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Immersion au Festival du Gros Gras 2024

Publié le 23 Juil 2024 par

Le Festival du Gros Gras de Chute-St-Philippe vaut la peine simplement pour l’ambiance qui ne ressemble à aucun autre festival. Donc, j’achète mes billets chaque année sans regarder le lineup. L’événement se tenait la fin de semaine du 5 au 7 juillet dernier. Je vous invite à consulter leurs réseaux en cliquant sur les liens web et Facebook pour rester à l’affût.

Partant du reggae jusqu’au punk rock en passant par le folk, les 14 groupes dévoilés le 25 mars ne déçoivent pas. De plus, un deuxième horaire hors scène fut annoncé le 29 juin. Alors, six groupes viennent s’ajouter à la dernière minute.

Le camping improvisé à quelques mètres de la scène devient un endroit de réunion où les gestes de complicité se multiplient. Les gens consomment beaucoup trop, mais les festivités demeurent respectueuses jour et nuit. Fêtards invétérés, familles et citoyens du village s’unissent. Des liens se tissent, car nous faisons tous partie de la même famille. La famille du Gros Gras.

Jour 1

Le parc des campeurs était accessible dès midi le vendredi. Les plus préparés étaient déjà en ligne. On prend le temps d’installer nos tentes, de faire connaissance avec les voisins et de partager plusieurs consommations légales et illégales avant l’ouverture.

Francbâtard marque le début des festivités avec leur reggae nordique engagé. Ils jouent sur le coin du chemin des Voyageurs et de la montée des Chevreuils, devant l’entrée du festival. Ainsi, ils divertissent les gens dans la file d’attente pour l’accès au site. Des enfants avec des badges de shérif et toute l’autorité qui s’y rattache nous contrôlent et nous rappellent les règles avant de nous donner nos bracelets.

Le début de l’action sur la scène principale se veut tout aussi décontracté pendant The Options et Les Chiens De Ruelles. Après quoi, le crowd commence à s’éparpiller dans les kiosques. Quelques-uns dansent déjà dans la fosse. Joe Robicho et JF Tessier s’occupent de divertir la foule pendant les changements de band. Entre autres, ils nous font deviner le titre d’une chanson pour ensuite nous la jouer de façon acoustique. Pour tout dire, une animation qui semblait très bien accueillie entre chaque performance.

Le soleil se couche enfin

L’ambiance change lorsque The Creepshow prend la scène d’assaut. Le son monte d’un cran, le soleil se couche, et le périmètre commence à être bien rempli. D’ailleurs, l’achalandage a atteint son maximum durant The Planet Smahers. En résumé, les vétérans du ska ont, comme à l’habitude, fait exploser totalement la place.

Selon moi, le site s’est un peu vidé avant Guttermouth. Par contre, le party n’est pas moins plaisant. Au contraire, le moshpit est plein de gens bien intentionnés qui ont de la place pour s’amuser. Alors que le band est entouré par des millions et des millions de mannes, ils rigolent comme des enfants. Les moustiques créent des scintillements dans l’éclairage et rendent la scène magique. Les musiciens ont oublié des couplets et manqué des solos. Par contre, le moment unique que nous avons tous passé ensemble sera gravé dans nos mémoires. À ce propos, vous pouvez lire une revue plus approfondie de leur arrêt à la Brasserie Port-Alfred en cliquant ici.

Jour 2

La nuit est courte au Gros Gras. Les fêtards nocturnes s’occupent à garder les autres biens réveillés. Nous commençons donc notre journée avec zéro minute de sommeil. Je remarque qu’il n’y a aucun corps mort dans le champ cette année. Tout le monde semble s’être rendu dans sa tente. Les toilettes ont toutes été bien nettoyées dans la nuit. On s’hydrate le plus possible pendant que nos voisins continuent de se déshydrater.

Le début des prestations semble avoir été retardé samedi. Je me rends sur le site pour Le Groupe Alimentaire. Les quelques guerriers qui se sont levés assez tôt pour y assister ont eu tout un show. Le band nous a joué des covers de Kiss et de Foo Fighters en plus de compositions avec des signatures rythmiques impossibles à suivre.

