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Entrevue avec Guillaume Chamberland (Milanku / Le Kraken)

Publié le 11 Avr 2023 par

Milanku a fait sa trace au fil des années dans la scène underground québecoise. Ce band propose un genre musical très niché, alliant le post-rock traditionnel à un hardcore lourd et intense, tout en s’aventurant vers certains éléments du screamo des années 90. Le groupe a plusieurs tournées à son actif, et une réputation bien établie à l’international. Voici donc, une entrevue réalisée avec Guillaume Chamberland aka CHAMBER, chanteur et bassiste des groupes Milanku et Le Kraken.

Milanku roule sa bosse depuis un bon bout, avec 5 albums et 1 démo à son actif. Peux-tu me parler un peu des débuts du band et où ça se situait en rapport avec Le Kraken à l’époque?

En janvier 2006, Carl Ruest et Jean-Rémi Carbonneau, deux amis natifs de la ville de Québec, décident de se partir un nouveau groupe ensemble. D’abord, ils ont mis une annonce sur subquebec.com et quebecpunkscene.net, afin de trouver un drummer et un bassiste. Guillaume Boudreau Monty (ex Issue Sixteen) et moi avons répondu positivement aux annonces. Les influences de départ citées dans l’annonce allaient à des groupes punks comme Leatherface, en passant par le post-rock de Mogwai. À cette époque, j’avais envie de jouer de la basse dans un groupe punk mélodique à la Selfmademan.

Au départ, il n’était pas question que je chante. Cependant, après un spectacle de mon ancien groupe Hizer (j’étais chanteur), Jean-Rémi m’a convaincu de chanter dans Milanku. Après 4 compos, 2 shows et 9 mois d’existence, Jean-Rémi a quitté le groupe pour laisser la place à Hubert Taschereau. Dès l’arrivée d’Hubert, Milanku a pris une direction un peu plus post-rock/screamo.

Le Kraken s’est formé un peu plus tard au cours de l’année 2006. Mon désir de jouer dans un band heavy à la Tragedy/Old man gloom n’avait pas été complètement réalisé avec Hizer. Dans ce temps-là, c’était le style de musique que j’appréciais le plus. Le Kraken a toujours été un band avec une optique très lourde et plus « droit au but » que Milanku. De plus, il y avait un côté crust qu’on voulait explorer avec Le Kraken, sans tomber dans le D-beat. Certains diront que les deux formations se ressemblaient beaucoup, mais l’approche des chansons des deux groupes était très différente selon moi.

Pourquoi le K était majuscule au début ? MilanKu ? L’orthographe semble avoir changé au fil des années.

Honnêtement, je pense que c’était quelqu’un sur le web qui avait repartagé un album ou une chanson avec cet orthographe-là. De mémoire, on n’a rien sorti avec le MilanKu écrit comme ça.

Tu écoutais quoi comme band au début de Milanku ? À quel point ça t’a influencé ?

J’ai toujours écouté n’importe quel genre de musique. Par contre, dans les débuts de Milanku, j’écoutais beaucoup de heavy/défonce/post-rock. Si je peux nommer quelques noms, en voici une liste : Raein, La Quiete, Giant, Breach, His Hero is Gone, Buried Inside, Cursed, Cave in, Cult of luna, Turbostaat, Cobra Noir, Mogwai, Red Sparowes, Envy, Coldplay (oui oui), Leatherface, Nada Surf, Hot Water Music, Torche, Aussitôt Mort, Coffin Dancer, GY!BE, Gantz, etc..

Les gars de Milanku écoutent n’importe quoi : du hip hop, de l’électro, du folk, du punk, de la pop, du reggae, du funk, etc. D’ailleurs, si j’avais à nommer les trois groupes desquels on s’est inspiré, ce serait Leatherface, Mogwai et Envy.  On a grandi avec la scène punk et les shows locaux, et c’est resté dans notre ADN. En quelque sorte, l’inspiration vient de l’amour qu’on a pour la scène locale même si on ne sort plus souvent. 

Qu’écoutes-tu ces dernières années ?

Dans les dernières années, j’ai écouté des trucs beaucoup plus mollo. J’ai eu une grosse passe sur The War on Drugs, que j’ai écouté longtemps. Je suis pas mal moins à jour concernant les nouvelles sorties. Aussi, quelques noms en guise d’exemple : Eman, Emma Ruth Rundle, Jayle Jaye, Corridor, Uncle Acid and the Deadbeats, Spite House, Six Organs of Admittance, Alvvays, Kaytranada, Bon Enfant, C H R I S T, Jawbreaker, etc.

Peux-tu me parler du processus d’enregistrement du nouvel album ? Vous avez fait affaire avec qui, comment ça s’est passé ?

L’album a été enregistré au Pantoum (avril 2022) et au Treatman Room (juin 2022) par Guillaume Chiasson. C’est le deuxième album qu’on réalise avec lui; c’est vraiment facile et agréable de travailler avec Guilllaume.  Il a fait le mix, et Marc-Olivier Germain s’est occupé du mastering (Le Lab). La voix d’Erika Angel a été enregistrée au studio d’Indica Records (juillet 2022).

