
NOBRO : Plaisir et prise de position avec Set Your Pussy Free
Publié le 07 Nov 2023 par Maxime Isabelle

La formation montréalaise NOBRO nous offre enfin son premier album officiel. Le groupe composé de Kathryn McCaughey (voix, basse, guitare), Sarah Dion (batterie), Lisandre Bourdages (clavier, percussions) et Karolane Carbonneau (guitare, voix) nous avait d’abord offert EP Sick Hustle (2020), suivi de Live Your Truth Shred Your Gnar (2022). Depuis, le groupe a bâti sa réputation en partant en tournée avec des groupes tels que PUP, Alexisonfire et en faisant récemment la première partie de Blink 182 à Toronto. Il est maintenant l’heure pour tous de Set You Pussy Free!
Le création de SYPF
Les musiciennes se sont bien entourées pour écrire et produire l’album principalement composé en collaboration avec le producteur Thomas D’Arcy (connu pour son travail avec July Talk, Sheepdogs et Yukon Blonde). Elles ont enregistré en studio avec Dave Schiffman, qui a travaillé avec des groupes tels que The Bronx, Thrice, Bayside et Rage Against The Machine.

Il est essentiel de parler du titre de l’album, qui revendique l’opposition au renversement de la législation donnant droit à l’avortement aux États-Unis. C’est un message puissant qui nous rappelle que nous devons être libres de faire ce que nous voulons de notre corps, et que cela ne devrait pas dépendre de décisions prises par de vieux hommes blancs en toge. En dépit de l’importance de ce message, le titre nous encourage également à nous laisser aller et à profiter de la vie. Si vous avez déjà assisté à un concert de NOBRO, vous savez que cet aspect est toujours mis de l’avant lors de ses performances.
On se lance dans SYPF
L’album débute avec la pièce titre Set Your Pussy Free, qui sonne comme une tonne de briques. C’est un son punk lourd avec des guitares parfois plus claires et des sonorités purement rock’n’roll. Un mélange parfait qui rappelle la gravité du sujet tout en gardant le sourire. La chanson Let’s Do Drugs continue dans la même veine, une fois de plus avec un son lourd et des voix plus rauques. Cette chanson parle du vieillissement tout en aspirant à recréer l’insouciance de notre jeunesse. Il est essentiel d’en profiter pendant qu’il en est encore temps. Le tout est suivi par Delete Delete Delete, qui n’est pas une ode à Broken Matt Hardy, pour ceux qui connaîtraient la référence, mais bien sûr une chanson nous parlant d’Internet, du mauvais côté des réseaux sociaux et des applications de rencontres. NOBRO donne sa touche personnelle au son Ramonescore, qui est ici revigoré et mis au goût du jour. C’est une excellente pièce qui vous donnera envie de danser !
L’album se poursuit avec AI Sexbots, une pièce plus pop qui pourrait rappeler quelque peu Le Tigre. AI Sexbots parle d’être soi-même sans devoir se soucier de ce que les gens qui nous entourent ou la société pourraient penser. J’interprète le tout comme l’adage Vivre et laisser vivre. I Don’t Feel Like It est la version power pop de Popular de Nada Surf. Des parties de narration préparent une montée vers le refrain, chanté en harmonie par toutes les membres du groupe. On y parle à nouveau de vieillir et du manque d’intérêt face à ce que la vie nous propose. C’est une bonne chanson pour les jours où vous n’avez pas envie de vous lever et d’accomplir vos tâches de la journée. Le second extrait, Where My Girls At, vous rappellera la pièce Better Each Day paru sur Live Your Truth Shred Some Gnar. Au niveau des paroles, on y parle de la création d’un groupe et des difficultés que cela implique.
La seconde moitié de l’album débute avec Cash In On My Cashet, un rock plus mélodieux qui aborde à nouveau les difficultés de la vie. La vibe musicale reste similaire pour la pièce Nobody Knows, mais on y parle ici du besoin de s’évader pour une soirée sans craindre d’être reconnu. Avec Let’s Get Out Of Here, Who the Hell Am I? et Gimme More (Party Through The Pain), on revient au rock plus moderne auquel NOBRO nous a habitués. Ce sont des titres qui évoquent le désir de fuir sa réalité et de recommencer ailleurs, le sentiment de ne pas trouver sa place dans ce monde et la volonté de profiter davantage de la vie.
En conclusion
SYPF est bienvenu en ce début d’automne gris et pluvieux. C’est un album rempli d’énergie, de cris de ralliement, de questionnements et de pur plaisir. NOBRO a fait son nom sur la scène montréalaise depuis un certain temps, mais je crois que cet album le propulsera à un autre niveau et fera parler d’elles au-delà du Québec et du Canada.
Trouver tous les liens pertinents sur le site web du groupe en cliquant ici.
4/5
Rédaction : Maxime Isabelle
Correction : Laurence Saint-Pierre
Révision : Marie-Eve Landry