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Entrevue avec Sébastien Dallaire de D7I Records

Publié le 27 Mai 2024 par
Sébastien Dallaire - D7i
photo par Martin  »Doomed » Desbois

Nous sommes ici, aujourd’hui, pour discuter de ton label D7I Records, qui souligne son 18e anniversaire cette année. Ce n’est pas rien, félicitations !

Je veux savoir ce qui t’a poussé à fonder ton label à l’époque ?

Merci !!! Depuis que je m’intéresse à la scène underground que les labels me fascinent. Étant musicien, j’étais (et suis toujours) entouré de talents qui méritent d’être connus alors pourquoi ne pas essayer de les aider ! Je travaillais au Profusion, un disquaire à Montréal, qui avait son propre label. J’ai toujours dit que Rémi, le proprio, a été mon mentor pour commencer tout ça. Ç’a été une petite association entre nos
labels, on ne jouait pas dans les mêmes « tales » donc ça se complétait bien !

Ta maison de disques a maintenant l’âge de boire, du moins au Québec ! Elle boit quoi pour souligner
cette étape majeure dans une vie ?

De la west coast bien amère et résineuse ! Haha old school mais pas trop en même temps ! Prochaine étape, l’âge de la SQDC ?! On verra, haha.

C’est comment d’être un petit label DIY au Québec ?

Nous avons une belle scène, communauté au Québec, ça rend la chose vraiment le fun, mais c’est de plus en plus difficile je dirais. Les coûts de production qui augmentent, les coûts de poste qui commencent à être plus chers que les disques et la merch qu’on vend. Ça devient problématique, et très peu continuent ou décident de commencer ça versus il y a de ça pas si longtemps !

Tu sembles produire beaucoup de groupes de la Vieille Capitale et parfois des groupes d’ailleurs.
Comment sélectionnes-tu tes projets ?

J’y vais principalement par coup de cœur. Sinon, la plupart de mes releases sont des chums, du monde de mon entourage ou de l’entourage des bands avec qui on a déjà dealé. Je dirais, sans nommer de nom, que j’ai refusé des bands quand même populaires juste parce que musicalement c’est moins mon buzz.

Que nous réserve D7I en 2024?

On travaille sur une discographie vinyle de Human Greed, pas mal dans les premiers bands grindcore du
Québec ! Sinon, pas grand chose d’autre de booké officiellement ou dont je peux parler pour le moment. On essaie bien fort de réduire notre inventaire de releases, c’est de plus en plus dur de passer des disques de petits bands peu connus !

Depuis quelques années, Doomsday Machine Records et toi avez fondé Toys Of Disharmony. Comment avez-vous eu l’idée de cette union ?

Juste un peu avant de déménager à Québec, j’ai commencé le projet du split LP entre Bombnation et Blunt Force Trauma. J’ai jasé de ça avec Dan et il m’a dit qu’il recommençait DMR. C’est donc devenu une coop à la base, mais ça s’est pas mal tout de suite transformé en association ! À mon arrivée à Québec, les choses se sont passées pas mal tout de suite, les deux nous avions besoin d’aide; gérer un label seul à la longue c’est beaucoup. Les tâches se sont divisées naturellement selon nos forces.

Quelle est la mission exacte de TOD?

Avec Toys, on agit plus comme « distro » : style disquaire mais sans magasin physique pour ceux qui se demandent. Nous distribuons principalement nos releases par échange avec les autres petits labels DIY d’un peu partout, donc on se ramasse avec un inventaire de trucs obscurs d’un peu partout ! Étant un ancien disquaire, j’ai toujours adoré faire découvrir de la nouvelle ou vieille musique aux gens en plus d’avoir de bons contacts. Avec le temps, je me faisais demander de plus en plus de trucs précis, donc maintenant je deale avec plusieurs distributeurs ou je complète mes échanges avec des achats. C’est un moyen de financement quand même efficace pour produire nos sorties !

Parmi tout ce que tu as réalisé au fil des années, pourrais-tu me nommer ce que dont tu es le plus
fier ?