Banista, Grandes Gamines, Josh N the Dirty Rags et Les Dompteurs ont tous joué hors scène. Le stage éphémère était assemblé à différents endroits chaque fois. Il était installé soit derrière la foule, devant les food trucks ou même sur l’arène de lutte. Une initiative rafraichissante qui fait bouger le monde et apporte différents paysages visuels à chaque performance.

La pluie se met de la partie, et on peut voir tout l’esprit d’équipe derrière l’organisation du Gros Gras. On met l’épaule à la roue pour assécher le terrain. J’en profite pour aller récupérer du sommeil à ma tente.

Le P’tit Belliveau et Bohemian Betyars s’occupent de mettre de l’ambiance pendant que la foule revient tranquillement sur place. Une fois rendu à The Anti-Queens, l’espace est bien rempli et la fête est revenue. Le Festival du Gros Gras est sans aucun doute le plus inclusif auquel j’ai assisté. Je crois que le ratio de femmes sur les planches dépasse n’importe quel autre événement québécois de cette envergure.

Coucher de soleil #2

Le retour d’Exterio était attendu. L’expérience des membres s’est tout de suite fait sentir. Le son monte encore d’une coche et les festivaliers se font entendre comme jamais ce weekend. Le band semble tripper fortement, leur chimie transpire jusqu’à l’arrière. Exterio a simplement mis le feu à la place et il restait encore deux groupes à venir.

Face to Face arrive sous les projecteurs à la place d’Irish Moutarde. Les gars semblent un peu perdus lors de la première chanson. Cependant, ils deviennent vite homogènes et offrent un setlist qui couvre bien leur discographie. Ils réussissent à faire bouger bien des jambes.

Finalement c’est Irish Moutarde qui a eu l’honneur de clore l’événement. La qualité du son n’était pas au rendez-vous. J’ai vu l’équipe technique faire des pieds et des mains pendant les deux premiers morceaux pour améliorer la situation. Pendant ce temps, le band continuait d’offrir son punk celtique avec toutes leurs tripes. Ils ont joué jusqu’aux petites heures du matin avec toute la puissance sonore qu’ils méritent. La foule ne faisait qu’un avec eux. Les retards dans la cédule n’ont fait qu’améliorer la grande finale.

Retour à ta vie plate et terne

Le soleil s’est levé quelques heures après la fin de l’action. Nous n’avons donc à peu près pas dormi. Un piano était installé sur le campement comme l’année dernière. C’est la messe du Gros Gras. Un retour progressif à la réalité avec de la musique douce pendant qu’on referme nos tentes. Malgré la débauche absolue de la fin de semaine, nous ne retrouvons aucun déchet par terre. Cependant, une petite odeur de vomi remplit l’air.

Quoi qu’il en soit, il est impossible de décrire le Gros Gras avec des mots. L’offre alimentaire est tellement variée que nous n’avons vu aucune file d’attente. En plus, le bar installé en plein centre peut servir les gens de tous les côtés et facilite les interactions en gardant une vue sur l’action. Station de charge pour cellulaires, salon de coiffure, tatoueur et borne pour l’eau ne sont que quelques commodités parmi tant d’autres à notre disposition. Il est à noter que le « safe space » était identifié en gros, 20 pieds dans les airs, visible de partout sur le site. Bravo Gros Gras.

Le Festival du Gros Gras me rappelle les cinq premiers Rockfest. L’expérience est totalement unique et il faut être fait fort. La camaraderie est surréaliste. Je souhaite que ce festival sache prendre de l’expansion sans perdre l’atmosphère informelle qu’on y retrouve. Pour conclure, je lève mon verre aux organisatrices et je vous remercie de tout cœur pour ce festival dont le Québec avait tant besoin.

Rédaction : Frosty Pat

Photos : Mélissa Loiseau

Correction : Val Girard

Révision : Julie Fortin