Billy Idol, une légende encore bien vivante
Publié le 27 Août 2024 par Patrice Belley
J’ai les yeux rivés sur le moniteur de mon ordinateur portable la journée où se tient la mise en vente des billets pour le passage du légendaire Billy Idol dans la ville de Québec. Étant connecté rapidement parmi les premiers dévaliseurs prêts à bondir sur les meilleures places disponibles en début de liquidation, je me paie la traite. Je réussis à mettre la main sur une paire d’as, c’est peu dire. Le 19 août, je serai assis au Centre Vidéotron dans la section parterre, troisième rangée. Je vais l’avoir direct dans ma face. C’est la première fois que je serai situé aussi proche pour un spectacle présenté dans un amphithéâtre.
Cri rebelle
Je préfère les shows plus intimes dans des petites salles où je ne suis jamais loin de mes idoles. Mais les présentations de grande envergure comme celle-ci déploient une qualité grandiose tant au niveau du son que du visuel. De plus, le Centre Vidéotron est l’une des plus belles constructions de ce type. Cet édifice de haut prestige offre donc dans les oreilles de ses auditeurs une sonorité accrue, sans bavure. Nous allons recevoir la visite de Billy Idol lors de la célébration du 40e anniversaire de son deuxième album intitulé Rebel Yell : celui qui a connu le plus de succès au cours de sa carrière et fracassé les chiffres de vente.
Un lundi pas comme les autres
La date espérée est enfin à ma portée, mais c’est un lundi. Le plan établi est donc, pour moi et ma conjointe, de partir après le travail en fin de journée pour attaquer les kilomètres du parc des Laurentides. Le premier groupe est attendu pour 20 heures. Bonne nouvelle, Billy arrive de performer à Montréal et cela date de jeudi. Par conséquent, il sera reposé et sa voix également, par défaut. Je stationne mon véhicule au pied du détecteur de fumée et je réalise déjà l’abondance de fans s’étant déplacés afin que ce ne soit pas un rendez-vous manqué pour eux. Ma constatation initiale est que l’aréna est à pleine capacité, mis à part les deux sections adjacentes de chaque côté de la scène qui sont fermées. Je prends position sur ma chaise bien nantie parmi les privilégiés à proximité de l’action.
Platinum Blonde
Une odeur particulière vient chatouiller mes narines, je n’arrive pas à l’identifier sur le coup. Oui ! Ça sent le spray net, car il est maintenant 20 heures tapant et Platinum Blonde fait son entrée : un groupe pop canadien originaire de Toronto. Il a connu son heure de gloire surtout à ses débuts avec l’apparition en 1984, dans les bacs des disquaires, de son premier album Standing in the Dark.
Time machine
Nous sommes assis confortablement pour apprécier le jeu musical qui est au point. Il ne faut pas oublier que les membres du groupe ne sont plus des jeunesses. Malgré tout, ils paraissent bien, étant aidés par plusieurs injections de botox ne passant pas inaperçues. Ils sont généreux et sympathiques tentant de sourire à la foule avec leurs lèvres désormais immobiles. Nous sommes carrément plongés, tel un voyage dans le temps, dans les années 80 qui sont animées par un élan inépuisable.
Le sprint final
À mi-chemin dans l’accomplissement de leur setlist, il ordonne au public de se lever. Les chansons à venir, ça s’écoute et se vit debout. À partir de cette seconde, le trio enchaîne ses plus grands hits pour le bonheur de ses adeptes qui accompagnent le chanteur de leur timbre. Cette leçon de musique s’est finalisée après une heure de nostalgie.
Punk dans l’âme
Pour le prochain chapitre, je vais commencer par un cours d’histoire, en toute modestie. Le véritable nom du Britannique Billy Idol est William Broad. Son surnom lui a été attribué par un enseignant de son lycée qui le traitait de fainéant, Idle en anglais, se prononçant « idol« .
De suiveux à leader
Il est maintenant âgé de 68 ans, ce qui fait en sorte qu’il en a vu passer des périodes et courants musicaux, en partant de la naissance du mouvement punk. Son aventure prend son envol en 1976 lorsqu’il joint le Bromley Contingent, groupe de fans et suiveurs des Sex Pistols. Ne pas oublier aussi la boutique SEX de Vivienne Westwood, qui inspira l’esthétique punk.
De Chelsea à Gen X
En 1977, Billy Idol devient le guitariste de la formation punk Chelsea pour un bref moment. Par la suite, il fonde son propre groupe, avec son bassiste Tony James, qu’il nomme Generation X. Le terme choisi réfère à la société occidentale née entre 1960 et 1981. Tellement un bon band punk méconnu dont je possède tous les albums en vinyle!
