pas sauter dans l’action. On nous chante Un clown pour grand-papa, un vrai conte de fête. Chapeaux de fête, élastique au cou, les cinq nigauds scorent dans le mille.


Ce n’est pas fini… des sacs débordant de ballounes soufflées sont vidés dans la forêt de fans. Des bonhommes alimentés par un compresseur à air se joignent à la danse.

L’homme qui a vu l’ours
Chanson de poudre pour poursuivre le trip. Est-ce que j’hallucine ? Un ours géant se présente en avant des cinq membres, faisant deux fois leur taille.

Nous surfons sur un vieux classique Marijuana. La très attendue J’pue Pas J’sens L’punk, qui est la best expression.

Molson – M’as en prendre y’en qu’une
Un nouvel instrument s’ajoute, des tonalités de rots à n’en plus finir dans les micros. L’Âge de bière, facilement distinguable. Body surfing en cours pour un punk. Je me lance dans le trash, j’en profite pleinement, pour la totalité du show cette fois-ci. Mononc’ Serge & Anonymus sont de retour rapidement pour un rappel.

Cette période de temps euphorique d’une longévité de 90 minutes, réservant 15 merveilleux titres. C’était spectaculaire !

Finale métal
Je vais pouvoir arborer fièrement mon t-shirt de Mononc’ Serge & Anonymus des Canadiens du Vendredi saint, pendant leur parcours en séries éliminatoires contre les puissants Capitals de Washington. Levons-nous devant ces Américains !


Supplémentaire requise et à l’écoute de leurs fans avares de bon métal, c’est planifié pour le 15 novembre au CEM. Les retardataires et ceux à la dernière minute… hâtez-vous cette fois-ci !

Rédacteur : Patrice Belley
Crédit-photo : Annie Freska
Correction : Val Girard
Révision : Marie-Eve Landry
