
Mission accomplie pour le Délüge5 !
Publié le 20 Sep 2023 par Julie Fortin

En ce vendredi 15 septembre, les punks sont tous sur leur 36 pour la soirée d’ouverture du Délüge5, au pavillon Nikitoutagan, à Jonquière. Dans la pénombre éclairée des lampadaires brillent les studs, les sourires et les yeux des vieux copains venus partager ce moment festif. Cette année encore, le centre-ville de Jonquière est envahi d’une faune colorée qui ne demande qu’à se défouler.
Depuis 2017, l’événement, fidèle à lui-même, fait couler la joie, la sueur, la boisson et les décibels le temps d’une fin de semaine. En cette fin d’été, les amateurs de musique peuvent apprécier le talent des bands d’ici et d’ailleurs dans une ambiance conviviale. Petit changement cependant : cette année, la majeure partie des soirées se déroule au pavillon Nikitoutagan, limitant ainsi la quantité de choix déchirants pour la “punkpulace”. En revanche, le Délüge5 et sa formule dynamique subsistent, puisque les afters se déroulent en simultané au Côté-Cour et à l’Hopéra.
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Soir 1 – Ouverture et jasettes de parking
C’est frais et humide aux abords de la Rivière-aux-Sables. Par chance, j’ai ma froque et mon hoodie. Comme de coutume, je butine entre les groupes de gens qui se forment et s’enflent sur la pelouse. Eh oui, tout festivalier le sait : une grosse partie du fun de ces événements réside dans cette socialisation de parking entre et pendant les sets. Je n’y fais pas exception. J’arrive trop tard pour voir la formation européenne Drunktank. C’est dommage. J’aurais aimé leur mélange de punk et de métal aux voix féminine et masculine. D et J, musiciens du groupe rencontrés au hasard d’un joint apprécient grandement leur moment au Québec.
Entre deux in-and-out, j’entends les riffs entraînants de The Penske File groovant son punk rock. Ça réveille la foule qui s’agglutine lentement dans le pavillon. Ce sera une belle soirée. Puis, Makewar monte sur scène et en remet une couche. Les gens dansent de plus en plus, le party s’installe. La température monte en flèche. Quand Makewar achève sa partie, le crowd attend la suite des choses avec The Creepshow et la formation canadienne Gob.
Une fin de soirée en beauté
La voix lascive et les accords psychobilly de The Creepshow séduisent le crowd déjà conquis. Le trash, énergique et endiablé par moments, grossit à chaque chanson du band, comme Run for your life, Grave Diggers ou Death at my door. Le groupe est flamboyant sur scène, et il fait chaud en crime dans la boite de métal qu’est Nikitoutagan. Cela ne gêne en rien les gens présents, aspirés dans un immense circle pit lors de Creatures of the night. L’horloge tourne vite au rythme du plaisir collectif, et le set se termine bientôt au son des acclamations.


Vers 23 heures, Gob prend la scène d’assaut et le pit répond présent. Que d’énergie ! On repense tous à nos plus jeunes années quand Give up the grudge et For the moment résonnent. J’aime particulièrement le déchaînement de la fosse, parce que la bière semble pleuvoir de partout et sur tout le monde. Bon, ok, ça fait de la marde, mais ça crée de la magie. Avouons qu’il est difficile de rester de marbre au son de ce streetpunk plein de soleil du B-C… Quand le show s’achève, la foule s’est réduite de moitié; quelques-uns convoient vers les salles pour les after-partys.
Finalement, je suis plus fatiguée que je ne le pensais, et mes beaux plans d’aller voir les Enfants Sauvages et Bucky Harris s’estompent rapidement. Je suis déçue, mais je me console : je reprendrai mon rendez-vous manqué avec les Enfants sauvages, puisqu’ils jouent le 22 septembre au CEM de Chicoutimi. J’envie les plus tough que moi d’avoir savouré la musique de Caravane, de Stompin’ Trees et de Chuck Coles. Demain est un autre jour.
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Soir 2 – Sold out et rock’n’roll
L’achalandage de cette édition prouve la popularité du festival. En effet, bien que Le Délüge5 ait lieu en même temps que d’autres événements d’envergure (Music 4 Cancer, Envol et Macadam), l’événement affichait complet pour samedi. Les 20 billets supplémentaires mis en vente par l’organisation s’envolent très rapidement. C’est dire combien on attendait Le Délüge.
Ce soir encore, une foule dense parsème les alentours de Nikitoutagan. Je rate On the Cinder et Taze en ouverture, mais arrive à temps pour Cirrho, et leur cacophonie musicale. Les musiciens sont excellents; toutefois, je n’accroche pas immédiatement à leur style. Je ferai assurément une autre écoute pour savoir ce qu’ils ont à offrir.
Puis, vient l’heure Rouge Pompier. J’en avais entendu parler, et là je le vivais. Rouge Pompier te sort de ta zone de confort et t’offre un spectacle sur 360 degrés. Oui, oui, le stage campait au milieu de place, avec tout le monde autour. C’est original et ça déménage. Durant leur set, les gens chantent avec le duo et pogotent dans une immense ronde aux poings dressés. Entre deux tunes, le groupe se commande même une pizza “pour qu’elle arrive avant la fin du show”.
La foule se repose quelques instants lors d’un solo de drum à deux batteurs; j’avais jamais vu ça. Rouge Pompier régale le crowd d’amour et de musique, parce que “Jonquière, c’est [sa] deuxième maison ». La pizza en commande arriva juste avant la dernière chanson, créant presque une commotion. Je me demande quelle saveur elle était, et surtout si le livreur a apprécié son ovation…
Les Shériff en cavale au Québec


