Bikini Kill : Dernier tour de piste
Publié le 17 Sep 2024 par Maxime Isabelle
Le mercredi 4 septembre dernier, la formation iconique Bikini Kill s’est arrêtée à Montréal pour leur tournée d’adieu. Ce concert a lieu un an et demi après leur tout premier à Montréal, ayant eu lieu le 12 avril 2023, après avoir été repoussé trois fois. Cette fois… aucun souci, le concert a bien eu lieu. Seule petite ombre au tableau, leur marchandise n’a pas passé les douanes. Les fans ne pouvaient acheter que des vinyles ou des cassettes des albums du groupe.
Un petit fun fact, le concert se déroulait à l’Olympia de Montréal, une salle qui porte le même nom que la ville d’où Bikini Kill est originaire. En entrant dans la salle, on s’est aperçu que la soirée n’afficherait pas « COMPLET », le balcon étant fermé, ce qui contrastait avec leur dernier passage. La dernière fois, on sortait tout juste de la pandémie, et avec le report de la tournée et l’envie des gens de retrouver une vie normale, ils avaient attiré une plus grande foule. La foule présente était très diversifiée : des gens de tout âge, des parents avec leurs enfants, et tout le monde semblait ravi de voir Bikini Kill une dernière fois. C’était le moment d’attraper une bière et de laisser la soirée commencer.
Theee Retail Simps en première partie
Pour un spectacle en milieu de semaine, une seule première partie était au programme. C’est le groupe montréalais Theee ou Thee ou Tha Retail Simps qui a eu cette chance. Ce quintette, composé de Joe Chamandy (voix, guitare), Thomas Molander (clavier, percussions), Chris Burns (guitare), Zakary Slax (batterie) et Obediah Anderson (basse), a offert un solide set. Leur style est difficile à catégoriser, mais on pourrait dire qu’il s’agit d’un mélange de garage, punk rock, et rock des années 70. Par moments, leur son rappelle celui de The Cramps, et à d’autres, des influences comme CCR ou The Doors se font sentir. Ce sont d’excellents musiciens et ils nous ont offert une bonne performance. On a eu le droit à peu d’interaction avec la foule, mais compensé par de la bonne musique.
Je suis content de l’opportunité qu’a eue The Retail Simps, et j’ai passé un bon moment. Cependant, il aurait été intéressant de découvrir une relève dans le mouvement Riot girrrl ou des groupes similaires. On pourrait, par exemple, penser à des formations comme Destroy Boys ou encore plus près de chez nous, Jetsam ou Crachat.
Un adieu dans la joie !
À 21 h pile, Kathleen Hanna (voix), Tobi Vail (batterie), Kathi Wilcox (basse) et Sara Landeau (guitare) ont pris d’assaut la scène de l’Olympia pour une dernière fois. Comme lors de leur précédent passage, la mise en scène était simple : pas de banderole à l’effigie du groupe, aucun artifice. Seule Kathleen, fidèle à elle-même, portait une robe flamboyante. Elle a d’ailleurs plaisanté, en disant qu’elle ressemblait à une robe de Cendrillon qui aurait rétréci au lavage. On pouvait ressentir la joie du groupe à l’idée de se produire une dernière fois et d’offrir de beaux souvenirs à la foule venue pour ce moment unique.
Bikini Kill ayant existé seulement quelques années dans les années 90, leur discographie reste relativement petite (deux albums, quelques EP et des compilations), ce qui a rendu le setlist de la soirée similaire à leur dernier concert. Mais c’est exactement ce que les fans attendaient : entendre les classiques qui ont forgé la réputation du groupe. Et nous n’avons pas été déçus avec des titres comme New Radio, Bloody Ice Cream, Carnival, Sugar, Hamster Baby, Alien She, R.I.P., Jigsaw Youth, Capri Pants et Lil’ Red. À trois reprises pendant le spectacle, Kathleen, Tobi et Kathi, ont changé de place pour un total de six chansons. Tobi prenant le rôle de chanteuse, Kathleen à la basse et Kathi à la batterie. Cela a, chaque fois, revigoré la foule qui a grandement apprécié voir Tobi au vocal.
Toujours aussi revendicatrices
Le groupe a conclu le concert avec Suck My Left One. C’est un classique qui exprime bien la frustration envers les hommes aux comportements de prédateur. Cette chanson a été inspirée par la sœur de Kathleen, qui utilisait cette expression face aux hommes qui la harcelaient. Kathleen en a d’ailleurs profité pour mentionner que sa relation avec sa sœur n’est pas des plus joyeuses. Notamment parce qu’elles ont des idéologies très différentes, sa sœur soutenant, entre autres, le candidat à la présidence américaine à la peau orange.
Nous avons eu droit à plusieurs interventions de Kathleen tout au long du concert, notamment avant la chanson Feels Blind. Elle a exprimé sa satisfaction de voir que des comportements comme le « mansplaining » et le « gaslighting » sont désormais reconnus et nommés, ce qui n’était pas le cas au moment où elle a écrit cette chanson. Plus tard dans la soirée, elle a aussi partagé sa joie de se produire à l’Olympia, une salle permettant d’accueillir un public de tout âge, créant ainsi un espace sécuritaire et intergénérationnel pour ce spectacle d’adieu.
Kathleen a également raconté une anecdote sur la définition moderne de la famille. Elle a évoqué l’idée que, bien que nous soyons habitués à la définition classique de la famille, liée par le sang, ce n’est pas toujours ce qui la définit réellement. Elle a introduit le concept de la « chosen family » – ces personnes avec qui nous nous sentons en sécurité et avec qui les liens sont parfois plus forts que ceux du sang. Ce principe n’a visiblement pas été accepté par le YMCA alors qu’elle tentait d’obtenir un tarif familial « nouveau genre »..
Conclusion
Pour bien terminer le spectacle, Bikini Kill est revenu pour un court rappel, et comme vous l’avez sûrement deviné, ils ont joué le classique Rebel Girl. Une magnifique façon de clôturer la soirée, tout en rappelant l’impact et l’héritage de ce groupe sur la scène punk, ainsi que leur contribution à la place des femmes dans ce milieu. En quittant la salle, on pouvait sentir une foule comblée par la soirée exceptionnelle que nous a offerte Bikini Kill.
Rédaction : Maxime Isabelle
Photos : Ema Riot
Correction : Val Girard
Révision : Marie-Eve Landry