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Better Lovers de passage à Montréal

Publié le 12 Déc 2024 par

Le samedi 16 novembre dernier, Better Lovers, formation hardcore de Buffalo, était de passage au Théâtre Fairmount dans le cadre de leur tournée Highly Irresponsible. C’était ma troisième visite dans cette salle en un mois, après les concerts de Drug Church et de Destroy Boys. Si ces deux derniers spectacles, tenus en semaine, avaient attiré des foules relativement modestes, je m’attendais à une bien meilleure affluence pour un événement organisé un samedi soir. Toutefois, bien que la foule présente soit respectable, on était loin d’une salle comble.

better Lovers tour

Pour cette tournée, Better Lovers avait réuni une sélection de formations variées des milieux du hardcore et du post-hardcore : Cloakroom, Spy et Full of Hell. Comme à mon habitude, j’avais pris le temps d’écouter les productions de ces groupes avant le concert, dans l’espoir d’apprécier pleinement leur prestation en direct. Déjà bien familier avec Better Lovers, j’étais particulièrement curieux de découvrir ce que ces premières parties allaient apporter à la soirée. Je vous partage ici mes impressions sur chacune d’elles.

Cloakroam : un début soirée doux, mais pesant

Cloakroom, fondé en 2012 à Michigan City, en Indiana, regroupe Doyle Martin (voix et guitare), Bobby Markos (basse) et Tim Remis (batterie et voix). Leur son est souvent associé au shoegaze, mais je préfère le terme stoner-emo car celui-ci capture bien l’essence de leur musique. Avec des touches de sludge et de doom, leur style est un mélange introspectif et lourd qui offre une expérience musicale unique.

Le groupe a pris la scène à 19 h, comme prévu, devant une petite foule qui a progressivement grossi au fil de leur prestation. Cependant, leur musique, plus lente et moins brutale que celle des autres groupes de la soirée, semblait un peu à contre-courant, ce qui pourrait expliquer pourquoi une partie du public est arrivée plus tard. Techniquement, Cloakroom a offert une solide performance : les sons distordus et les ambiances mélancoliques étaient impeccables. Cependant, leur présence sur scène manquait de dynamisme. Au final, leur performance lourde et grisante donnait l’impression d’être dans un rêve un peu apocalyptique.

Si leur style musical vous attire, Cloakroom mérite que vous exploriez leur discographie, qui compte trois albums depuis leur formation. Pour ma part, bien que leur prestation ait été impressionnante d’un point de vue technique, Cloakroom n’est pas ma tasse de thé.

Spy : les influences des années 80-90 à leur meilleur

Spy est un nom qui résonne de plus en plus fort dans la scène punk hardcore, et leur prestation au Théâtre Fairmount n’a fait que confirmer leur réputation. Originaire de la baie de San Francisco, le groupe est composé de Peter Pawlak (voix), Drew Satterlund (guitare), Cody Kryst (guitare), Thomas Gunn (basse) et Cole Gilbert (batterie). Ils s’inspirent du hardcore des années 80 et 90, avec des morceaux courts (moins de deux minutes) bâtis sur des riffs simples et percutants, et un chant guttural intense.

La qualité de leur performance m’a agréablement surpris. Dès leur arrivée sur scène, ils étaient prêts à tout donner, et l’énergie qu’ils ont déployée a rapidement transformé l’ambiance de la salle. Après l’atmosphère plus introspective de Cloakroom, on peut dire que Spy a dynamisé la foule, qui s’est lancée dans des danses violentes et chaotiques. Bien que le groupe emprunte beaucoup au son classique du punk hardcore, Spy réussit à y infuser une fraîcheur et une modernité au style. La présence sur scène était tout simplement électrisante : chaque membre bondissait, se déchaînait, et exécutait des coups de pied en l’air qui rendaient le tout aussi visuellement amusant que musicalement puissant. Je vous suggère fortement de vous pencher sur la discographie de Spy avec une petite préférence pour les deux premiers EP, Service Weapon et Habitual Offender.

YouTube : Audiotree

Full of Hell : bienvenue en enfer!

Full of Hell est un groupe surprenant avec une musique ultra brutale. Originaire d’Ocean City, au Maryland, la formation a pris la scène d’assaut au grand plaisir de la foule sur place. Dylan Walker (voix, clavier et bruits), Spencer Hazard (guitare), Dave Bland (batterie), Sam DiGristine (basse, saxophone et voix) et Gabe Solomon (guitare) ont offert une performance empreinte d’une grande violence musicale. Leur musique est bruyante et chaotique comme on imaginerait la musique qui joue en enfer.

