Fast Food Fairies : La tête d’affiche du mois de décembre
Publié le 01 Déc 2023 par Claudia Bo
Ce mois-ci, nous vous présentons FastFood Fairies. Voici le compte-rendu de l’entrevue réalisée avec eux.
D’emblée, il y a une question qui s’impose drette en commençant : Fast Food Fairies ? Pourquoi, ça fait référence à une (des) fille en particulier ? Une anecdote ?
Danny : Quand j’ai parti le groupe, il y avait 2 autres gars et moi. Quand on s’est mis à « brainstormer » sur le nom, les 2 autres n’arrivaient qu’avec des noms, tantôt stupides ou « artsy », tantôt avec des noms d’objets inanimés qui n’avaient rien en commun avec la direction que je voulais donner au groupe. Dans un moment de découragement, j’étais au téléphone avec Joe Queer pour une de nos sessions de bitchage bihebdomadaire. Je lui ai fait part de mon désarroi envers les noms qui étaient proposés et combien moi-même je n’arrivais pas à en trouver un. Joe m’a alors dit : « tu sais, moi si j’avais eu à me repartir un band, je l’aurais appelé Fast Food Fairies« . À l’instant qu’il a prononcé ces mots, j’ai fait wow ! Ça, ça me plaît ! Il m’a même expliqué que ça venait tristement d’un célèbre tueur (que je ne nommerai pas ici, car je ne vénère pas les criminels et essaie de ne jamais leur donner de notoriété) qui surnommait les gens qui se fiaient aux différents médias pour faire leur opinion sur un sujet donné au lieu d’approfondir leurs connaissances en s’informant sur ledit sujet. Joe m’a donc dit : si tu veux c’te nom-là, j’te le donne !!!
Tout de suite le nom a collé au groupe et nous sommes devenus officiellement Fast Food Fairies !
Comment ça s’est fondé FFF ?
Danny : L’idée vient de moi. Après avoir joué dans The Queers pour toute l’année 2016, j’ai voulu partir mon propre band avec une influence ramonescore ici à Montréal. Au départ, j’avais recruté l’ancien batteur du groupe psychobilly The Brains et il m’a présenté un guitariste qui avait joué avec les Sainte-Catherines. Après un spectacle seulement, ce dernier nous a quittés. Il a été remplacé rapidement par Oli qui est arrivé juste à temps pour enregistrer notre premier single. Après une multitude de mésententes entre le batteur original et moi, il s’est fait montrer la porte. L’année suivante, nous avons passé de trio à quatuor. GuyGuy, qui était dans un tribute aux Ramones, s’est joint à nous. Après l’essai de 2 autres batteurs, Frank s’est joint au groupe et ça a tout de suite fonctionné. Depuis son arrivée, il y a 2 ans, le groupe a finalement trouvé son vrai son et sa stabilité.
Qui s’occupe de faire les sandwichs dans le groupe quand vous partez en tournée ?
Danny : Comme il n’y a pas de femme dans le groupe, on doit se contenter d’arrêter au Subway. Mais si tu veux nous accompagner dans nos déplacements, il nous fera plaisir de t’inclure au groupe et de manger tes sandwiches préparés avec amour. Sinon ta pizza aux fruits de mer nous satisfera !
Vous avez été sur le line-up du M4C cette année, qui est quand même un évènement d’envergure. Croyez-vous qu’un band comme FFF a sa place dans des évènements disons plus mainstream ? Comment avez-vous vécu votre présence au M4C ?
Danny : Oui on a totalement notre place. Je pense que la musique de Fast Food Fairies est très accessible pour le commun des mortels et est d’une très grande qualité. Elle rejoint la majorité des gens, car elle se veut divertissante et ne contient aucun message politique. La mission du groupe est d’avoir du plaisir, que du plaisir ! On pense faire oublier les malheurs de la vie en y ajoutant que de l’humour et du bonheur !
On a adoré notre expérience au M4C. L’organisation était impeccable et le staff d’un professionnalisme hors du commun. On a eu que des commentaires positifs de notre spectacle.
Selon les dires de l’équipe technique sur place, nous sommes arrivés comme si nous étions des professionnels, nous avons agi comme des professionnels, nous avons joué comme des professionnels et nous avons quitté la scène comme des professionnels… et ce, sans oublier de remercier toute l’équipe en place ; les techniciens, la sécurité et les bénévoles ! Donc pour répondre plus clairement à la question, oui FFF a sa place dans des événements d’envergure, car en plus d’offrir une excellente performance, nous avons une éthique de travail irréprochable.
Disons qu’au Québec, à ma connaissance, vous êtes pas mal les seuls, les autres étant des tributes. Comment voyez-vous la place d’un band de ramonescore dans la scène ?
