Dérives sonores – novembre/décembre 2024

Bienvenue dans cette nouvelle chronique Dérives Sonores ! Comme je l’ai mentionné dans la première édition, je n’ai pas encore établi une fréquence précise pour ces publications. Cependant, il était difficile d’attendre plus longtemps, car la fin d’octobre et le mois de novembre ont été riches en belles sorties et en réceptions de vinyles que j’attendais avec impatience. Cette chronique sera la dernière dans ce format classique pour 2024. Il en restera une, dédiée à mes tops de l’année. Je peux déjà vous dire que 2024 a été une année exceptionnelle en termes de nouvelles sorties, de spectacles mémorables et pour le collectionneur de vinyles passionné que je suis.

Dans cette édition, je vous parlerai entre autres de Crachat, La Faute des Autres, The Dopamines, The Linda Lindas, Touché Amoré, Tiny Moving Parts et Amyl and the Sniffers. Si vous avez envie de discuter des albums et des concerts mentionnés ici, ou si vous souhaitez me faire des suggestions, n’hésitez pas à me contacter sur Instagram et TikTok. Vous pouvez aussi accéder à ma liste de lecture 2024 en musique, qui contient les chansons qui ont attiré mon attention jusqu’à maintenant en 2024. Au plaisir d’échanger avec vous !

Crachat – Fille poupée

Crachat est un trio punk rock à paillettes originaire de la basse-ville de Québec. Formé en 2022, le groupe n’a pas tardé à se faire une place sur la scène punk québécoise. Composé de Justine (voix, guitare), Lyz (guitare, voix) et Maloue (batterie, voix), Crachat propose un style « punk garage » brut et sans compromis, porté uniquement par deux guitares et une batterie. L’absence de basse ? Pas besoin ! Ça ne se fait absolument pas sentir sur leur premier album. J’ai découvert Crachat pour la première fois sur scène lors du concert Back To School, organisé par Les Insoumises l’an dernier. Leur présence sur scène m’avait marqué à l’époque, et aujourd’hui, leur premier album est enfin sorti.

Le 18 octobre dernier, Crachat s’est produit à l’Escogriffe de Montréal avec Janaye Floyd et Conflit Majeur en première partie, et Holy Shit ! Quelle performance ! Pour cette soirée, j’étais le vieux punk solitaire et je n’ai eu aucun regret d’y être allé seul. Janaye Floyd a été une belle découverte, suivi de Conflit Majeur, égal à eux-mêmes, qui nous a offert une excellente performance. Nous avons même eu la chance d’entendre un nouveau morceau qui devrait figurer sur le prochain album du groupe. J’ai bien hâte d’en entendre davantage de leur part.

Crachat avait préparé une mise en scène soignée, incluant leur « homme parfait » qui s’occupait de la préparation avec elles et veillait à ce que tout fonctionne, tout en ajoutant une touche humoristique à l’avant-concert. Pour l’occasion, les membres avaient revêtu des tenus dans la thématique de l’album et de la soirée. Une fois sur scène, les filles ont démontré une présence incroyable et la foule leur a répondu avec enthousiasme. On a même eu droit à du body slam et du body surfing, amplifiant l’énergie de la soirée. J’ai passé un super beau moment et je ne peux que vous encourager à ne pas manquer leur prochain passage près de chez vous.

Les incontournables : Fais moi la violence, Pas de compromis et Dégénérés

La Faute des Autres – La Faute des Autres (Deluxe)

LFDA nous offre du neuf avec la réédition de leur premier EP, enrichi de deux morceaux. Vous pouvez écouter l’intégralité de cet opus sur toutes les plateformes. Les deux nouvelles chansons, Liés par la Vigne et La Faute des Autres, s’ajoutent aux quatre titres originaux. Le style est toujours dans le style emo moderne si distinctif de LFDA.

Voici un petit regard sur les deux nouvelles pièces. La chanson Liés par la Vigne aborde, selon mon interprétation, un amour persistant et entêté, mais destructeur pour les deux partenaires. Les paroles, notamment lorsque Charles chante « Mettre fin à la douleur / Avant que nos désirs nous détruisent », parleraient ici d’une relation où la rupture devient inévitable pour éviter davantage de souffrance, malgré la douleur qu’elle implique. Dans La Faute des Autres, quant à elle, on semble parler d’une personne qui doit, malgré elle, tourner la page après avoir longtemps été aveuglée par sa situation. Les paroles, un peu énigmatiques, laissent place à l’interprétation, ce qui est justement l’un des aspects que j’apprécie le plus dans leur écriture. Si vous ne connaissez pas encore LFDA, je vous encourage vivement à découvrir leur musique.

Les incontournables : Les Crainte Orphelines, La Fautes des Autres et Les Heures Abandonnées

The Dopamines – 80/20

Sept ans après la sortie de leur dernier album Tales of Interest, The Dopamines reviennent en force avec leur nouvel album 80/20. Ce punk énergique me donne envie de courir… malgré le fait que je déteste la course ! Impossible de ne pas sourire à chaque écoute. L’album s’est rapidement imposé comme un incontournable lors de mes séances d’écoute de musique avec ma fille.

