Destroy Boys au Théâtre Fairmount
Publié le 28 Nov 2024 par Maxime Isabelle
Le 12 novembre dernier, Destroy Boys était de passage au Théâtre Fairmount dans le cadre de leur tournée Funeral Soundtrack #4. J’avais de grandes attentes pour ce concert, car leur prestation précédente, en septembre 2022 m’avait grandement impressionné. Cette fois-ci, ils étaient accompagnés du groupe Chokecherry et de l’artiste SASAMI. Comme d’habitude, j’avais fait mes devoirs en écoutant un peu la musique des premières parties. Honnêtement, ma première impression n’était pas la meilleure, mais je reste toujours optimiste : un artiste peut surprendre en live et offrir une performance qui change totalement notre perspective. Voyons si cela a été le cas.
Pour ce concert en semaine, j’étais accompagné de ma copine et de ma fille qui est une grande fan de Destroy Boys depuis la sortie de leur plus récent album. C’était une belle sortie en famille, mais ne le dites pas à sa professeure puisque je lui ai permis de manquer sa première période le lendemain pour qu’elle puisse se reposer!
Le premier constat que je fais est de suggérer aux responsables de la salle et au promoteur de s’entendre sur l’heure annoncée du spectacle. En effet, l’événement Facebook mentionnait que le début du spectacle était à 20 h, et lors de l’achat du billet, il était indiqué que les portes ouvraient à 18 h 30 et que le spectacle commençait à 19 h 30. Nous avons décidé d’arriver tôt, question de voir la marchandise et de prendre le temps de s’installer. Mais finalement, à notre arrivée, la formation Chokecherry montait sur scène pour lancer la soirée.
Chokecherry lance le bal
Chokecherry est une jeune formation de San Francisco composée d’Izzie A. Clark (voix et guitare), de E. Scarlett Levinson (voix et basse) et d’Abri Crocitto (batterie). Ce groupe profite de la tournée pour présenter leur premier EP, Messy Star, sorti le 25 octobre dernier. Comme je l’ai mentionné plus tôt, je n’avais pas de grandes attentes pour les premières parties, mais j’ai été agréablement surpris dans le cas de Chokecherry. Leur performance et leur présence sur scène m’ont vraiment impressionné.
Dans un registre qui s’accorde bien avec Destroy Boys, Chokecherry propose un son légèrement plus vaporeux, teinté de sonorité shoegaze, noise rock et influencé par la scène grunge des années 90. Leurs influences qui sont, entre autres, Ty Segall, Fugazi, My Bloody Valentine, Slint, Nirvana, Hole, Sonic Youth et Dinosaur Jr. se ressentent bien dans leurs compositions. Avec cette base sonore riche et leur énergie sur scène, je pense que ce groupe mérite d’être suivi de près dans les années à venir pour voir ce qu’il nous réserve.
La pop de SASAMI
SASAMI est une artiste solo qui a commencé sa carrière musicale en 2015 avec le groupe Cherry Glazerr, où elle jouait du synthétiseur. En 2018, elle a annoncé son départ du groupe pour se lancer dans une carrière solo. Sur scène, elle était accompagnée de son batteur, Diego. J’aurais aimé pouvoir dire que, tout comme Chokecherry, la performance de SASAMI m’a surpris, mais cela n’a pas été le cas. Bien que sa musique ne m’ait pas vraiment touché, je reconnais qu’elle avait une bonne présence sur scène et a su interagir positivement avec la foule. Cependant, à mon avis, la combinaison entre SASAMI et Destroy Boys ne fonctionne tout simplement pas. Même si Destroy Boys attire des gens de tout âge, le public était majoritairement dans la jeune vingtaine, avec quelques parents accompagnant leurs enfants. Peut-être voulait-on attirer une foule diversifiée avec des styles différents.
À un moment donné, SASAMI a tenté de lancer un mosh pit, mais sans grand succès. Les moments les plus rock de sa performance étaient ses échanges avec le batteur Diego, qui a notamment intégré un passage en double kick, bien que cela n’ait pas été particulièrement marquant. Il était toutefois intéressant, et surtout inattendu, d’entendre le cor français, joué par SASAMI, en introduction d’une pièce. Finalement, je vous invite à écouter SASAMI pour vous faire votre propre opinion, car comme vous l’aurez sûrement deviné, je ne suis pas le public cible.
