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Le Festival Ska de Montréal 2023, fidèle à son habitude

Publié le 06 Nov 2023 par

La Société Ska de Montréal tenait sa grande réunion annuelle des fanatiques de ska du 19 au 22 octobre. Les événements se déroulaient principalement chez leur partenaire de longue date : Le Petit Campus. Le Festival Ska de Montréal en est à sa quinzième édition.

Programmation

Fidèle à son habitude, l’organisation ne ralentit pas le travail en coulisse avec l’âge. Ils nous dénichent encore les meilleurs bands à découvrir ou redécouvrir. Treize formations se retrouvaient sur le poster cette année.

-The Kingpins                   -Mephiskapheles           -2 Stone 2 Skank              -The Bandulus

-The Steadies                   -Alex Paquette               -Okapi                                -Skatton Club

-The Filthy Radicals        -Les Happycuriens          -Frankie Foo                  -Guilhem

-Beautiful Sabotage

Les trois vagues du ska y sont bien représentées ainsi que les mélanges de styles qui s’y rattachent. Du reggae au rocksteady en passant par le hip-hop; la scène québécoise brille de mille feux. Si vous avez le ska à cœur, je vous invite à écouter Le Clash Podcast du 12 octobre dernier avec Guillaume Couillard qui discutait du Festival Ska de Montréal et de 2 Stone 2 Skank.

J’en suis à ma dixième présence. Ce festival m’a apporté les plus belles trouvailles de ma vie. Je vous fais un top 5 de mes découvertes locales des 15 années de ce festival : 

1: Les Happycuriens

2: One Night Band

3: Reggae Dubline Corporation (RDC)

4: The Hangers

5: Francbâtards

21 Octobre 2023

J’ai assisté à la soirée de clôture du samedi. Quatre bands allaient performer. En entrant dans la salle, un brouillard épais nous accueille dans les reflets d’éclairage de la scène. Aussi, il y a autant de micros sur la batterie que dans un studio d’enregistrement, ça promet. Bien sûr on arrête à la table de merch et je me laisse tenter par un vieux single de The Kingpins. Les plus passionnés sont habillés en checkered de la tête aux pieds. Les rudeboys et les rudegirls sont sur leur 36!

Guilhem (et ses condiments)

La soirée débute de façon détendue sur des airs de pop-rock ska. Guilhem est accompagné de ses condiments. Il s’appuie sur un duo de cuivres. Puisque je ne connais pas sa discographie, je suis attentif sans savoir à quoi m’attendre. La première chanson débute très rock et soudainement, c’est ska. Rendu à la troisième, c’est très ska et puis très pop. La table est mise. Malgré un début solide, la crowd est encore gênée. Les arrangements sont intelligents et on embarque dans un délire ou tout est permis. Le band utilise le trombone à l’unisson avec le piano. Deux guitares complètent le tout pour créer un mur de son. Les voix sont divinement en harmonie.

Certainement qu’il y a eu beaucoup de réflexion sur l’intégration du ska dans le son de Guilhem. La musicalité est surprenante, les bouts ska-core arrivent sans prévenir. Mais il a fallu un gros upbeat de two-tone pour dégêner les skanker. Guilhem a sorti un saxophone pour joindre son duo de brass et même faire un solo. Pour résumer, il nous a offert une performance qui met un sourire au visage et envoie des flèches bien placées dans le cœur des passionnés de ska de tout genre.

The Filthy Radicals

The Filthy Radicals semble «crinqué» à fond, il s’installe rapidement. Les premières notes de ska-core du groupe de Toronto font du bien. Même si je connais quelques tunes, c’est une deuxième découverte pour moi ce soir. La voix principale est rauque et juste. Les scream vocals du bassiste sont percutants. En plus, la troisième voix est féminine et colle de belle façon aux autres vocalistes. Les membres groupe s’échangent les rôles. Le batteur chante une tune, puis le second guitariste fait la même chose pour la suivante. Ensuite, la trompettiste prend la guitare du chanteur et le band nous assomme avec la chanson la plus hardcore du set. Pour renchérir, elle redonne la guitare et termine par un solo de trompette hypnotisant.

La foule rend de belle façon l’énergie offerte par le band, jusqu’à offrir un circle pit. Par moments, la basse donne une grosse ambiance rockabilly. Les Filthy Radicals, c’est comme si Naked N’ Happy, The Brains et Flatfoot 56 avaient un enfant. Le groupe était venu en novembre dernier aux Foufounes Électriques. Notre collaboratrice Mélo était présente, son résumé se retrouve ICI.

2 Stone 2 Skank

2 Stone 2 Skank monte sur les planches et rapidement les amateurs se rapprochent. Le groupe ouvre avec une vieille chanson réenregistrée : Sporto-Maniacs. Pour la première fois de la soirée, on peut entendre la foule chanter. Ensuite, deux membres demandent un ajustement de moniteur, mais dans la salle, le son est impeccable. En fait, la place est idéale pour recevoir ce genre d’événement. À part une accumulation de basses fréquences dans le fond de la pièce, on peut entendre clairement chaque solo de cuivres ou de keytar. D’ailleurs, cette guitare-clavier et le flow particulier du chanteur donnent toute la personnalité au band.

Depuis leur retour, 2 Stone 2 Skank performe mieux que jamais. Il nous tient essoufflés en mélangeant bien les titres de différents albums. La crowd réagit aussi bien au vieux matériel qu’au nouveau. Ça skank partout sans manquer d’espaces. Sa prestation se termine avec Pays De Galle qu’il a arrangé en medley pour inclure des extraits de chansons qui n’ont pas fait le setlist. Forcé de reconnaitre que 2 Stone 2 Skank était unique à la fin du millénaire et l’est encore des décennies plus tard.

Mephiskapheles

Quelques instants avant que la prochaine formation débute, la fébrilité est à son comble. La foule est moins bruyante, l’air est lourd. Actif de 1989 à 2001 et ressuscité en 2012, Mephiskapheles en serait à sa deuxième présence seulement au Québec. Les lumières se ferment et le chanteur débute avec un discours obscur pour créer l’ambiance satanique moqueuse propre à ce band. Il se dit au milieu des chemins du temps, à la fourche du présent et du futur. La musique débute et la contrebasse électrique détonne. Les aptitudes musicales de chaque membre sont évidentes. Le band de New York passe du métal à la troisième vague. Un solo de guitare à la Metalian puis, tout d’un coup, un arrangement de cuivres à la Skatton Club. Chaque chanson change de style sept ou huit fois et les cassures de tempo sont autant présentes, si bien qu’on pourrait parler de ska progressif.

Mephiskapheles puise son côté lugubre dans la façon d’harmoniser les brass. Ceux-ci font l’accord du diable, le triton. Cette manière de jouer crée une tension, comme un film d’horreur. Le band essaie une nouvelle chanson qui est bien accueillie. Même si le pit est moins volumineux que pour 2 Stone 2 Skank, les gens sont aux aguets comme jamais. L’influence de New York dans le son est indéniable. Sans aucun doute, la meilleure performance que j’ai vue cette année. Il n’y a aucune barrière, même le jazz et la salsa y passent. Je vous invite fortement à plonger dans l’univers de Mephiskapheles.

Le Festival Ska de Montréal a encore réussi à créer des liens et à promouvoir notre belle scène colorée. Je m’en retourne comme chaque année avec de nouveaux artistes à explorer. Merci à l’organisation pour le dévouement incessant.

Rédaction : Frosty Pat

Photographe : Dominic Gendron

Correction : Valérie Lapierre

Révision : Marie-Eve Landry