Danny : En fait, nous ne sommes pas les seuls. Il y a aussi nos très bons amis de Rock N’ Roll Television, Marc Déposé et aussi les Bambies. Il y a aussi des groupes comme les NaNaNa. Déjà au Québec, c’est toujours dur de percer en chantant seulement en anglais. Par contre, nous faisons notre place comme tous les autres. Même si le punk 90s à la NOFX, Pennywise, Lagwagon, le punk franco, le ska punk, le street punk et hardcore dominent la scène québécoise, un groupe comme FFF offre une très belle alternative. Car non seulement nos chansons sont extrêmement « catchy », mais elle sont aussi joyeuses et font danser même les non-initiés. Nos prestations sont animées et très bien « rodées ». Dans un spectacle de FFF, il n’y a pas de temps mort. Chaque chanson s’enchaîne les une après les autres. À partir des premières notes que vous entendrez d’une de nos prestations, nous vous entraînerons dans un 45 min de punk rock que vous n’oublierez jamais !
Tu as joué dans des groupes de renommée internationale comme The Queers & The Ataris puis, si je ne me trompe pas, tu as été parmi les membres fondateurs (ou du moins au tout début) avec Ripcordz. Comment vois-tu l’évolution de la scène des 30 dernières années ?
Danny : Elle est en gros déclin et est un peu sur un respirateur artificiel. Elle se meurt rapidement. Il y a 30 ans, les gens sortaient pour découvrir les groupes locaux. Il y avait des soirées avec 3 groupes inconnus à 5 $ et on se retrouvait avec 75 à 100 personnes dans un petit bar miteux à savourer le spectacle. Des groupes comme Groovy Aardvark, BARF, et bien d’autres ont émergé de nulle part comme ça !
Aujourd’hui, les gens ne vont voir que des valeurs sûres comme des NOFX à 75 $-100 $, même s’ils les ont vus 15 fois dans les 5 dernières années et découvrir seulement le band que le label va avoir placé stratégiquement en première partie de ce dernier. Ils vont aussi courir les festivals avec encore une fois les mêmes 12 têtes d’affiche en rotation d’une année ou d’un festival à l’autre. Encore une fois, la plupart des bands sur place sont placés stratégiquement par des labels. Il n’y a presque plus de groupes émergeant à cause de ça ! Toujours la même recette endormante et « safe » pour faire le plus d’argent possible.
Aussi, la plupart des « venues » punk/alternatives disparaissent ou se reconvertissent en dance club, car c’est plus payant pour eux. Des salles qui étaient des institutions de la scène comme les Foufs, l’Esco pour ne nommer que celles-là ont transformé leurs vendredis en soirée de danse. Si un groupe veut faire un spectacle, il doit avoir terminé à 11 h 30 au plus tard pour faire place à la danse qui est beaucoup plus payante, car les bands live ça n’attirent plus. Un groupe doit maintenant payer pour jouer (frais pour location de la salle, soundman, portier, etc.…).
Il y a 20 ans, tous ces frais se payaient d’eux même avec les revenus engendrés, car les gens sortaient pour écouter et découvrir des bands live. Il est maintenant presque impossible de faire des revenus avec notre musique. Les CD ne se vendent plus. Il y a quelques nerds ici et là qui achètent des vinyles, mais sans plus. On doit littéralement donner notre musique à des plateformes comme Spotify et Apple Music sans vraiment recevoir les redevances qui nous sont dues. Il faut être soit fou ou juste passionnés pour persévérer dans la musique aujourd’hui.
À part les Ramones, il doit ben y avoir d’autres bands excellents que tu aimes ? (un petit clin d’œil ici à Danny qui a chialé sur tous mes vinyles et proclamant haut et fort que c’était toute de la marde).
Danny : J’adore la musique happy. Les groupes qui prônent le Good Clean Fun !!!
Dans mes préférés en plus des Ramones, il y a les Dwarves, Descendents, Rancid et Misfits (Danzig era). Il y a aussi les incontournables du ramonescore comme The Queers, Riverdales, Screeching Weasel et Chixdiggit. J’adore les groupes Glam Rock des années 80 comme Mötley Crüe, Poison, L.A. Guns et Ratt. Mais comme plusieurs le savent, je trouve sans saveur et très redondant le punk des années 90 hahaha !
Une question pour Guy : pour te connaître un tout petit peu, tu es clairement l’homme sage qui amène de la maturité dans le band. Veux-tu ben me dire comment tu fais pour endurer Danny Duke ?
GuyGuy : Heureusement pour lui, c’est le meilleur bassiste punk du Québec. Donc je peux endurer ben des affaires pour bénéficier de ses talents.
