Jonathan Tremblay: 10 albums ayant eu une influence majeure sur ma vie
Publié le 30 Mar 2023 par Antonio Geraldo
La saga des top 10 albums qui ont changé la vie d’un.e punk rockcoeur se poursuit. Cette fois, c’est mon copain Jonathan Tremblay qui y participe. On le connait surtout pour chanter dans les groupes Crash Ton Rock et Brigue, deux super bands de la région du Saguenay! Un chouette type avec qui j’ai eu la chance de discuter à quelques reprises.
-Antonio Geraldo
L’exercice en tant que tel…
Lorsque j’ai reçu la demande de faire un « top 10 des albums qui ont changé ma vie » par mon ami Antoine aka Antonio Geraldo (drummer du groupe Radiology, fondateur de KeepHope Productions et collaborateur au Bad Crew), j’ai été flatté et je me suis dit « Cool, ce n’est pas une grosse job et c’est une super belle opportunité de faire l’exercice de revisiter les albums qui m’ont marqués et de les partager, alors pourquoi pas, let’s do it! ». Cependant, je ne m’imaginais pas alors que ce serait un exercice aussi crève-cœur et fastidieux que de devoir faire le tri et de limiter une vie complète de mélomane quarantenaire à 10 albums. Il y a tellement de bands qui ont eu un impact majeur sur ma vie… J’ai donc dû couper au moins de moitié de la liste que j’avais fait initialement, et croyez-moi, il y eu des choix déchirants.
J’aurais aimé parler du premier album que j’ai reçu en cassette qui m’a initié à la musique (Snob des BB haha), de l’album So far so good, so what de Megadeth; mon premier contact avec le punk avec la chanson Anarchy in the UK, de l’album Unplugged de Nirvana que j’ai écouté tellement de fois seul dans ma chambre quand j’étais ado que c’était presque devenu un supplice pour ma mère. Des albums comme Nevermind the Bollocks des Sex pistols et Dance my dunce de FYP qui rendaient mon frère fou à coup sûr quand je les écoutais à tue-tête sur l’heure du midi pendant mes années de secondaire; de l’album Trashed de Lagwagon qui me portait réconfort et me permettait de m’évader dans ma tête quand j’étais enfermé à la Maison de l’espoir pour problème familiaux et de consommation, de Dancing for Decadence des Ste Cath que j’ai écouté tant de fois de ma mi-vingtaine à ma mi-trentaine que ça aurait pu facilement être la trame sonore de cette époque ou encore de mon amour pour Hot water music…
Par contre, j’ai dû me requestionner et me limiter à ceux qui ont changé le cours de ma vie. Bref, les voici en ordre chronologique :
1. The Doors – L.A Women
The Doors c’est le band qui m’a éveillé sur le fait qu’il y avait autre chose que la musique ultra léchée remplie de clavier, avec des sons de snare dégoulinant de reverb, faite par des chanteuses insipides et vides de contenu, aux toupettes crêpés de la musique mainstream des années 80 (ex: Martine St-Clair / Laver-laver).
J’avais alors 10-11 ans et déjà, je me sentais différent à l’intérieur et pas à ma place parmi mes « amis » de classe de l’époque, qui eux, avaient l’air heureux, étaient membre du Club des 100 watts et semblaient dépourvus de tout questionnement face à leur propre existence. Ils semblaient vivre dans un monde complétement différent du mien.
La musique des Doors composée de la voix hypnotique de Jim Morrison, de l’orgue de Ray Manzarek, de la guitare de Robbie Krieger et des jeux de drum jazzy de John Densmore, était alors en total discordance avec tout ce que je connaissais à l’époque. Ça répondait au sentiment de différence qui m’habitait même si je ne comprenais alors aucun mot de leurs lyrics. En écoutant leur musique, je me sentais à ma place. J’écoute encore souvent la musique des Doors et elle me fait du bien à l’âme. J’ai le sentiment que c’est le band le plus punk du mouvement hippie. Et j’suis même pas mal sûr que ce l’est plus qu’une chiée de bands qui revendiquent faire partie de cette culture aujourd’hui (du bon… Non c’est pas tout l’temps bon!)
Tune « préf » de l’album: Love her madly
2. Guns’n’roses – Use your illusion II
Parlant de toupettes crêpés, ce serait dur de passer à côté de mon amour pour cet album de la bande d’Axl Rose, découvert pas longtemps après les Doors. C’est le premier band «mean» que j’ai écouté. Il m’a éventuellement emmené à flirter avec mes premières découvertes métal (Iron Maiden, Metalli-quoi, Megadeth, Slayer), et peu de temps après avec le punk-rock.