80/20 reste fidèle à la formule qui a fait la réputation du groupe, mais dans une version améliorée. Les lignes vocales et les riffs de basse puissants créent une base parfaite pour des paroles souvent sombres et lourdes. L’album est solide d’un bout à l’autre : pas de moments faibles pour moi. Certes, j’ai entendu certains dire que la seconde moitié perd un peu d’intensité, personnellement, j’y trouve mon compte tout au long.

Si vous ne connaissez pas encore The Dopamines, ne passez pas à côté et plongez dans 80/20. Et qui sait… peut-être aurons-nous la chance de les voir au Pouzza Fest 13. Croisons les doigts !

Les incontournables : The Doctor, Teenage-Resistant et Groundhog Day Parade

The Linda Lindas – No Obligations

Si vous cherchez une bonne dose de pop punk/punk rock, vous êtes au bon endroit ! Avec des membres âgés de seulement 14 à 20 ans, ce groupe impressionnant en est déjà à son second album. On perçoit une maturité qui s’installe et une maîtrise de leurs instruments qui ne cesse de croître. Honnêtement, je ne sais pas ce que vous faisiez à leur âge, mais pour ma part, j’étais loin de faire une tournée avec un groupe comme Green Day ou de recevoir les félicitations de Kathleen Hanna ou Tom Morello. Ces jeunes ont déjà eu l’opportunité de jouer en première partie pour des groupes majeurs de la scène punk.

Ils sont maintenant prêts à partir en tournée suivant la sortie du nouvel album No Obligation. Cette tournée les mènera au Théâtre Fairmount le 24 avril 2025. Une date à ne pas manquer pour les amateurs de punk rock, car ces jeunes talents promettent de faire des vagues sur la scène musicale pour encore longtemps.

Les incontournables : No Obligations, Too Many Things et Resolution/Revolution

Touché Amoré – Spiral in a Straight Line

Si vous connaissez Touché Amoré, vous savez que leur musique est empreinte de lourdeur et d’émotion. Jeremy Bolm est un véritable livre ouvert, il partage ses insécurités et sa détresse à travers les paroles des chansons du groupe. Ce nouvel album ne fait pas exception, même s’il n’atteint pas les émotions de Stage Four, dans lequel Jeremy explorait la perte de sa mère emportée par le cancer. Stage Four reste, à mon avis, le meilleur album de la formation.

Cela dit, leur sixième album reste excellent. Il s’avère peut-être le plus accessible pour les nouveaux venus dans l’univers du groupe, tout en restant fidèle à l’esprit qui a séduit les fans de la première heure. Spiral in a Straight Line est une suite logique dans la progression du groupe. Touché Amoré ne réinvente pas la roue, mais affine ce qui fait l’essence du groupe.

Les incontournables : Disasters, Altitude et This Routine

Tiny Moving Parts – Deep in the Blue

Tiny Moving Parts revient avec leur septième album, le deuxième en autoproduction. C’est toujours intéressant de voir des artistes prendre en main la production de leur musique, même si cela complique parfois l’accès à une version physique. En attendant de l’ajouter à ma collection, l’album Deep In the Blue est disponible sur toutes les plateformes de streaming.

C’est un bon album qui m’a fait passer un agréable moment. Cependant, malgré quelques morceaux préférés, aucun ne m’a marqué autant que la chanson Day Drunk sur leur précédent opus qui est un véritable ver d’oreille à chaque écoute. Le son distinctif de Tiny Moving Parts, un mélange de midwest emo et de math rock, est désormais bien ancré depuis quelques albums. Certaines pièces, comme Before I Go, rappellent presque le son d’un nouveau Blink-182. C’est cela qui a mystifié ma copine lorsque j’ai mis l’album dans la voiture. Cela dit, j’aurais aimé être davantage surpris. Même si cet album reste dans la zone de confort du groupe, il est tout de même plaisant, un peu comme retrouver une vieille paire de chaussettes préférées : rien de révolutionnaire, mais toujours agréable.

Les incontournables : Deep in the Blue, Listen to Your Favorite Song et Waterbed P.2

Amyl and the Sniffers – Cartoon Darkness

La formation australienne Amyl and the Sniffers est de retour avec un troisième album, Cartoon Darkness. Les premiers extraits laissaient présager une continuité dans leur son, mais avec le pied légèrement sur le frein. Par exemple, le premier extrait, U Should Not Be Doing That, est plus calme que ce à quoi le groupe nous avait habitués, bien qu’on y retrouve cette distorsion crasseuse caractéristique de leur style.

Le second extrait, Chewing Gum, donne également l’impression d’un Amyl à vitesse réduite, à 0.9, mais pour ma part, j’y trouve mon compte. Puis est venue Big Dream, une balade, avant d’arriver à Jerkin’, mon extrait préféré avant la sortie. Ce titre rappelle le son percutant de Comfort To Me et montre que le groupe n’a pas perdu de son énergie brute. J’apprécie toujours l’irrévérence et l’anticonformisme d’Amyl and the Sniffers, qui oscillent ici entre des morceaux plus posés et des titres intenses comme Jerkin’, It’s Mine et Motorbike Song. J’ai hâte d’entendre ces nouvelles pièces en live. Malheureusement, aucune date à Montréal n’est prévue pour leur prochaine tournée. Espérons qu’il ne faudra pas attendre un festival comme Osheaga pour les voir sur scène.

Les incontournables : Do It Do It, Jerkin‘ et Doing In Me Head

Rédaction : Maxime Isabelle

Correction : Val Girard

Révision : Marie-Eve Landry