Les amitiés et rencontres faites à partir des projets. Je fais ça par pure passion pour des gens qui s’y mettent à fond dans leurs projets ! Aussi, je dirais pas mal toutes nos sorties. J’ai un petit coup de cœur sur le fait de travailler avec Milanku depuis les débuts et d’être encore de l’équation ! C’est le fun d’avoir vu l’évolution du band.

Et au contraire, un regret peut-être ?

Certains petits détails techniques comme certaines quantités produites et des trucs du genre. Sinon, les erreurs produites avec le temps m’ont servi d’apprentissage, donc je vois ça d’un côté positif !

La question que tout le monde se pose, pour quand un repress vinyle de Pris à la gorge de Milanku ?

LA question haha. L’idée a été lancée et relancée entre le band, Moment of Collapse Records et moi même ! À l’époque, Replenish Records avait pris le lead du projet au niveau pressing. Personnellement, je n’ai plus de contact avec eux. On essaie de voir si les plates pour produire les disques existent encore pour sauver énormément de frais. Si nous repartons « from scratch » avec cet album, un double LP gatefold de même va couter la totale, donc on essaie de retrouver ça. Donc c’est pas impossible, mais pas encore concret si ça va se faire ou non !

En 2019, tu as créé un nouveau label, From The Urn. Pourquoi créer une nouvelle étiquette ? Qu’est-ce qu’elle t’apporte que D7i ne comblait pas ?

Ça faisait quelques années que je pensais faire un label plus axé dans un genre en particulier, moins éclectique, avec une imagerie plus distincte que D7i. Étant un amateur de stoner/doom et de ses dérivés depuis très longtemps, c’était vraiment le style que je voulais mettre à l’avant ! Ironiquement, mon premier release D7i était un album de Doom Funerdal (S12 par Cortisol). Max (aussi dans Marécages) sortait lui-même ses projets, je lui ai alors offert de partir un label ensemble pour le simple plaisir de le faire.

Quels sont les projets futurs pour FTU ?

Rien que je peux encore annoncer ou parler ! Ce label est semi-actif, dans le sens qu’on y va un release à la fois, au jour le jour. Donc, le prochain peut sortir dans deux mois comme dans six ! Comme D7i, j’essaie de concentrer les efforts sur « passer notre stock » avant d’en ajouter.

Tu joues aussi de la guitare dans le groupe Marécages ! Il se passe quoi avec le groupe ? Un album à venir ? Des spectacles ?

On compose, on décompose, ha ha ha. On travaille en effet sur un prochain opus, pour quand, personne ne peut réellement le dire ! On joue le 20 avril chez Brasseur Local à Québec pour le lancement de la Sabouettage, une brown ale américaine que j’ai pas mal hâte de goûter !!! Je regarde pour deux, trois autres shows, mais rien de concret pour le moment.

Et du côté de The Mighty Megalodon ? Selon ce que j’ai pu voir sur Facebook, vous êtes en train d’enregistrer ! Est-ce en vue d’un premier full album ? Pour l’occasion, vous travaillez avec qui ? Nous allons avoir la chance d’écouter ce matériel quand, environ ?

Oui nous sommes dans le processus d’enregistrement. Un EP de cinq chansons ! Ça va être le troisième recording du band, le premier était un démo sur Myspace avec le guitariste qui était dans le band avant moi. Le deuxième est le split 7’’ avec Greber, de bons amis à nous. On enregistre avec Tcharley de S.O.I.F. Nous n’avons pas encore décidé pour le mix et mastering; j’ai quelques noms en tête, on va voir si ça se concrétise ! Probablement vers l’automne on devrait entendre ça. Nous ne sommes pas du genre pressé, ha ha ha.

Merci de ton temps Sébastien, je te laisse le mot de fin

Le classique : supportez la scène, les petits shows, achetez local aux indépendants plus qu’aux chaînes !
Un gros merci à tout le monde qui ont aidé, acheté, spreadé le mot dans les derniers 18 ans !

Entrevue : Antonio Geraldo

Correction : Julie Fortin

Révision : Marie-Eve Landry