Même pour les fans de musique lourde, il faut un moment pour s’acclimater à Full of Hell. J’avais trouvé intéressant ce que j’avais écouté sur album, mais les voir en spectacle a créé un déclic. Pour les non-initiés, leur son flirte avec la musique noise : Dylan Walker émet fréquemment des cris aigus tout en manipulant une boîte à bruit, ce qui crée une ambiance pesante. La boîte à bruit est utilisée pour habiller la musique et pour remplir les interludes entre les morceaux. Musicalement, c’est un mélange de hardcore et de black metal, livré avec une intensité rare.

YouTube : Closed Casket Activities

La performance de Full of Hell est difficile à traduire en mots. Bien que je ne pense pas écouter leur musique fréquemment chez moi, je ne manquerais pas une prestation sur scène si j’en ai l’occasion. Si vous pensez supporter leur style, je vous recommande vivement de les voir en spectacle.

Better Lovers : place au supergroupe

Le supergroupe de metalcore Better Lovers a explosé sur la scène hardcore, en 2023, à la suite de la séparation tumultueuse d’Every Time I Die. Une première visite à Montréal, accompagnant la tête d’affiche Underoath cette même année, avait déjà marqué les chanceux qui avaient pu assister au concert. Maintenant, ayant sorti un premier album complet plus tôt cette année, Highly Irresponsible, le groupe était de retour avec plus de pièces à nous présenter.

Si le nom Better Lovers ne vous est pas encore familier, les groupes d’origine de ses membres le seront certainement. La formation réunit Greg Puciato (voix), figure emblématique de Dillinger Escape Plan, Jordan Buckley (guitare), Steve Micciche (basse), et Clayton « Goose » Holyoak (batterie), tous issus d’Every Time I Die, et Will Putney (guitare), membre de Fit for an Autopsy et producteur. Better Lovers combine ces influences variées pour offrir une musique à la fois technique, agressive et chargée d’émotions.

Avant même son arrivée sur scène, il était évident que nous avions affaire à un groupe bien rodé, avec une présentation soignée. Les éclairages personnalisés et les tapis à l’effigie de Better Lovers pour chaque membre ajoutaient une touche intéressante. Honnêtement, ils devraient en vendre, ce serait un tapis d’entrée parfait pour chez moi! Le spectacle a commencé avec Don’t Go Breaking My Heart d’Elton John et Kiki Dee, suivi d’un mix d’échantillons de chansons sur le thème de l’amour. Voici un aperçu de ce qui a été joué : All You Need Is Love des Beatles, What About Love de Heart, The Power of Love de Huey Lewis and the News, It Must Have Been Love de Roxette, California Love de 2Pac, Somebody to Love de Queen, et bien d’autres que je n’ai pas eu le temps de noter.

YouTube : SharpTone Records

Une fois l’introduction terminée, le groupe est monté sur scène et a immédiatement lancé les hostilités avec Lie Between The Lines, la première pièce de l’album Highly Irresponsible, suivie de Sacrificial Participant, qui ouvre le premier EP God Made Me an Animal. Au total, nous avons eu droit à 14 des 16 chansons que le groupe a produites jusqu’à présent. Les laissées pour contre sont les pièces Deliver Us From Life et Everything Was Put Here For Me toutes deux provenant de l’album Highly Irresponsible. L’idée que certaines des chansons jouées lors de cette tournée pourraient ne plus jamais être interprétées ajoutait une dimension particulière à l’expérience. Assister aux débuts prometteurs d’une formation qui semble destinée à marquer la scène musicale était un véritable privilège.

La production globale du spectacle était impeccable, et la confiance ainsi que le plaisir visible du groupe sur scène étaient totalement contagieux. La musique de Better Lovers oscille habilement entre différentes humeurs, tout en restant accrocheuse et permettant à la foule de chanter les paroles. Si vous connaissez Greg Puciato de son passage dans The Dillinger Escape Plan, vous savez à quoi vous attendre. Sa voix remarquable, combinée à son charisme de frontman est un véritable spectacle en soi. Le reste du groupe avait aussi une belle présence sur scène. Chaque membre bougeait avec énergie et interagissait avec le public. Jordan, notamment, a offert des high five et serré des mains entre les chansons.

YouTube : SharpTone Records

Better Lovers est sans conteste un groupe à voir sur scène. Le talent de ses membres est indéniable, et je ne peux que vous encourager à assister à l’un de leurs spectacles. Ils sont incroyables en live, et je suis convaincu que nous ne sommes qu’au début de l’histoire d’un groupe qui continuera à nous épater pendant encore de nombreuses années.

Rédaction : Maxime Isabelle

Correction : Céline Montminy

Révision : Marie-Eve Landry

Je suis un punk rockeur de 40 ans. J'aime rester à l'affût des nouvelles sorties d'albums, les nouvelles en lien avec la scène et collectionner de vinyles. Je vais voir autant de spectacle que je le peux et j'initie ma fille au monde du punk. J'ai créé une page Instagram (PunkRockDadVinyls) sur laquelle je présente les vinyles de ma collection. Je souhaite donc vous partager ma passion en étant membre du Bad Crew!