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Même si la foule est morte…

Publié le 06 Fév 2023 par

Les Foufounes Électriques,  40 ans de fidélité aux marginaux et aux artistes, toujours au rendez-vous pour accueillir un show, une exposition ou n’importe quel événement underground. Le fameux établissement où l’on peut se vanter d’avoir performé sur les mêmes planches que plusieurs de nos idoles. Même si on peut y voir jouer tous les styles de scènes émergentes inimaginables, je dois avouer que les groupes que j’aime suivre en spectacle ne choisissent pas assez souvent la place pour nous inviter. Nous y étions convoqué le 28 Janvier dernier pour le ‘Nightmare After Xmas’ par Obsene Brigade et 5 autres bands qui cumulent plus de 90 années d’expériences communes. Le titre de l’événement ne va pas sans me rappeler le ‘Fuck Christmas!’, le rassemblement annuel  presque religieux des Vulgar Deli où on était encouragé à célébrer Noël dans le chaos, le vice et la délinquance la plus totale.

L’organisation nous a fais patienter longuement avant l’ouverture des portes. Avec 6 groupes au menu et une captation audiovisuelle, le défi de logistique semblait de taille. Pour nous rappeler le thème de l’événement, nous sommes accueillis à l’entrée avec des cadeaux de bienvenue pour tous. En rentrant dans la salle, la première vue de la scène est prometteuse. Deux batteries, l’ampli de basse au centre et des ‘full stack’ de guitare à chaque extrémité. Le travail des techniciens est bien visible avec les dizaines de micros et caméras sur scène et dans la salle. La queue pour le bar était quand même impressionnante, on avait le temps d’encourager la gang de Sick & Twisted et les bands qui y étaient installés avec leurs tables de merch. Bien ravitaillés nous étions prêts a ce que le cauchemar commence.

Violent Therapy, qui nous a offert le EP Darkness en début 2022, a finalement pris la scène d’assaut. Pour confirmer que nous somme bien dans le cauchemar de Noël, le groupe a dû arrêter après quelques notes pour trouver une guitare de remplacement après avoir brisé une corde. Ça commence mal un spectacle qui débute déjà en retard. Par contre, dès la deuxième chanson la foule réagi fortement aux riffs lourds et au vocal agressif. Le band a offert sa Oï lente et lourde, de façon énergique et ça lui a bien été retourné par la foule. Ils ont une manière bien pesante et bien à eux de jouer la Oï et j’ai adoré.

Dès l’arrivé de The Last Rockers, la crowd reprend où il a laissé. L’ambiance est excellente, la qualité du son a monté d’un cran dans la salle. Mais encore une fois, la technique semble éprouver des problèmes du coté des moniteurs de scène et quelques instants plus tard, nous avons droit à une panne de micro complète. Cette interruption doit sembler interminable pour le band sous les projecteurs, mais ils ont su reprendre de belle façon. L’énergie de ce groupe de Montréal est indescriptible, les lignes et le tone de la basse viennent nous chercher au cœur. Leur passion est contagieuse, leur look accrocheur est original et la qualité des arrangements musicaux démontre le travail qu’ils ont fait en pratique.

Le troisième acte de la programmation, les Screaming Demons qui viennent de nous lancer le single ‘More brains’ ont monté sur scène après un court entracte. Je vous invite d’ailleurs à aller écouter le vidéoclip fraîchement sorti. Le band psychobilly est arrivé plus que prêt. Il commence à être tard et on peut observer un léger relâchement dans l’agitation du moshpit. Mais le quintet a de l’expérience et sait comment remonter l’énergie de la salle avec leurs deux guitares qui frappent fort en duo. Après 4 chansons très bien écrites et remplies de mouvements, on commence a voir les bodysurfers se dégêner. Une performance extrêmement bien apprêtée qui a apporté une touche de macabre dans cette soirée plutôt streetpunk.

Out of Order a prit un temps à se préparer. Ils semblaient eux aussi victime de ce sortilège qui s’abattait depuis le début. Le bâtiment n’est pas jeune, les guitares semblent extrêmement sensibles, l’électricité instable. Mais les vétérans n’en sont pas a leurs premiers imprévus, j’ai vu leur guitariste devoir abandonner son pédalier pour limiter les interférences, the show must go on! Le band originaire d’Halifax sortira sont 5e album, Under the Knife le mois prochain. Nous pouvons déjà écouter leurs deux premiers singles en videoclip sur leur chaîne Youtube. Ils nous ont joué plusieurs nouvelles chansons ainsi que quelques uns de leurs classiques. Leur guitariste Jo-Hell est une bête de scène, les nouveaux membres on fait leurs devoirs, le groupe a quitté la scène après avoir laissé un ravage sur son passage.

Tout était en place pour Unwanted Noise. La vague est forte autour de se groupe de Longueuil, je dois avouer que je les manque rarement en concert et qu’ils jouent dans mes écouteurs chaque jours. Les gars augmentent le niveau d’album en album et leur dernière parution, Pils session #07  le démontre bien. Le band avait hâte de performer, ils ont assuré comme ils le font à chaque fois. Leurs looks et leurs paroles semblent à première vue presque caricaturale de notre mouvement, mais on se rend bien vite compte que les propos collent et le punk coule dans leur veine. Ce soir, pour ne laisser personne indifférent, ils nous ont performer des chansons provenant de tous leurs albums. La crowd connaissait les paroles, les fans sont fidèles, le ‘South Shore Chaos Punx’ a encore une fois frappé fort.

Malheureusement pour Obsene Brigade, le groupe qui nous invitait ce soir, la foule a quitté après Unwanted Noise. Avec déception et professionnalisme, ils ont quand même offert aux 8 personnes restantes une performance à couper le souffle. Chacun des membres était au sommet de son art, des musiciens d’exception. Leur ‘front man’ peut chanter et faire un solo de guitare simultanément comme j’ai rarement vu, solo qu’il nous offre en stéréo avec des amplis de chaque côté de la scène. Les mains du bassiste ressemblent à des pieuvres sur son manche. Le batteur est rapide mais ‘groovy’ en même temps. Ils mélangent les styles aisément mais le punk rock avec une cadence rapide leur va à merveille et nous ramène quelque peu à l’adolescence. Un gros bravo et un gros merci à eux d’avoir tout donné même si la foule est morte.