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À Sherbrooke, c’est Vomit!

Publié le 03 Avr 2023 par

Depuis plus d’une décennie, Vomit Productions travaille d’arrache-pied pour offrir aux punks de Sherbrooke une scène active et diversifiée. Au point de devenir la référence du coin, les bands de partout savent qui contacter pour faire un arrêt là-bas. Le 25 mars dernier, ils nous invitaient au Bar Le Magog pour profiter de 4 formations toutes aussi agressives les unes que les autres. Cette simple soirée est possible grâce aux efforts continuels et à la collaboration entre les marginaux impliqués à promouvoir la scène locale. Aussi, les tenanciers de taverne sont assez ouverts d’esprit pour leur offrir un espace, et ce, bien avant de s’établir sur la Well en 2018. Le Magog renaît de ses cendres après chaque coup dur et je lève mon verre aux gens de Sherbrooke qui ont cette salle à cœur.

Il fallait arriver tôt pour profiter de la bière aux couleurs de Vomit Productions. Celle-ci souligne les 15 ans de la boîte et elle s’est écoulée rapidement. Une NEIPA brassée par la Microbrasserie Hop Station de Coaticook qu’on pouvait siroter pendant le soundcheck de Défaillance. Les gars ont pris le temps de demander un ajustement assez majeur au technicien qui a fait toute la différence sur le mix final dans la salle qui se remplissait tranquillement. En attendant le début du show, je me suis imprégné des sculptures, des peintures, des statues et d’autres formes d’art qui donnent cet air lugubre et mystérieux à cet endroit qui se métamorphose continuellement. Punx Make Noise était sur place, bien installé pour capter les performances. Ne manquez pas la première prestation de la soirée qui sortira sur leur chaine Youtube le 12 avril 2023.

Défaillance

Défaillance est monté sur scène pour briser la glace. Ils ont choisi l’intro de l’album Sans Contrôle pour le faire, c’est-à-dire la pièce Défaillance Système. Enregistré au Studio 1222 par le polyvalent et talentueux Kev Lizotte, l’album relève la barre au niveau de la qualité sonore pour eux selon moi. Des guitares larges de gauche à droite et pesantes comme c’est rare d’en entendre dans le monde underground. On peut percevoir l’influence de Groovy Aarvark et Anonymus pleinement. Le groupe a joué plusieurs chansons de ce LP qui est enfin disponible en version vinyle depuis peu pour les puristes. Ils nous ont infligé leur punk brutal sans se soucier qu’il reste des survivants, de 1 Beu 3 Punks en passant par Rien à foutre. La crowd a répliqué de quelques petits moshpits ici et là qui n’arrivaient pas à la cheville de la brutalité sur scène. Le son était correct, la basse, la batterie et les vocaux étaient percutants, mais la guitare semblait trop saturée par la ré-amplification dans la salle et perdait sa clarté. Le band nous a aussi offert une nouvelle composition inspirée par notre système de santé que vous pouvez aller entendre dans l’édition du 4 mars du The Beer Punk Show.

BALM Squad

BALM Squad est venu continuer le massacre. Le band a débuté de façon intense et énergique. Il en était à sa deuxième présence dans la province après avoir performé au Traxide en février dernier.

Le EP Point Of No Return paru sur Pils Records à la fin 2022 est un bijou. Des guitares agressantes qui font grimacer de par leurs hautes fréquences qui laissent la place à la basse pour faire son travail. Cette dernière sonnait particulièrement bien ce soir. On pouvait entendre les lignes de basse clairement. Par contre, je n’arrivais même pas à déceler ce que le chanteur nous racontait entre les morceaux, encore moins à apprécier les chansons que j’attendais impatiemment de réentendre live. Le groupe a tout donné et la crowd était plus réceptive et a renchéri de moshpits plus puissants et plus nombreux que lors du premier groupe.

The Ruffianz

Je suis gêné de dire que je ne connaissais pas le prochain band plus profondément que de les avoir vus en show quelques fois au fil du temps. Après 20 ans de carrière, The Ruffianz n’ont par contre pas besoin de présentation pour la plupart d’entre nous. Ils en étaient à leur premier concert d’une série de 4 qui se terminera à Montréal le 19 mai prochain, après s’être arrêté au Connecticut et au Massachusetts. On sentait la fébrilité des gars avant de monter sur scène. Dès les premières notes, je suis ravi d’entendre des guitares qui chugs et restent claires dans le mix cette fois-ci. The Ruffianz ne sortent pas souvent, mais quand ils sortent, ils se donnent et ils sont prêts.

La foule n’était pas nombreuse, mais plusieurs chantaient par-dessus les hymnes puissants et accrocheurs. Le frontman ne pourrait faire un meilleur travail pour vendre le groupe sur les planches. Il a pris le temps de remercier Le Bad Crew d’être sur place et nous n’aurions voulu être nul part d’autre ailleurs que devant cette scène à apprécier l’expérience et la chimie qui s’y dégageait. Le batteur jouait de la ride comme s’il voulait la tuer et ajoutait même un troisième backvocal en même temps. La voix du chanteur est déjà particulièrement perçante, avec trois backvocals qui l’épaulent, on s’assure de faire entendre le message unilatéralement. La crowd a fait de son mieux pour faire savoir son appréciation malgré son petit nombre, mais l’énergie sur scène prédominait. The Ruffianz habite et s’approprie le stage comme tous les groupes devraient le faire. À moi maintenant de faire mes devoirs et de plonger dans leur discographie.

Vulgar Deli

Je n’avais pas encore vu Vulgar Deli depuis que Tabarnakis est en béquille. Il prend bien le temps de s’installer sur son tabouret devant la scène, au niveau du peuple. C’est maintenant une cérémonie de le voir attacher son micro sur sa béquille, qu’il tendra à la foule pour chanter pendant le show. Un problème avec l’ampli de basse n’a pris que deux minutes à régler grâce à l’aide de Elpunkos de Défaillance. La première chanson fait du bien, la voix de Tabarnakis pourrait faire éclater nos bières. Entre deux pièces, il nous rappelle son secret pour être si beau à 64 ans : dormir toute la journée et se droguer. Parce que si vous n’aviez pas encore compris par le nom, Vulgar Deli n’est pas ici pour gagner de prix Nobel, mais bien pour nous marteler dans l’esprit que nous ne sommes que de vulgaires animaux. La chanson Meat qu’ils ont performé au milieu du set en est l’exemple parfait. La masculinité toxique caricaturale des propos dans les morceaux comme Salt Lick où les insultes à profusion peuvent en blesser plusieurs. Vulgar Deli fait mal de partout. La guitare déchire les tympans, le tone de la basse ramasse à l’estomac, la batterie coupe les jambes et Tabarnakis fait arrêter le cœur. Ce dernier avait un regard rempli de bonheur à chaque fois qu’il était arrosé d’alcool par la foule. Se faire arroser d’alcool par lui est comme une communion, il baptise sa crowd et semble fier de voir les gens lui rendre la pareille année après année. Je dois avouer que j’ai hâte de me faire communier à chaque fois. Le band a fait ses devoirs en pratique avec leur nouveau batteur. Ils sont arrivés réglés comme une horloge avec des pièces de plusieurs albums pour être sûrs d’offusquer le plus de gens que possible. Les Vulgar Deli célébraient leurs 25 ans ce soir et j’espère qu’ils tenteront de nous offenser encore longtemps.

Collaborateur: Pat Frost

Correctrice: Claudia Bo

Révision: Marie-Eve Landry