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Keith Fucking Kouna

Publié le 29 Mai 2024 par

Enfin, le fruit de mon dur labeur de rédacteur porte enfin ses fruits : guest list au show de Keith fucking Kouna! Bon, il ne répond pas aux demandes d’entrevue, vous me direz. On m’a fourni pas un, mais bien deux billets complètement gratos! Croyant à une erreur administrative, le secret a été gardé précieusement. Si Le Bad Crew fait faillite, au moins, j’aurai eu du bon temps. Où vais-je pouvoir dilapider tout cet argent-là? Dommage que l’inflation ait pointé le bout de son nez et déprécié mon pouvoir d’achat. Est-ce à cause du retour fulgurant du capitalisme sauvage, de la guerre en Ukraine, de la demande toujours croissante de la production qui peine à répondre à la demande d’endoctriné.e.s à la surconsommation? C’est Keith fucking Kouna, la joie me crée des œillères, aujourd’hui.

J’étais tellement heureux de mes billets gratuits, j’ai à peine remarqué l’itinérance, qui a doublé depuis 2018. Si seulement le philanthrocapitalisme – Centraide, par exemple – normalisé depuis l’austérité Couillard de 2016 pouvait nous sauver, au lieu de limiter l’action politique des organismes qu’elle finance, par le biais de l’ingérence, comme le ferait un commanditaire. Mais hey, c’est jour de fête. Ce soir, Keith fucking Kouna!

Marie Céleste

Marie Céleste donne le coup d’envoi. Ça cadre dans le renouveau de la pop queb, comme Valence, Chassepareil et compagnie. On n’a pas vu d’aussi beaux cheveux de prince, depuis Charlebois. Un savant mélange de pop, folk et rock. Le jeune groupe du SagLac en voulait, et la foule le lui a bien rendu. La salle est bien réchauffée, elle attend Kouna de pied ferme. 

Kouna prend la scène avec un long poème engagé, que seul lui est capable d’enchaîner aussi habilement. Keith Kouna, c’est un peu le Richard Desjardins du black bloc. Parmi les musiciens sur scène avec Kouna, il y a au clavier et au drum, le duo Ping Pong Go

Ping Pong Go

Ping Pong Go, pour les néophytes, est un groupe instrumental né de la pandémie. Ce groupe a un style bien à lui qui marie jazz, électro, pop avec une saveur rétro. Il est connu pour avoir accompagné plusieurs groupes d’ici, tels : Hubert Lenoir, Lou-Adriane Cassidy, Keith Kouna, Tire le Coyote, Ariane Roy, Gabrielle Shonk, Emilie Clepper et plusieurs autres, peut-on lire sur son site Internet. Le claviériste a aussi joué à quelques reprises pour les mythiques Goules.

Kouna

Kouna, quant à lui, se passe de présentation. Suite à son long poème, il prend la parole dans un microphone et pose la métaphore entre spectacle et vol d’avion. La première moitié du spectacle avait un rythme quelque peu décousu. La seconde, par exemple, ne pouvait pas laisser indifférente. Il a repris plusieurs de ces hits, mais plus énergique encore. Cette seconde moitié a été marquée par La joyeuse – il y a une version de La joyeuse avec QRBP, qui n’a jamais rêvé de voir une collab de ces deux groupes-là? https://www.youtube.com/watch?v=Dpd-F_X-IYI&ab_channel=LeFestif%21deBaie-Saint-Paul. Cette chanson a été suivie d’un titre de son nouvel album ; un titre qui touche le cynisme consensuel en chacun de nous. La défaite parfaite pour ventiler en rejetant la culpabilité sur autrui, sans introspection : Les gens

La deuxième moitié du spectacle se termine sur l’annonce d’une ballade et Kouna enchaîne du même souffle : Mon père est pays, Ma mère est patrie, Mon père est drapeau, Ma mère est chaos, Mon père est profit, Ma mère est crédit”. Entendre une foule crier :

“ J’ai tous mes papiers. J’suis fils d’enculés. Tu peux vérifier. Tu sers le pouvoir ! Tu dois le savoir !”

Il y a de quoi donner des frissons.

Le spectacle terminé, la joie d’un vol de billet qualifié descendit d’un cran. Sans doute que l’art, et plus particulièrement le punk, a cette fonction pratique pour un système capitaliste de pouvoir concentrer nos frustrations autour d’un spectacle et vidanger les émotions associées à l’absurdité de l’existence. Bien sûr que Keith Kouna a lancé des flèches vers plusieurs problèmes sociétaux. Son œuvre en déborde. Sur le chemin du retour, il manquait quelque chose : l’indignation. Où est l’indignation? À quel moment, a-t-elle été remplacée par l’indifférence? Pourquoi n’exigeons-nous pas plus des politiques? Bien que les réponses ne se trouvent pas dans une chanson, c’est une réflexion que nous devrions porter tous les jours.

Rédaction : Charles Loco

Correction : Lux Mundi

Révision : Marie-Eve Landry