Home Scène Canadienne The Nils, ce fleuve qui perdure après plus de 45 ans de présence sur la scène punk.

The Nils, ce fleuve qui perdure après plus de 45 ans de présence sur la scène punk.

Publié le 24 Avr 2023 par

The Nils est un groupe formé en 1978 à Montréal par les frères Soria, soit Alex et Carlos alors qu’ils n’avaient pas encore 13 ans. À l’époque, les deux frangins avaient réussi à mettre la main sur une cassette des Sex Pistols et sur le single New Rose de The Damned ce qui les avaient poussés à former un groupe de punk sur le champ. En 1982, ils sortent une démo intitulée Now qui leur apporte une certaine notoriété sur la scène canadienne. Ce succès permet aux Nils de faire la première partie du groupe légendaire Ramones et X au Spectrum à Montréal en 1983. Il semblait alors que le ciel était leur seule limite seulement, voilà… il y avait un os dans la soupe.

Le groupe fait parler de lui jusqu’à Los Angeles et BYO Records leur offre de participer à une compilation pour tester le groupe. Ils utilisent la pièce Call of the Wild pour la compilation Primitive Air Raid qui regroupe des formations de la scène Montréalaise des années 80.

Cette compilation les amène à sortir deux EP, soit Sell Out Young! et Paisley sur la maison de disque Siegfried Records. Les critiques sont unanimes : le son de The Nils est unique et offre quelque chose de nouveau sur la scène punk de l’époque.

Malheureusement, le groupe va jouer de malchance en signant un contrat de disque qui s’avèrera douteux et qui leur coûtera leur carrière en 1987. En effet, le groupe réussit à décrocher un contrat pour sept albums et deux options d’albums, mais seulement un seul album va voir le jour sur Rock Hotel Records, une division de la maison de disque hip-hop Profil Records. Tout est en place pour sortir le premier album et conquérir le monde, seulement le label ne supporte pas le groupe et l’album n’atteint pas sa cible. Le tout est vraiment choquant car les critiques sont bonnes et des groupes cultes comme Hüsker Dü vont citer The Nils et leur album comme étant une de leur influence majeure.

L’album éponyme avait tout pour réussir et avait été enregistré à New-York avec le réalisateur Chris Spedding, qui a notamment travaillé avec Sex Pistols. Le son de cet album est unique et offre quelque chose de différent, un angle inexploré par la musique punk de l’époque. La culture de Montréal ressort avec force et montre que notre scène locale a toujours été originale. L’album est devenu un album culte et il a été cité par le magazine Rolling Stone comme étant dans les meilleurs albums punk de l’histoire. Il y a de quoi être fier ! Les Doughboys ont d’ailleurs déclaré que les Nils comptaient parmi les grands groupes punks de leur époque. Leur maison de disque s’est bien foutue de leur gueule et ce malgré le succès qu’ils avaient. Ils ont saboté le groupe pour des raisons obscures.

Rock Hotel Records va finir par faire faillite laissant le groupe dans des problèmes financiers insurmontables. De plus, une tournée a été annulée. Ils n’ont pas pu sortir d’album ni même faire de tournée sous le nom The Nils, le temps de la fin de leur contrat. Le groupe tombe en hiatus, une forme de coma dans le monde de la musique.

Le groupe va se reformer en 1992 étant donné que leur contrat tombe à échéance. Cependant, rien de solide ne va sortir de cette reformation et le groupe retombe en léthargie dès 1994. Une compilation du groupe va tout de même voir le jour durant cette période.

Pendant dix ans, The Nils resteront dans l’ombre sans se douter que la tragédie allait cogner de nouveau à leur porte. En 2003, Alex reforme le groupe avec Carlos, tous deux déterminés à amener le groupe là où il devait être depuis le début, soit au sommet. Cependant, les problèmes de dépression d’Alex vont prendre le dessus et il va s’enlever la vie en 2004 sur une voie ferrée, près de chez lui.

C’est triste, car Alex Soria était un compositeur unique dans son genre et il offrait quelque chose de profond, de peu commun dans la scène punk. Il nous manque beaucoup et on se doit de partager sa musique à tout prix car c’est la base de notre histoire punk locale.

Carlos Soria, déterminé à ce que personne n’oublie son frère et aussi à redorer le blason qui lui revient, reforme le groupe en 2010. Comme il n’est pas un chanteur de base, il a dû travailler très fort pour prendre les rênes du groupe.

En 2015, le groupe sort leur premier album en vingt-cinq ans, il est intitulé Shadows and Ghosts. Un excellent album qui est bien balancé entre le vieux son de The Nils et leur son actuel. L’arrivée de nouveaux membres dans le groupe leur donne un second souffle tout en gardant l’âme de la formation d’origine. L’album a été très bien reçu par les critiques qui n’ont eu que des louanges pour cet opus. Le groupe a offert tout un spectacle lors du Amnesia Rockfest en 2016. Les Nils viennent de faire paraître un EP qui se nomme Five Roses, c’est leur quatrième de leur carrière. Petite anecdote concernant cet opus : la pièce Fourth Line qui parle de hockey, joue au Centre Bell lors des parties du Canadien de Montréal. Finalement, le temps semble avoir donné au groupe la gloire qu’il a toujours mérité!

Le 15 avril 2023, il était de passage à Québec, à La Source de la Martinière, avec le groupe Traps. J’attendais le groupe The Nils de pied ferme puisque je n’avais jamais eu la chance de les voir en spectacle.

Au passage, j’aimerais dire que le groupe Traps m’a beaucoup impressionné! Ils ont réchauffé le public avec une belle énergie. Le groupe combine le surf rock et le punk avec brio. J’ai vraiment fait une belle découverte ce soir-là!  Je vous recommande fortement d’aller les voir en concert.

En ce qui concerne The Nils, ils nous ont offert une performance digne de leur réputation, punk à souhait. Carlos a donné tout ce qu’il avait, c’était juste incroyable. Le groupe, certes, ne rajeunit pas mais le talent reste intacte! Ils ont alterné entre le premier album et les titres de leur dernier opus en date de façon majestueuse et on a passé un sacré bon moment avec des légendes de notre scène locale.

Ce qui m’a le plus marqué lors de cette soirée c’est Carlos qui a montré sa reconnaissance à chacun, après le spectacle, par une accolade et par un petit mot. Une belle manière de remercier les spectateurs pour s’être déplacés! Le gars a du cœur et c’est beau à voir. Qui plus est, les membres du groupe sont vraiment sympathiques et on a bien ri avec eux en prenant une photo à l’extérieur de La Source de la Martinière, avec notre ami Bast Hardcore, du Bad Crew qui a manqué de brûler Phil « Gravedigger » Psarakos avec la cigarette que Phil avant entre les lèvres. En plus de manquer d’assommer tout le monde avec son énergie d’après show!  

On a eu droit à une reprise de Neil Young qui est disponible ici : https://www.youtube.com/watch?v=9lZVG50pPW8

Je pense que le groupe a encore beaucoup à offrir et l’esprit d’Alex reste avec eux à chaque performance. Le fleuve continue malgré tout de couler.

Je vous conseille d’aller les écouter dès maintenant et de partager cette incroyable histoire qui a amené son lot de tragédies, de bonheur et d’histoires invraisemblables.

Rédigé par : Eric Bed 

Correction : Charlotte Claeys

Révision : Marie-Eve Landry