Même si je crois que leur leader est un douche bag de catégorie de course, je trouve encore cet album-là génial aujourd’hui. Les chansons sont vraiment bien pensées et il y en a certaines qui, à mon avis, frôlent le génie (November rain, Estranged, Civil war) par leur structure, leur instrumentation et leur harmonisation.
Tune « préf » de l’album: Estranged
3. Rancid – Let’s go
J’ai aimé des albums punk-rock avant celui-là, mais quand je suis tombé sur Let’s go de Rancid, ça a été comme une révélation pour moi. J’ai su à cet instant là qu’il n’y aurait plus de retour en arrière possible. Je suis littéralement tombé en amour avec la voix de Tim Armstrong, les paroles, la musique, le style du band, la basse de Matt Freeman (j’étais jeune et je ne savais pas trop à quoi servait cet instrument avant d’entendre Rancid).
J’ai usé la cassette à la corde dans mon Discman shock wave jaune, et j’ai dû la rembobiner au moins 1000 fois à la main avec un crayon (les dinosaures comprendront) parce que le tape se faisait toujours bouffer par le lecteur.
J’ai ensuite acheté la discographie au grand complet (y compris tous les E.P) jusqu’à l’album Rancid 2000. J’ai même le premier E.P. intitulé Rancid sorti en vinyle chez Lookout! Records en 1992, ainsi que le premier E.P vinyle avec Lars Frederiksen Radio, Radio, Radio sorti chez Fat Wreck en 93. Bref, j’ai été un gros gros fan du band pendant une couple d’années mais mon pref reste Let’s go.
Tune « préf » de l’album: Dope sick girl
4. Operation Ivy – Energy
Dur d’être fan de Rancid et d’ignorer leur prédécesseurs Operation Ivy! Ceux qui ont suivi la totalité de ma carrière musicale savent que j’ai fait mes premiers pas dans la scène à l’intérieur de groupes ska-punk (salutations à mes anciens bandmates de Code d’éthique).
Operation Ivy a officiellement été la bougie d’allumage pour l’intérêt que j’ai porté au genre. C’est aussi le band qui m’a sensibilisé à l’éthique et aux valeurs punk et qui m’a insufflé le sentiment d’appartenance et de communauté qui m’habite encore aujourd’hui. Sans les lyrics d’Op.Ivy je ne serais certainement pas la personne que je suis devenu aujourd’hui. Je ne sais pas quoi dire à part que c’est un album parfait du début à la fin et que je l’écoute encore assez régulièrement.
Tune « préf » de l’album: Unity
5. Chocking Victims – No gods, No managers
Un autre band qui a eu une influence majeure sur ma vie!
La première fois où j’ai entendu C.V, je venais tout juste d’acheter la compilation Give ‘em the boot sortie en 97 chez Hellcat Records, le tout nouveau label de Tim Armstrong à l’époque (tu suis la logique?).
Je me souviens de ma première écoute et du sentiment qui m’habitait en me disant que j’avais jeté au feu le peu d’argent de poche que j’avais dans une compilation que je trouvais assez moyenne. Pis après presque 15 chansons : BOUM!!!!! Je tombe sur Infested qui avait tout ce que j’aime d’une chanson : une mélodie super efficace, une voix de garnotte, des lyrics deep, etc… Je n’ai jamais accroché au reste de la compilation, mais j’ai écouté cette tune-là sur repeat jusqu’à ce que je me procure l’album No gods, no managers en entier.
J’ai ensuite été un fan hardcore de tous les bands en relation avec Chocking Victims (Leftöver Crack, Morning Glory, Indk etc.) et ça a teinté ma musique jusqu’à ce que j’apprenne par mon ami Hugo Mudie (et plus tard en lisant le livre sur Leftöver Crack…et plus tard encore en suivant la saga avec Withney Flynn) que Stza est une merde. J’écoute encore assez souvent CV même si j’ai honte, haha.
Tune « préf » de l’album: War Story
6. Vulgaires Machins – Vingt-quatre quarante
D’emblée, ce n’est pas mon préféré des Vulgaires Machins, mais c’est officiellement celui qui a eu le plus d’influence sur ma vie. D’ailleurs, je n’aurais probablement jamais chanté en français si je n’avais pas entendu 24-40. C’est le premier album qui m’a fait réaliser que faire du bon punk-rock québécois en français c’était possible (sans l’accent franchouillard de Banlieue Rouge, Les Parias, Béru, Parabellum ou encore des Shériffs).
Plus tard, Guillaume a travaillé avec moi sur l’album Volte-Face de Crash ton rock et j’ai vu à quel point c’est un gars dédié qui travaille bien, qui pense aux textes, et qui travaille sur la musique. Ça n’a fait que renforcer mon admiration pour les Vulgaires Machins. Je n’écoute plus 24-40. L’album Compter les corps est mon album francophone préféré (de la francophonie au grand complet toutes catégories confondues).