La trame sonore des funérailles de Destroy Boys
Alors que nous attendions tous l’arrivée sur scène de Destroy Boys, le groupe a plutôt laissé la parole au regroupement CLAC (Convergence des luttes anticapitalistes) pour sensibiliser le public aux actions de protestation contre les investissements de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Celle-ci investit actuellement dans des entreprises qui contribuent de près ou de loin au génocide qui a actuellement lieu en Palestine et au Liban.
Une fois ce message dédié à la solidarité complété, c’était au tour de Destroy Boys de faire leur entrée. En arrière-plan, un écran projetait des images de cimetière, créant une ambiance bien désignée. Violet Mayugba (guitare et voix), Narsai Malik (batterie) et David Orozco (basse) ont pris place sur scène et ont démarré avec la chanson Shadow (I’m Breaking Down), avant d’être rejoints par Alexia Roditis (voix et guitare) quelques instants plus tard. Après une interprétation électrisante de Crybaby et Drink, Alexia a salué la foule, rappelant les règles de respect et de sécurité pour que tout le monde puisse profiter du spectacle dans les meilleures conditions.
Le groupe a ensuite enchaîné avec la chanson Plucked, un extrait du dernier album, suivie de K Walker Street, issue de leur premier album I’m Sorry Mom. Un peu plus tard, Violet se joint à Alexia au vocal pour l’interprétation de la chanson Beg For Torture, pendant qu’un des membres de l’équipe technique prend place à la guitare. Ensuite, Alexia prend la guitare et Violet reste au vocal pour les pièces Should’ve Been Me et Muzzle. Ce moment intense a été suivi de Amor Divino, qui a adouci l’atmosphère juste avant la dernière partie du concert.
Diversité, équité et inclusion selon Destroy Boys
Le groupe a livré une performance exceptionnelle avec une présence sur scène impressionnante. Destroy Boys incarne une partie de la population qui aspire à vivre en harmonie et dans l’acceptation des différences en étant revendicatrice face aux injustices. La formation s’engage activement pour les droits liés à la diversité, en particulier en ce qui concerne l’identité de genre. Avant d’interpréter la chanson Boyfeel, Alexia a partagé l’histoire d’un ami qui lui a récemment confié qu’il s’identifie comme une personne non binaire, rappelant que l’identité de genre est une construction de la société. Pendant longtemps, ce concept a surtout servi à privilégier les hommes cisgenres tout en minimisant la place des femmes et des personnes non binaires. Pour paraphraser ce qu’Alexia a dit, « soyez qui vous voulez, habillez-vous comme vous voulez. Et si quelqu’un vous juge pour cela, vous avez le droit de lui dire de s’occuper de ses affaires et de vous foutre la paix ».
Au moment du rappel, Alexia est revenue seule sur scène pour interpréter Piedmont. Avant de commencer, elle a rappelé au public que nous avons le pouvoir de changer le monde grâce à nos actions. Il suffit de s’unir et de soutenir les causes qui nous tiennent à cœur. Elle a souligné que les changements véritables viendront de l’action collective et non des corporations ou du gouvernement, qui pensent avant tout à leurs propres intérêts. Après cette interprétation solo, le reste du groupe l’a rejointe pour la dernière chanson de la soirée, I Threw A Glass At My Friend’s Eyes And Now I’m On Probation.
En conclusion
SI vous avez manqué le passage de Destroy Boys, restez à l’affût pour ne pas les manquer lors de leur prochain passage, car ce groupe, qui en est à son quatrième album, reste à surveiller. Destroy Boys incarne et revendique l’acceptation et la diversité, des valeurs malheureusement de plus en plus polarisantes. Des groupes comme celui-ci sont essentiels pour encourager chacun à s’informer, à se mobiliser, et à travailler ensemble pour un monde plus inclusif et juste.
Rédaction : Maxime Isabelle
Correction : Céline Montminy
Révision : Marie-Eve Landry