Self Control éclate le Traxide!
Publié le 30 Mai 2023 par Frosty Pat
Sortir après le boulot n’est jamais le premier choix pour un ouvrier qui approche la quarantaine. Par contre, Bobette Production qui annonce Self Control et The Ruffianz me motive à enlever mes caps d’acier et à sauter dans mon battle vest. En plus, HIGH Anxiety et Enfants Sauvages complétaient cette programmation parfaite qui se déroulait le vendredi 19 mai au Traxide.
C’était ma première occasion de l’année de prendre une p’tite frette dehors avant de rentrer. Le Sud-ouest est ancré loin dans mon identité. Je suis chez moi, dans mon quartier, sur le point de voir Self Control. Les graffitis, les usines et les chemins de fer donnent l’environnement idéal pour y planquer la meilleure salle de spectacle en ville. Et les fidèles étaient au rendez-vous, la salle était remplie dès le départ.
HIGH Anxiety
HIGH Anxiety prend le contrôle de la scène. Le trio est arrivé avec un setup minimaliste mais impressionnant. Une voix, une guitare, une batterie, c’est tout. Dès les premières notes, la crowd commence à s’agiter. Je remarque vite que le groupe crust sait jouer dans les nuances en offrant des breakdowns lents et lourds. Ces moments plus écrasants ressemblent à du métal des années 70, la batterie groove à la John Bohnam et la guitare sort des riffs à la Sabbath de ses deux full-stacks en stéréo. Les screams vocaux en duo résonnent mur à mur avec la quantité hallucinante d’écho sur les voix.
Le groupe nous démontre des côtés plus techniques avec du double bass drum bien placé, des bouts saccadés hors tempo et des pick slide à l’infini. Il nous joue plusieurs chansons ultra violentes qui ne durent pas plus de 10 secondes et qui gardent la foule aux aguets. Le band de Stone Mills en Ontario a rempli son mandat en réchauffant un mosh pit énergique et repart sûrement avec quelques nouveaux adeptes.
Enfants Sauvages
Le deuxième acte s’installe au Traxide alors qu’on change de direction côté instrument. Enfants Sauvages préfère nous assommer avec deux basses et garder sa guitare plus vintage. Rox, la chanteuse, entre dans la salle et prend le temps de balayer du regard l’espace au complet pour s’imprégner de la vibe. Elle se met à genoux sur le stage, les bras dans les airs comme si elle était en transe. Elle laisse ainsi passer le temps pendant que les amplis feedback à mort.
Les premiers accords sont donnés et Rox sort sa tambourine. La fosse est déjà en feu. L’émotion des membres sur scène et la pesanteur des riffs me donnent envie de pleurer. La frontwoman donne un show à tout le monde, elle performe de gauche à droite, n’oubliant pas les gens derrière la scène. Les deux basses se complètent à la perfection : une semble plus propre et l’autre plus grasse.
Enfants Sauvages profitait de l’occasion pour lancer son album intitulé Arythmie, enregistré sur bobines, sans artifice, comme dans le bon vieux temps. Leur EP a d’ailleurs fait l’objet d’un article (disponible en cliquant ici) fait par ma collègue Claudia.
Le band nous a offert plusieurs chansons bien rodées de ce EP, dont Jesuce Flexion, Hoche Lag et Michel Poulin. L’ambiance était hors du commun. Des corps tombaient de la mezzanine pendant que Rox utilisait la foule pour appuyer ses jambes du haut du stage en portant sa tambourine comme une couronne. Puis le show s’est arrêté brusquement, les artistes ayant utilisé leur temps au maximum, jusqu’à la toute fin. Une performance marquante.
The Ruffianz
Le groupe suivant faisait son retour au Québec après deux concerts de l’autre côté de la frontière américaine. Ils nous ont promis un album en 2023 et nous pouvons profiter de leur premier single Faster and Stronger offert sur Bandcamp depuis peu. Cette chanson est arrivée tôt dans le setlist et plusieurs connaissaient déjà les paroles. J’ai cru remarquer le bassiste s’accorder tout en continuant de jouer comme une légende.
Décidément, le Traxide est en forme et l’énergie dans le mosh pit est intense. Malheureusement, la guitare rythmique domine les solos qui deviennent impossibles à discerner. Mais la voix du batteur dans Like Herpes est remplie de rogne et nous chantons tous à pleins poumons notre envie de détruire le system avec lui. Nous avons été gâtés d’une deuxième nouvelle chanson nommée We’re All Angry Kids. Cette toune est rapide, technique et tellement violente. Elle prend pleinement avantage de la voix agressive, rauque et stridente du chanteur. Le groupe a tout donné et a conclu de très belle façon son quatrième show de l’année. Ils seront au Foufounes Électriques le 21 octobre en ouverture du légendaire band streetpunk Anti-Heroes.
Self Control
Le dernier band de la soirée a pris un moment à s’installer. Les gars ont de l’expérience, ils s’assurent d’être bien confortables et d’avoir le son désiré pour le massacre qui se préparait. Pendant ce temps, ils interagissent avec la crowd, rigolent sur leur âge et demandent des marchettes! Je connais par cœur l’album Still… Can’t Bring Us Down. Je l’avais attrapé au vol dans une salle miteuse au début des années 2000. Je m’installe donc, pour la première fois de ma vie, au balcon pour ne rien manquer.
Le chaos débute soudainement. La légère saturation dans la basse est parfaite et donne un beau grondement. Les deux guitares sont équilibrées et font des jeux d’octaves emballants. La brutalité de la fosse est sans précédent. Self Control a choisi son setlist à la perfection en le séparant en deux parties. Je connaissais moins la première moitié, mais je connaissais la deuxième par cœur. Ça semblait être le contraire pour la foule.
Le chanteur participe au mosh pit à 100 % pendant que la foule gère son câble de micro. Il essaie de tirer les gens par les pieds en bas de la mezzanine vers le carnage qui couvrait la superficie totale du Traxide. Il y a eu toutes sortes de mésaventures techniques, mais rien n’a paru : un support de micro en équilibre sur l’épaule, des toms et des cymbales qui se déplacent ou le chanteur qui relève quelqu’un par terre sans aucune interruption. C’est hardcore, c’est punk, c’est rempli de convictions et de valeurs. Le groupe a laissé la place sens dessous dessus. Self Control a fermé cette soirée, déjà spectaculaire, de façon impeccable et a annoncé un retour au Traxide avec les mythiques Ripcordz le 29 septembre prochain.
Rédaction : Frosty Pat
Correction : Céline Montminy
Révision : Marie-Eve Landry