
Spectacle-bénéfice de Spectre de rue
Publié le 29 Juil 2024 par Charles Loco
Juillet, enfin les vacances ! Légèreté et allégresse au menu. Mille six cents familles se retrouvent sans logement depuis le 1er juillet. Pour échapper à vos problèmes du quotidien, vous voulez vous évader en camping urbain ? Dommage pour vous, les campements de Montréal sont démantelés successivement, sous la répression violente du SPVM. D’ailleurs, qu’ils soient : politique, militant, en appui ou essentiel, ils ont tous été démantelés avec la complicité de l’opposition officielle de la Ville de Montréal, le ministre de la Sécurité publique de la CAQ et l’administration Plante. Ainsi, pendant que le Québec déchire sa chemise sur la question des campements, Poilièvre promet de fermer le site d’injection supervisée du quartier de St-Henri, s’il est élu, et ce, en pleine crise des opioïdes, qui rappelons-le, ont fait 44 000 morts depuis 2016. Spectre de rue, un organisme communautaire qui travaille à prévenir et réduire la propagation des ITSS, du VIH et du VHC, dans une perspective de réduction des méfaits, depuis 1986, ont organisé un spectacle-bénéfice, le 12 juillet dernier, afin d’amasser des fonds pour leur campagne de financement. Enfin, quelque chose qui soulage la chaleur accablante, de cette crise.
https://www.canadahelps.org/fr/organismesdebienfaisance/spectre-de-rue-inc/

Liminal

C’est au chic Turbo Haüs, sous une écrasante canicule, que se donnait le spectacle-bénéfice. C’est Liminal qui a ouvert le bal. Ils ont un son bien à eux, qui marie : post-hardcore, screamo et alternatif. Ce tout installe une atmosphère et une ambiance particulière et énergique. Sur scène, ça parait qu’il y a de l’expérience. Le guitariste est bien connu de la scène, puisqu’il a enregistré bon nombre de groupes au Studio Pavillon Noir. Il a entre autres enregistré l’excellent EP de Nothing Left. On a pu apercevoir la bassiste et le drummer dans Shards. Liminal se trouve dans la suite logique de ce dernier. Un son plus abouti et maîtrisé. Le chanteur a une aisance décomplexée sur scène. Courez les voir dès que vous en aurez la chance. Vous serez ravis, tout comme la foule l’a été, elle aussi.

Jail

Jail a suivi avec leur hardcore-punk montréalais. Prenez les groupes Blitz et Black-Flag, brassez un peu et vous obtenez Jail ! Les membres du groupe sont des piliers du Street-Punk et du Oï! à Montréal. Le chanteur est actif dans la scène depuis près de 20 ans, avec les groupes Apostoloi et Jail. Le batteur a notamment été membre du groupe Oï! Shotcallers. Le guitariste, quant à lui, a été membre de the resistance. Bref, ils ont de l’expérience et de l’énergie à revendre. Surtout le jeune bassiste, Sébastien – si vous le croisez, criez-lui : yo le jeune ! Jail est l’un des rares groupes que chaque fois qu’on les voit, ils sont meilleurs que la précédente. De plus, ils ont sorti un EP, en avril dernier intitulé Broken Glass. Allez-y jetez un coup d’œil, ça vaut le détour !

Béton Armé

Le clou de la soirée était bien évidemment, nul autre que l’enfant prodige de la scène underground montréalaise : Béton Armé. Si vous n’avez jamais entendu ou même vu Béton Armé en spectacle, ne dormez pas là-dessus, courez les voir ! Ils sont de la nouvelle vague Oi! montréalaise. Les chansons sont accrocheuses et restent dans la tête. Il y a des chœurs chantant à tout vent. Et que dire de l’impressionnante prestance de Dan Prestone, le chanteur émérite du groupe ! Vous ne pouvez pas rester insensible à leur charme et leur musique. En plus de leurs nombreuses tournées, ils feront la première partie de NOFX, le 24 août prochain.

C’est dans une chaleur suffocante que le spectacle prit fin. Vous vous demandez peut-être pourquoi Spectre de rue organise une campagne de financement ? Voyez-vous, les 30 dernières années sont marquées au fer rouge par des politiques néolibérales. Les différents gouvernements qui se sont succédé n’ont cessé de définancer et sabrer le budget des organismes communautaires et plus largement du filet social. Ainsi, les différents organismes communautaires doivent pallier à cet abandon politique. La campagne de financement est l’une de ses alternatives. L’autre, c’est le philanthrocapitalisme. Donner directement aux organismes communautaires permet de réduire la fenêtre de contrôle qu’ont les différents bailleurs de fonds sur ces organismes. Ces donateurs réduisent la liberté d’action politique des organismes qu’ils financent, un peu à la manière d’un commanditaire. Ces entreprises philanthropiques injectent une idéologie managériale, sous le couvert des « redditions de compte ». Bref, donnez directement aux organismes, et à bas le philanthrocapitalisme ! Vous n’avez pas d’argent, mais vous voulez aider ? Faites du bénévolat. Ça fait une différence pour les organismes communautaires.
https://www.canadahelps.org/fr/organismesdebienfaisance/spectre-de-rue-inc/
PS : Merci à Bonjour_Chamaille pour les photos !
Rédacteur : Charles Loco
Correction : Val Girard
Révision : Marie-Eve Landry