
Destroy Boys – Funeral Soundtrack #4 – Critique
Publié le 21 Août 2024 par Maxime Isabelle

Le 9 août dernier, la formation de Sacramento, Destroy Boys, a dévoilé son quatrième album, Funeral Soundtrack #4. La promotion initiale de l’album a donné des sueurs froides aux fans du groupe, leur faisant craindre la fin de la formation. Heureusement, ce n’était qu’un leurre. Les membres du groupe Alexia Roditis (voix et guitare), Violet Mayugba (guitare et voix), Narsai Malik (batterie) et David Orozco (basse) reviennent en force avec ce qui est, selon moi, leur meilleur album à ce jour.
Un album attendu
Même avant sa sortie, cet album s’annonçait déjà comme l’un des favoris de toute la famille ici. Les extraits ont été dévoilés progressivement depuis avril 2023! Je sais que certains n’apprécient pas cette tendance à sortir quatre ou cinq extraits avant la sortie officielle d’un album, et je suis généralement d’accord. Cependant, cela ne m’a pas trop dérangé cette fois-ci. Chaque fois que nous prenions la route, ma fille nous demandait de mettre du Destroy Boys et chantait de tout son cœur, même si elle ne parle pas vraiment anglais. Destroy Boys est devenu son jam préféré pour s’époumoner sous la douche. Son enthousiasme pour cet album est devenu contagieux!
Face A
Le groupe a été formé par Alexia et Violet alors qu’elles n’avaient que 15 ans. Aujourd’hui dans leur mi-vingtaine, les membres de Destroy Boys gagnent en expérience et en maturité à chaque nouvel album. Funeral Soundtrack #4 s’ouvre avec la pièce Bad Guy, qui nous ramène directement à la seconde moitié des années 90 avec une vibe un peu grunge. Une excellente chanson qui parle d’une personne manipulatrice essayant de faire passer l’auteure pour la « méchante » de leur histoire. On enchaîne ensuite avec Plucked, le troisième extrait de l’album sorti en mars dernier. Ce morceau, à la sonorité plus légère, aborde l’impression de se sentir dépouillé de ses repères. Plucked signifie « plumé » ce qui est tout désigné. Sur cette chanson, on dénote un vocal plus mélodieux couplé à de belles harmonies. Une excellente recette pour un bon morceau.
Le groupe poursuit en force avec Beg For The Torture, un morceau aux sonorités lourdes et enragées, qui offre un punk rapide et fâché. Ce feu roulant de 1 minute 25 dégage une pure rage. On nous présente ici une relation malsaine et abusive, si difficile à quitter qu’on en vient à apprivoiser la douleur qu’elle provoque. Ensuite, on reprend notre souffle avec Praying. Bien que cette chanson plus calme adopte une sonorité shoegaze, elle poursuit la thématique de la relation toxique. Le message, clair et poignant, nous rappelle combien il est difficile de sortir de ce type de relation, et combien il est facile d’y replonger, malgré la souffrance qu’elle cause. Cet extrait l’exprime parfaitement : « Wait a second, I have been this place before / I got out once and I’m coming back for more ». Au final, on nous rappelle que ceci n’est pas l’amour.
Destroy Boys nous présente une chanson en espagnol, comme ils l’avaient fait sur l’album précédent avec les chansons Lo Peor et Llevo Conmigo. Il récidive cette fois avec la pièce Amor Divino qui se veut une belle balade évoquant la quête d’un amour divin. Puis, Shadow (I’m Breaking Down), l’une de mes préférées sur l’album, prend le relais. Bien que cet extrait soit sorti il y a plus d’un an, je ne me tanne pas de l’écouter. La composition, les harmonies, la mélodie et les émotions qui s’en dégagent font de cette chanson un petit chef-d’œuvre. On y perçoit parfois des influences new wave. On y traite d’apprivoiser ses démons et de transformer le négatif en quelque chose de positif.
Face B
Shredding Skin vient ensuite et sert d’intermission, marquant le début de la face B sur la version vinyle. C’est une pièce acoustique aux rythmes latins, rappelant la salsa. Les paroles abordent le changement, l’évolution, et la crainte qui peut accompagner ces transformations. On revient ensuite à un style plus lourd avec Should’ve Been Me, un morceau punk hardcore qui allie énergie et chaos en seulement une minute. Le vidéoclip présente une scène d’horreur mettant en vedette la guitariste Violet Mayugba. Je vous recommande de prendre une minute pour le visionner. Le morceau You Don’t Know dégage une forme de nostalgie, avec des influences shoegaze et un soupçon de emo du Midwest. C’est une chanson accrocheuse emplie d’émotions et portée par des rythmes de guitare pop punk.
Funeral Soundtrack #4 se termine en force avec You Hear Yes et Boyfeel. Les frontwomen Kat Moss de Scowl et Marisa « Missy » Dabice de Mannequin Pussy rejoignent Alexia Roditis sur You Hear Yes. Ensemble, elles dénoncent les peurs et les problèmes toujours présents de la violence à l’égard des femmes. Leur colère est palpable, et l’on ne peut qu’applaudir ce coup de pied bien placé. Je ne peux m’empêcher de partager leur indignation. Les paroles « I’m sick of being scared on my walk home » me révoltent, car il est inadmissible qu’aujourd’hui encore, une femme ne puisse se promener seule sans crainte partout où elle le désire.
Boyfeel fut l’un des derniers extraits à paraître avant la sortie de l’album. Ici, Alexia se livre en abordant ses questionnements sur son identité de genre. Cette recherche de réponses est clairement exprimée dans les paroles « Maybe I’m a fag instead of a dyke / Maybe I’m both at the same time », ainsi que les préjugés auxquels on peut être confronté, comme le montre la ligne « Hide your kids, best beware ». Un excellent vidéoclip a aussi accompagné la sortie de Boyfeel.
Conclusion

Il est toujours plaisant de voir grandir les artistes que l’on apprécie. À travers leur discographie, on découvre leurs questionnements, leurs peurs et leurs revendications. Si vous ne connaissiez pas encore Destroy Boys, ne vous privez pas du plaisir de plonger dans leur discographie. Et si vous souhaitez les voir en spectacle, le groupe sera de passage à Montréal le 12 novembre 2024 au Théâtre Fairmount.
4.5/5
Rédaction : Maxime Isabelle
Correction : Valérie Lapierre
Révision : Marie-Eve Landry