L’air frais est divin lorsque l’on sort juste avant l’embarquement sur scène des Shériff, pour la première date de leur tournée québécoise. Dehors, des essaims de gens totalement survoltés. Puis, un premier accord, furtif, appelle la foule à l’intérieur. Le groupe salue à la volée “on est Les Shériff, on vient de Montpellier” et lance la première série de notes. Tout de suite, le presto se relâche et le trash emporte plus de la moitié de l’audience. La foule se rapproche et se colle, dans la hâte de ce qui viendra après.
Les Shériff parcourent leur répertoire d’un bout à l’autre, et c’est excellent. Le crowd n’est que marée grouillante et hurlante lors de Putain que ça fait mal, de À coups de batte de baseball ou de Soleil de plomb. J’explose au son de Du Rock’n’roll dans ma bagnole, ne pouvant me retenir de gueuler et de donner tout ce que j’ai. Il fait certainement 10 degrés de plus que dehors, et je me liquéfie littéralement. Je sors juste avant de fondre, écouter le reste du set, et je ne suis pas la seule. Je danse sur le gazon lors de Mayonnaise à gogo. Mon absence de la salle ne m’empêche pas de chanter 3-2-1-0 et Jouer avec le feu. Les murs de Niki semblent se gonfler de toute l’énergie rock qui circule en-dedans. Lorsque les gens sortent après les rappels, on peut presque voir la vapeur au-dessus d’eux.
The Lef7overs, joyau de l’après spectacle
Je suis à moitié morte, mais rien ne m’arrêtera. Immédiatement après Les Shériff, je cours au Côté-Cour pour les afters. The Lef7overs, de Montréal grimpe sur scène devant une foule compacte. La place est pleine de monde; il fera chaud tantôt. Ce quintette exclusivement féminin garoche ses accords punk-grunge, au grand plaisir de tous. Les filles sont vives et interagissent constamment avec le public, qui en redemande. La demie-heure de leur performance n’a su me rassasier; j’aurais écouté leur musique toute la nuit. Lef7overs termine sur Legs, et se hissent au sommet de mes coups de coeur du Délüge5.
Puis, K-Man & the 45’s égaie la foule de son punk ska ensoleillé. Le pit est actif de rires et d’accolades, et les gens dansent avec une énergie qui se renouvelle constamment. K-Man et ses gars en sont à leur deuxième présence aujourd’hui, eux qui ont animé les planches au Patro en après-midi, en compagnie de Dan et les Croque-Morts, de Quel Bordel et d’As One Man. Matante Mutante est aussi de la partie, en fier substitut des formations qui n’ont se présenter au Délüge5.
Je n’ai eu que de bons commentaires de la performance de Matante Mutante, très content de participer à l’aventure diluvienne de cette année. Si, comme moi, vous les avez manqués, ils joueront de nouveau le 7 octobre à la Micro St-Ho. En attendant, achetez leur musique!
Le Délüge5 : Une vague de plaisir !
En 2023, Le Délüge5 a encore scoré. La volonté de l’organisation de promouvoir les produits et les bands locaux, la dynamisation de tout un quadrilatère du centre-ville et la place faite aux femmes dans le lineup sont dignes de mention. En effet, chacune des éditions a mis en valeur des groupes aux représentantes féminines tels que The Horny Bitches, The Anti-Queens ou Les Ordures Ioniques. Cette année, au moins huit groupes listés avaient un visage féminin comme The Lef7overs, Stompin’ Trees ou Irish Moutarde pour ne mentionner que ceux-ci. Enfin, les activités familiales du samedi après-midi, instaurées en 2022 répondent à un besoin et sont très appréciées de la communauté. Cette année encore je dis : Mission accomplie !
Rédaction : Julie Fortin
Photographie : Annie Freska Blackburn
Révision et correction : Marie-Eve Landry