Blague à part ; c’est une personne dévouée 100 % à son band et je trouve ça très motivant. Il a beaucoup d’expérience, toujours plein d’anecdotes, pleines d’inspirations et pleines d’opinions. Derrière l’image qu’il aime bien montrer de lui, il a un très très grand cœur et une grande sensibilité. En plus, il chante rarement off-key ! LOL !
Une question pour Frank et Oli : j’ai scrollé très très loin dans vos profils respectifs, j’ai fait mes petites recherches pis je n’ai absolument rien trouvé vous concernant, vous sortez d’où exactement ? J’ai vu qu’Olivier a une formation en musique numérique, mais sinon, votre parcours musical ça ressemble à quoi ? D’autres bands avant ?
Frank : J’ai une formation harmonie classique au secondaire, instrument : le trombone.
J’ai joué pendant plusieurs années dans MOTA, un tribute à Offspring.
J’ai remplacé dans plusieurs bands. Mais le plus connu que j’ai eu c’est Matchless. Le reste bof.
N’empêche que j’ai une formation musicale haha !
Oli : Même si j’ai étudié tout mon primaire en musique, ma véritable éducation musicale s’est surtout faite à travers la collection de vinyles de mon père. J’ai donc été team Beatles par la force des choses, ce qui explique en partie mon obsession pour les harmonies de voix bien « catchy ». Par contre, je trouvais ça trop propre, trop convenu. Je trippais plus sur l’énergie des Clash, de Rancid pis des Vulgaires.
Après quelques bands obscurs de l’adolescence (dont un septuor d’Irish Punk avec cornemuse et kilt…), je suis sorti des sous-sols d’églises gatinoises pour rejoindre mon premier « vrai band » Oscar B, un trio qui donnait dans le psychobilly francophone. On a roulé notre bosse un bout, chapeauté par René Garcia, des Brains, qui est d’ailleurs le mixeur de l’album à venir de FFF. C’est pendant ces années-là que j’ai rencontré Danny pour la première fois. On a fait la première partie des Alley Dukes plusieurs fois, notamment au regretté festival HotRod Hootenanny à Niagara Falls en Ontario.
Après Oscar B, j’ai eu une petite « écœurantite aiguë » du punk. J’ai participé à une myriade de projets, dont Tracteur Jack, un heureux mélange de chanson française et de western spaghetti, ainsi que les Lazy Lovers, qui faisaient dans le folk/rockabilly/surf.
Fun fact : les 2 formations se sont rendues au 4e rang des Francouvertes 2011 et 2013.
C’est en recroisant Danny plusieurs années plus tard dans un show qu’il m’a proposé de se joindre à lui dans FFF. J’ai donc renoué avec mes anciens amours et depuis, « I’m never looking back ».
À moins que je me trompe, seulement 2 EP, une présence sur Punk Canada vol. 2, quelques singles ici et là, mais vous avez du stock pour plusieurs heures. Vous devez sûrement avoir un album en préparation qui sortira bientôt ?
Danny : Nous enregistrons notre album nous-mêmes à notre studio avec Oli qui sait faire et a l’équipement pour faire d’excellentes prises de son à cause de son travail d’ingénieur de son en cinéma. En gros, l’album est terminé (avec juste quelques petits ajouts à mettre ici et là).
Toutefois, nous sommes en total manque de fonds pour le faire mixer et masteriser à l’extérieur. Quelques labels semblaient être intéressés, mais nous sommes toujours en attente. Si rien ne débloque, nous prévoyons de faire encore plus de concerts et amasser les fonds nécessaires. Mais ça serait une très grande déception pour nous, car l’album est déjà tout enregistré et on trouverait décevant de le mettre sur les tablettes pour une autre année quand nous avons déjà le matériel pour retourner en studio et enregistrer un 2e album.
Comment vous projetez-vous dans l’avenir ?
Danny : Tout ce que l’ont veux, c’est autofinancer le band pour nous permettre de continuer à faire ce que l’on aime par-dessus tout, soit, jouer et enregistrer de la musique et faire des spectacles.
Prévoyez-vous quelque chose bientôt avec Paul McCartney ?
Danny : Non, nous avons permis à Paul de promouvoir nos t-shirts pour notre vente de fin d’année, mais on ne veut pas trop qu’il s’attache à nous, car nous savons combien nous sommes irrésistibles une fois que quelqu’un nous inclut dans sa vie. Nous sommes tellement beaux, sexy, doux, drôles et attachants !
Rédaction : Claudia Beaudoin et Fast Food Fairies
Correction : Val Girard
Révision : Marie-Eve Landry