
Défaillance, antidote musical
Publié le 17 Fév 2025 par Patrice Belley
Je suis très heureux de vous retrouver enfin après une accalmie. La scène musicale tourne toujours au ralenti au mois de janvier. Malgré tout, pendant ce temps, mon calepin de shows à venir se remplit à une vitesse ahurissante. Mon premier spectacle de l’an 2025 a eu lieu le dimanche 2 février, au Roco bar à Kénogami. J’allais assister au lancement du nouvel album de nos amis chéris du Saguenay, Défaillance.

La famille Alliance Vinyles
Ce tour de force a été possible grâce au groupe Facebook Alliance Vinyles, regroupant plus de 1 900 membres qui partagent leur passion commune pour la musique. Une journée d’achat, de vente et d’échange d’articles de tout genre est organisée tous les quatre mois, permettant, par la même occasion, la présentation d’un groupe invité.

Je me pointe la binette au bar en question à 9 h, c’est-à-dire plus tôt que les acheteurs impatients d’y entrer, car je suis aussi vendeur. À ma grande stupéfaction, je vois le stage déjà tout setupé pour fendre l’horizon au fond de la salle.

Rendez-vous attendu
Dix heures sonnent, la porte s’ouvre pour les chasseurs d’items afin de débuter leur collection ou en compléter une bien garnie. J’en profite à fond en portant les deux chapeaux, celui de vendeur et celui d’acheteur. Les heures s’écoulent à un rythme effréné; achète, vend, vend, achète, achète trop, vend, vend encore… Je n’ai pas vu le temps passé, il est 13 h et Défaillance est attendu pour 14 h.

Autoroute 24
C’est pas peu dire d’affirmer que Défaillance n’a pas chômé pendant la dernière année 2024. Ils fêtaient les 25 ans d’existence de ce projet, né de chums d’enfance, qui a perduré par la force du temps et de persévérance assidue. Compilation de leurs 15 meilleures réussites, accompagnées de deux titres existants, mais traduits en version anglaise : Doomsday Clock et No Control. Cadeau d’une nouvelle toune bonus : Soundcheck.

Hommage aux Flokons Givrés, baptisé Vedgis Revedgis Flokonum, est paru à la fin de la précédente année sur lequel Défaillance y reprend un titre : Barré des Foufs. Bien entendu, ils étaient du lineup pour l’interprétation de cet album aux Foufounes Électriques.
Comble de tout, les boys ont bûché sur l’écriture, la composition, l’enregistrement, la conception et la mise en marché du nouvel album qui vient de paraître le 24 janvier 2025.
Ces trois sorties sont des accomplissements du label Pils Records. Pour « Se rendre malade… (pour des malades) », une collaboration mise en place avec Inside Crew Productions et Studio 1222.

Nouvelle création sur la table d’opération
Je vais faire l’autopsie avec vous du dernier venu dans la famille discographique de Défaillance. J’ai eu l’opportunité d’écouter ce premier vinyle couleur verte pressé en seulement 25 copies, mais je vous rassure qu’un deuxième est en route.
Son titre, choisi adroitement par les membres, est Se rendre malade… (pour des malades). Ce qui est frappant au premier coup d’œil, c’est la pochette qui est une œuvre du réputé dessinateur de tout le graphisme de Bérurier Noir. C’est une conception et un assemblage soignés de la main de Stéphane Côté. Une beauté, quoi!

1. Se Rendre Malade…. 03:07
Beat hypnotisant dressant le portrait décourageant de notre système de santé déficient et contradictoire. Le drum est tellement enivrant préparant le terrain pour des cris dénonciateurs, j’en redemande.
2. 1979 02:53
Le punk n’est effectivement pas décédé en ’79 comme certains le prétendaient. Ressentons la vibe du punk de la fin des années 70 à la sauce actuelle.
3. Fuck ton Apitoiement 02:59
Basse infernale en solo et en accord avec ses autres amis. L’enchaînement parfait des descentes de notes graves. Arrête de te plaindre!
4. Résistance (avec Shantal Arroyo et Joe Evil) 04:29
Ils ont eu le guts de réaliser un trip. Influences de GrimSkunk bien senties, une magnifique offrande à leurs idoles de jeunesse. Je penche pour ce bijou et le déclare être mon favori, mais je ne suis pas objectif, car je suis un inconditionnel de GrimSkunk. En résumé, c’est un risque réussi, un circuit frappé. Réalisez que nous agissons comme des moutons noirs.
5. Avant 03:46
Débute avec la batterie suivie d’une super guit de laquelle émane une combinaisons d’accords innovateurs avec, en arrière-plan, la basse qui se jumèle en symbiose. Tout s’accélère, le chaos s’invite à ce doux vacarme intensif.
6. L’hymne à la Violence 03:01
Introduction aussi avec le drum, mais pas mal plus violent, incisif. La guitare nous surprend une fois de plus. Cette chanson donne envie de slammer, elle lèvera à chaque fois en show.
Qualité de production et d’enregistrement jamais atteinte, standards rehaussés sans retenue. J’entends, je distingue nettement chaque instrument. À la suite de cette lecture, allez y prêter votre oreille via leur bandcamp et vous serez recruté dans ce bataillon street punk. Je vous invite également à lire notre critique sur cet album.