La trinité
Generation X se sépare après l’échec commercial de son troisième album Kiss Me Deadly. Son parcours est court et intense, trois ans, trois albums. Generation X datant de 1978, suivi de Valley of the Dolls en 1979, sont peuplés d’excellentes chansons et frappent fort à leur sortie. Ce qui nous amène à l’année 1981, moment charnière pour William qui lance sa carrière solo, adoptant un style rock new wave hargneux. Honnêtement, la vague punk était en train de s’essouffler, mais aujourd’hui nous savons très bien que ce n’était qu’un ralentissement.
Billy Idle
Je me dépêche d’aller sélectionner un souvenir pendant le changement de line up. J’opte pour un t-shirt noir présentant la liste des villes visitées pendant la tournée, dont la mienne : Québec. L’audience est sur le qui-vive. J’entends un agent de sécurité dire aux spectateurs assis dans la première rangée que c’est prévu pour 21h20. Effectivement, quelques minutes s’écoulent et le show démarre avec lumières éteintes créant une noirceur. En arrière-plan, un écran géant lumineux affiche une image 3D thématique. Nous n’apercevons que la silhouette de chacun des musiciens, pieds ancrés dans le stage, à l’affût. Les lumières s’allument et les sept artistes, en harmonie, entament la première tune. Plus personne ne demeure cloué sur son siège, tout le monde est debout pour leur offrir un accueil à leur juste valeur.
Des êtres d’exception
Tout à coup, on sent l’arrivée de la vedette tant attendue, de l’homme de la situation. Parce que, oui, j’ai ressenti des frissons quand il a surgi devant moi. Il dégage une prestance tellement intense, un charisme indéniable. La dernière fois que j’ai eu le même sentiment, c’était pour Glenn Danzig, chanteur des Misfits, Samhain et en solo. Une aura spéciale, difficile à décrire, les entoure, fait partie intégrante de leur personne. Nous devenons hypnotisés, attentifs intensément à leurs mouvements exécutés, à leur manière de s’exprimer et d’être.
Le reste de la gang
Monsieur est solidement entouré avec notamment Steve Stevens, le prodige, le virtuose de la guitare à la tignasse longue noire et unique en son genre. C’est son compagnon de route depuis son virage emprunté après la dissolution de son band punk Génération X. Il est pour Billy Idol, l’équivalent de ce qu’est, par exemple, Tony Lommi pour Ozzy Osbourne. Le groupe est aussi composé d’un deuxième talentueux guitariste, d’un bassiste en maitrise de son art, d’un batteur déchaîné, d’un synthé disjoncté et de deux choristes féminines dotées d’un puissant vocal.
Un visuel sur la coche
Le coût du ticket en vaut le coup, on nous en met plein la gueule. Je suis agréablement heureux et comblé d’en venir à la conclusion qu’il a encore une bonne voix. La mise en scène est éblouissante avec les changements de décor représentés par de nouvelles images contextuelles par rapport à la chanson interprétée. De nombreuses guitares font leur apparition, plus impressionnantes les unes que les autres. Billy Idol nous démontre toute l’étendue de son talent et de sa garde-robe. Chaque manteau, jacket ou chandail est plus beau, élégant, audacieux que le précédent porté. J’en aurais volontiers mis un sur mes épaules pour le ramener à la maison. Il s’amuse à lancer des frisbees dans l’assistance, bien sûr des picks, des baguettes et à distribuer des feuilles du setlist. Mention spéciale aux deux magnifiques choristes qui l’accompagnaient, du bon boulot.
Crinque le volume
Mes coups de cœur sont, sans grande surprise, ses hits tant chantés : Flesh for Fantasy, Rebel Yell, Dancing with Myself. Ils ont joué pendant 1 heure et 30 minutes, mais malheureusement sans rappel offert, malgré notre insistance. À plusieurs reprises, j’ai pris le temps de faire un tour d’horizon de 360 degrés pour admirer l’immensité de la foule qui m’enveloppait et pour vibrer avec eux. C’est toujours impressionnant à contempler.
Generation Sex
Billy Idol est toujours actif. Il a formé un groupe nommé Generation Sex ayant dans ses rangs Steve Jones de Generation X et deux membres des Sex Pistols : Tony James et Paul Cook. Cet amalgame de surdoués donne des concerts au plaisir des amateurs de punk. Billy a aussi attiré l’attention au rassemblement organisé annuellement en la mémoire de Johnny Ramone. Il y a livré une prestation en duo avec Tim Armstrong de Rancid.
Rédacteur : Patrice Belley
Correction : Valérie Lapierre
Crédit-photo : Patrice Belley
Révision : Julie Fortin