« À l’aube » est un album sur lequel on avait commencé à travailler en 2019, qu’on a finalement terminé tout juste avant de rentrer en studio. Je crois que le fait d’avoir pris tout ce temps pour monter l’album a eu un effet bénéfique sur le résultat final.

« Pris à la gorge » semble être une pièce relativement prisée des collectionneurs de vinyles, plutôt rares surtout. L’album est plus pesant que ce que vous avez fait par la suite, plus près de Le Kraken selon moi. Qu’est-ce que tu penses de cet album, avec le recul ?

C’est le dernier album qu’on a fait avec Hubert Taschereau. Je pense aussi que c’est le plus aimé des fans de Milanku. La chanson « Hypomanie » figure d’ailleurs parmi les plus écoutées et les plus populaires de notre répertoire.  Avec du recul, je crois que c’était la suite logique de « Convalescence« .

Vous avez fait des shows pas mal depuis le temps, en Europe et même à Villebois ! (ou était-ce Beaucanton ?) Qu’est-ce qui s’en vient pour Milanku à ce niveau; prévoyez-vous retourner sur le vieux continent?

Une tournée en sol européen est envisagée à l’automne 2023, mais il n’y a rien de confirmé pour l’instant. Quelques spectacles au Québec pour promouvoir le nouvel album « À l’aube« .

J’entends souvent parler d’un fameux show dans une maison à Malartic où, paraît-il, le ventilateur de plafond aurait rendu l’âme pendant votre set. Peux-tu me raconter cette histoire ?

C’était une fin de semaine de shows avec Kimika, organisée par Mathieu Drolet Duguay (POP) en Abitibi/Baie James. Le dernier spectacle était dans un appartement à Malartic. Julien Paradis de TDOAFS était notre drummer pour la fin de semaine. Pour ce qui est de l’histoire du ventilateur, honnêtement je ne m’en rappelle pas vraiment. Je crois que je l’avais accroché avec ma basse ou quelque chose du genre, et il avait arrêté de fonctionner pendant le set.

J’ai découvert Milanku à l’époque où je creusais pas mal au niveau du post-black, des bands comme Liàm, Lantlos… Vous étiez sur une compilation d’un label japonais. J’avais reçu ça avec une commande, c’était sur Tokyo Jupiter, un CD dans une boîte pour les DVD’s. Je me souviens avoir été vraiment surpris de voir un band avec un titre de chanson en français là-dessus. Peux-tu me parler de cette compilation ? Comment c’est arrivé ?

Kimi (la personne derrière TJR), nous a contactés pour nous proposer de sortir « Convalescence » au Japon. À la suite de cette demande, Tokyo Jupiter Records a sorti nos albums en version japonaise, de la démo jusqu’à « De Fragments ». Les versions japonaises ont des artworks différents de ceux édités ici. Naturellement, Milanku se retrouvait sur les compilations de TJR à l’époque; les groupes listés étaient ceux qu’il produisait ou avec qui il s’était lié d’amitié.  C’est justement Kimi qui est derrière toute l’organisation de notre tournée japonaise en octobre 2013.

C’est plutôt rare du post-hardcore en français. C’est important pour toi, que Milanku soit un band francophone ?

Oui, clairement. Au début, ça s’est fait naturellement. Après quelque temps, j’ai pris conscience que ce n’était pas logique de le faire en anglais, dans une langue que je ne maîtrise pas à 100%. Il y a tellement de possibilités avec la langue de Molière, mais beaucoup de groupes d’ici ne sont pas à l’aise de chanter en français. Pour moi, c’était plus facile de faire ainsi. L’important dans tout ça, peu importe la langue, c’est le message véhiculé.

Que nous proposera Milanku dans le futur ? On peut s’attendre à quoi ?

Aucune idée haha; on y va une année à la fois. En vieillissant, nos vies font en sorte que c’est beaucoup plus d’organisation pour jammer et faire des spectacles. Peut-être un retour en Europe, un ou plusieurs albums, seul l’avenir nous le dira.

Est-ce qu’il y a une suite prévue à Le Kraken ?

Je ne crois pas. Ça fait déjà quelques mois que le groupe est sur la glace. Le manque de temps et de motivation en est pour beaucoup. Peut-être qu’une dernière série de spectacles verra le jour à l’automne mais il n’y a rien de confirmé.

Vous avez lancé votre nouvel album au Ausgang Plaza le 31 mars dernier avec Houses of Worship. Comment ça s’est passé ?

Le lancement s’est très bien déroulé. C’était au Ausgang Plaza où la grandeur du plafond était favorable aux projections. Houses of worship ont ouvert la soirée avec un set solide et sans faille. Nous avons joué l’album « À l’aube » en entier, ainsi que les chansons « Densité du réel », « Sournoisement » et « Hypomanie » en rappel. Nous avons eu la chance d’avoir Erika Angel pour interpréter « À l’aube »; nous sommes disparus.

Enfin, nous sommes très privilégiés que le public ait été au rendez-vous et sommes très heureux de l’évènement. Un grand merci à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la réussite de la soirée.

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Rédaction: Maxime Gagné

Correction : Julie Fortin

Révision : Marie-Eve Landry