Nectar des punks
Nouvelle bière de la Brasserie Port-Alfred à leur effigie. Je m’empresse d’aller m’en mettre une entre les mains avant le début du massacre. Un onctueux breuvage Scotch Ale bien équilibré avec son 6.5 % d’alcool, elle se descend bien.

All ages show
Ambiance familiale qui règne dans la place, j’y suis moi-même avec mes deux kids. Moi et les autres amochés du système nous entassons sur les abords de la scène. Tout a été ajusté au quart de tour par Kev, le soundman aux commandes de cette capricieuse caisse de résonnance qu’est le Roco bar.

1, 2, 3, 4 punks
Les gars ont l’air en forme. Ils sont encore plus effrayants à la lumière du jour, les croisant habituellement dans la noirceur des salles de spectacle.
Elpunkos, fondateur en 1999, est armé de sa basse et de sa légendaire bonne humeur. Le bassiste martèle ses grosses cordes du bout de son poing abrasif.

Gagnon, là depuis le début en ’99, se présente à nous avec pas d’barbe et des pantalons carottés jaunes ayant fait des jaloux. Il a une sale gueule, putain qu’il est beau.

Spikedfred, défaillant depuis 2001, emboîte le pas, coiffé de ses cheveux rouges. Le retour inattendu de son look 2002.

Gab, ayant fait ses classes, a joint les rangs de ces cinglés en 2022. Dans les nouvelles compositions, le jeune batteur impose de plus en plus la férocité de sa rythmique propulsant le nouveau son de Défaillance à un autre niveau.


Efficience
Frank, le bassiste, n’a jamais été autant omniprésent, rappelant un battement de cœur bien ressenti par toute l’assistance. Il donne à merveille, à des moments ciblés, la réplique à Gagnon.


La voix de Gagnon est encore toute fraîche, reposée pour ce récital si tôt. La plume de P-L a une fois de plus suivi un tracé le menant à des textes victorieux qui scorent.

Fred se réinvente à la guitare, surtout lorsqu’il nous garoche les hymnes pondus pour le dernier album. Des solos bien placés et des notes aiguës inentendues, résultant de l’extrémité de ses habiles doigts menus de guerrier.

L’enthousiasme de Gab gagne ses compatriotes et la foule lorsqu’il beugle ses paroles relançant Gagnon. La complicité vocale entre les deux est palpable, opère efficacement et la magie anticipée prend forme live.
Les quatre détraqués ont déchargé leur setlist de seize munitions, dont quatre nouvelles détonations.

Tournée « Se rendre malade… pour l’Europe »
Nous sommes choyés de les avoir pognés sur le vif juste avant leur départ pour l’Europe du 7 au 16 février; ils sont enfin rendus là après toute cette route parcourue.

Tournée européenne qui comprend neuf dates pratiquement consécutives, n’ayant qu’une seule journée de repos. No stress, les gars sont faits forts. Nous leur souhaitons un bon vol!

Défaillance sera de retour pour en mettre plein la vue aux fidèles fans du Québec en mars. Ils ramèneront peut-être sous leur bras, tel un pain baguette, les vinyles restants de leur nouveau pressing européen sur dix pouces de l’album « Sans contrôle ».
Ils sont déjà bookés pour le Buckfest et bien d’autres…
La glace maintenant cassée pour 2025, je vous dis : à bientôt!
Rédaction : Patrice Belley
Crédit-photos : Patrice Belley (seulement l’image vedette : Marie-Pier Pelletier)
Correction : Céline Montminy
Révision : Marie-Eve Landry