Home Scène Canadienne Un p’tit tour au Culte de Port-Alfred

Un p’tit tour au Culte de Port-Alfred

Publié le 15 Août 2024 par

Pour sa deuxième édition, le Culte de Port-Alfred attendait la paroisse de pied ferme le 3 août dernier, à La Baie. Ce samedi-là, le terrain de l’église Saint-Édouard fourmille d’une foule de gens. Ce bourdonnement particulier s’entend très bien, même de loin. Mon arrivée se fait sous une chaleur accablante et un soleil de plomb. Le bâtiment, majestueux, accueille encore la scène couverte. Cette dernière s’est agrandie pour plus de commodité. Une œuvre de l’artiste Marie-Pierre Gagnon trône à l’entrée du site. Je l’aime bien, avec ses couleurs et son homard géant. De plus, je trouve ça amusant, de la regarder sous plusieurs angles. En fait, j’avais plutôt hâte de replonger dans la bulle du Culte.

Des kiosques de merch avec un stand de tatouage et les fresques interactives de David Dallaire s’ajoutent au portrait. Des gens de tous âges ajoutent leur touche personnelle ou leur griffe aux canevas en forme de vitraux – la même forme que les fenêtres du bâtiment. Même moi, je n’y manque pas. Déjà, je constate le succès du volet familial, largement bonifié cette année. Les enfants s’amusent dans les jeux gonflables pendant que j’explore le site en longeant les kiosques et en lorgnant les œuvres d’art… Évidemment, la Brasserie Port-Alfred est présente, histoire d’abreuver les assoiffés de sa bière “Culte”, cuvée pour l’occasion.

L’esthétique géométrique d’Angine de poitrine

Angine de poitrine se décrit comme étant un “mystérieux orchestre rock microtonal frénétique”. Puisque j’avais entendu parler de leur unicité, j’attendais de les voir, fascinée par l’inconnu. Je ne fus pas déçue. Les deux personnages qui habitent la scène cadrent parfaitement avec le caractère du Culte. En cette fin d’après-midi étouffante, je plains presque ces musiciens vêtus de pied en cap de chapeaux-masques et d’habits picotés. Iels bravent la chaleur torride pour faire danser le public sous leurs accents funk. C’est magnifique.

Je me laisse emporter par leurs accords électriques et leur musique instrumentale un peu psychédélique. C’est génial. Mon attention est totalement captée par l’esthétique géométrique du duo : ça fitte avec leur musique. Bientôt une pyramide dorée en carton-pâte circule dans le public, transportée par les adeptes : un peu tout le monde l’essaie, et elle voyage ainsi de tête en mains. Entre les chansons, la foule mime des triangles avec les doigts et répète “angine de poitrine” en chœur avec le band. L’esthétique et l’atmosphère sont tellement invitantes qu’on se prête facilement au jeu d’Angine de poitrine… Quoi qu’il en soit, j’ai adoré ma découverte et mon expérience aux accents triangulaires.

Plongeon au cœur des années 60

Un peu plus tôt, j’étais au comptoir-marchandise, sans grand espoir de mettre la main sur l’un des t-shirts des Jaguars, imprimé en seulement 60 exemplaires. J’ai eu une surprise encore là, puisque ledit vêtement était non seulement disponible, mais aussi de ma grandeur. 

Comme j’avais hâte d’entendre la musique des Jaguars. Accueillis par un tonnerre d’applaudissements, Martin Moe, Luc Gagné, Mark Parker et Johnny Delisle ont pour mission de faire revivre ce groupe mythique d’Arvida en interprétant l’entier de leur album éponyme. Magnifiques dans leur chemise au pelage de jaguar, le quatuor entend bien faire rocker toute la place. Je suis tout de suite charmée par les deux premières chansons aux accents surf. Puis Martin enchaîne : « on a modifié un peu l’ordre de l’album. Celle-là c’est Helena Maria. Normalement c’est la première, mais on la joue en troisième. » Je crois que personne n’est dérangé par cette prise de liberté.

Au cœur de la tempête

Il fait chaud, c’est humide. La vague de rock ensoleillé des Jaguars envahit toute la foule. Enfin, le vent se lève et dissipe la chaleur. C’est alors que Reynold Morissette, batteur et original et membre fondateur des Jaguars se joint au groupe sur scène. Il interprétera Mer Morte ainsi que deux autres succès du groupe. C’est cool. Je me dis qu’il doit être bien excitant pour M. Morissette de vivre un tel moment, à l’image probable de ses souvenirs. 