Tune « préf » de l’album: Faut pas leurrer
7. The Broadways – Big city…
Comme je l’ai mentionné plus haut, jouant moi-même dans un band ska-punk jusqu’à ma mi-vingtaine, mon intérêt pour le punk-rock a été fortement teinté par le ska. Au secondaire, venant du Saguenay, à l’ère des premiers balbutiements d’internet, et avec une offre de disquaires très limitée, il fallait être débrouillard pour être à jour et avoir accès à l’éventail de ce qui se faisait à l’époque.
J’entretenais donc une correspondance avec Mike Park qui jouait dans les Skankin’ Pickle et qui venait de lancer l’étiquette Asian Man Records. Un jour, dans un anglais assez approximatif, je lui ai demandé s’il y avait d’autres albums que ceux que je possédais de Link 80 et Slapstick. À ma grande surprise, quelques semaines plus tard en revenant de l’école, ma mère m’a dit que j’avais reçu un colis. C’était l’album A gift befrore I go du groupe Knowledge de Nick Traina (chanteur de Link 80) et le E.P. Big City de The Broadways (alors nouveau groupe de Brendan Kelly de Slapstick, Lawrence Arms,etc) que j’avais reçus tout à fait gratuitement.
Dès que j’ai mis l’album dans le radio player et que j’ai entendu la chanson Lake Michigan, je suis automatiquement tombé en amour avec les paroles et les chansons du groupe, qui détonnaient par rapport à ce qui se faisait dans le punk-rock à l’époque. J’ai ensuite suivi tout ce que Brendan Kelly a fait par la suite et sa musique est devenue une influence majeure dans mon existence.
Chanson de l’album « préf » : Lake Michigan
8. Against Me! – Reinventing Axl Rose
Celui-là a littéralement changé ma vie. Il y a eu un avant et un après.
Mon petit cousin m’avait envoyé des chansons téléchargées sur Soulseek ou Napster (je ne me rappelle plus trop). Il y avait, entre autres dans le tas, le E.P Crime as Forgiven de Against Me!. Dès que j’ai entendu la chanson Burn, j’ai complétement été séduit par ce nouveau son que je n’avais alors jamais entendu.
Quelques semaines plus tard, sortait Reinventing Axl Rose. Je suis allé les voir jouer à L’X à Montréal avec The Ste-Catherines. Je jouais encore avec Code d’éthique à l’époque. J’étais avec mon ami Dany (maintenant guitariste de Crash ton rock) et quelques mois plus tard, c’était fini le ska et on startait Crash ton rock. Against me!. C’est d’ailleurs encore à ce jour un des dénominateurs communs de tous les membres de Crash ton rock.
Tune « préf » de l’album: Pints of guiness make you strong
9. Yesterday’s ring – El Rancho
Acheté dans le sous-sol du Exo (ou X20?) à Québec en allant voir jouer la Descente du coude, un après-midi dans le milieu de la rue, en basse ville de Québec, à la même époque où j’ai commencé à tripper sur Against Me! (un autre album qui a fortement influencé Crash ton rock à ses débuts).
Contrairement à la majorité, j’ai tripé sur Yesterd avant les Ste-Cath. Les albums de Yesterday’s ring sont littéralement devenus la bande sonore de ma jeune vie d’adulte. Hugo Mudie a réalisé les deux premiers albums de Crash ton rock. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup et que je considère comme un ami même si je n’ai pas la chance de le croiser souvent. Rien de plus à dire.
Chanson « préf » de l’album: Dying to Forget
10. Leatherface – Mush
Au début des années 2000, mon amie Steph est allée en Angleterre et elle m’a dit qu’elle avait un band à me faire découvrir : c’était l’album Mush de Leatherface.
Ce band-là m’était alors totalement inconnu, et au début j’ai eu un peu de misère avec la manière dont l’album était enregistré. En revanche, les chansons, I want the moon, Springtime, Baked Potato, Not a day goes by et leur cover de Message in the bottle de The Police sont restées scotchées dans la tête.
C’est devenu un album addictif, et j’ai toujours suivi le groupe par la suite. En 2010, avec Crash ton rock, j’ai eu la chance de faire une partie de leur tournée au Québec avec Yesterday’s ring sous l’invitation d’Hugo. C’était 3 shows magiques; des moments que je garderai précieusement dans ma tête pour le reste de ma vie. Leatherface reste à ce jour une grande source d’inspiration quand je compose les guitares d’une chanson.
Tune « préf » de l’album : I want the moon
Texte par Jonathan Tremblay
Revu et corrigé par Julie Fortin