Bientôt, le MC prend le micro et avertit les gens de se mettre à l’abri. En effet, la lourdeur barométrique et l’aspect du ciel annonçaient le pire. Au même moment, un vent de tempête souffle en tourbillons violents. Rapidement, la foule quitte le site en masse pour quérir un abri. Quelques instants plus tard, les nuages se déversent et le tonnerre gronde.  Cette trombe soudaine est digne de l’apocalypse, avec les éclairs et le vent rugissant. De la grêle tombe aussi. C’est cultissime.

Après la pluie, le Culte

Les festivités reprennent après cet intermède pour le moins orageux. Heureusement, l’orage n’a pas altéré la joie du public, [re]venu nombreux dès les éclaircissements. Le groupe-hommage aux Jaguars termine son set. D’ailleurs, comme l’a si bien dit Martin Moe : “Personne n’aura raison des Jaguars mesdames et messieurs”. Il a raison. La pluie n’a arrêté personne. Je manque les groupes suivants; il faut manger et se changer. Absorbée par les conversations entre amis, je manque le spectacle de Bobo Ono, groupe au look éclectique et aux accents pop funk. J’ai quand même pu apprécier leur chanson Désolé, un mea culpa plutôt original pour une « vie de débauche et de rock n’ roll », comme le dit le band. Belle prestation.

Le retour des Dales Hawerchuk

L’attente est longue – très longue – avant que Les Dales Hawerchuk n’entrent en scène. Cependant, le groupe compte bien faire oublier cet entracte au public, en débutant leur show sur les chapeaux de roues. La foule se rassemble, saisie par l’énergie émanant des p’tits gars des Dales. D’ailleurs, le crowd fait écho pendant le refrain : les “oh yeah, oh, oui monsieur !” résonnent et rebondissent un peu partout. 

Après cette entrée en matière pour le moins décoiffante, Sylvain Séguin (voix) lance : “On est content d’être icitte !”. Il en profite pour donner des nouvelles des Dales Hawerchuk, absents de la scène depuis deux ans. Durant ces quelques minutes, Séguin explique : “[…] pendant ce temps-là on travaillait sur un esti de bon album !” La promesse du band concernant la qualité du contenu à venir est bien sentie. La réponse du public est incroyablement bruyante; on accueille la nouvelle à cor et à cris. De ce fait, je vous invite à écouter leur nouvel extrait Belle voiture, ici.

Le Culte, comme on l’aime

Tout le long du set, les Dales revisitent leurs albums et leurs grands succès,  insérant une nouvelle tune par-ci, par-là. Au bout du compte, tout le monde se délecte du Reel du p’tit minou, de Mais où est donc Carnior ? et d’autres chansons comme Direct dans le mille, composée spécialement pour l’équipe des Saguenéens de Chicoutimi. Le spectacle se termine sous les acclamations, et le site se vide quand même rapidement. En effet, plusieurs personnes partent déjà vers le Paradox, pour l’après-spectacle. Pour ma part, la soirée est terminée : j’ai le cou barré.

Lire aussi
Des annonces pour deux festivals du SaglacLa Baie embrasse Le Culte !Parlons “Culte de Port-Alfred”

Rédaction : Julie Fortin

Photographie : Annie Freska Blackburn – Les photos de l’hommage aux Jaguars sont une courtoisie de Jerry-Cherry

Correction et révision : Marie-Eve Landry

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé la musique, le style punk et les crêtes dressées. J'suis une intello finie, un peu geek et un peu pirate. J'évolue régulièrement dans les shows et dans le événements. Tu m'y verras souvent en retrait, mais toujours à l'écoute. J'ai parfois l'air sauvage parce que je dis pas un mot ou si peu. En fait, j'suis dans ma bulle, à penser à toutes sortes d'affaires ou à juste vivre le moment présent. Viens me parler, j'suis ben smatte, bien que j'aie plus de mots sur papier que dans la vraie vie. Correctrice, rédactrice et admin au sein du Bad Crew, j'ai pour objectif de faire rayonner la scène du SagLac, qui est vivante, accueillante et remplie de trésors de toutes sortes!