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La franche camaraderie de Dirty Old Mat

Publié le 22 Oct 2024 par

Mise sur mon 36, je me dirige vers le Plaz’n’Dox en ce samedi 12 octobre, afin de saluer une visite rare en région : René Binamé et Dirty Old Mat. En effet, ils étaient de passage au Québec du 11 au 19 octobre 2024, pour mettre l’ambiance et fraterniser avant de s’en retourner en Europe. Punk Nation Production a donc saisi le coche pour une soirée tout en musique à La Baie, au cœur du Saguenay. Honnêtement, qui manquerait l’occasion de célébrer la francophonie punk entre cousins, le Québec, la France et la Belgique ainsi réunis ?

Collectif Route Laflamme : une découverte épicée

Ce soir, je me trouve grandement gâtée de voir un troisième band affiché. C’est avec un ravissement certain que je découvre cette bande de quatre armée d’une planche à laver, d’une contrebasse, d’une guitare et de percussions peu communes. Mon tympan est tout ouïe à l’écoute des petites balades “le fun” parfois chantées en chœur du Collectif Route Laflamme, de Terrebonne. Les musiciens sont hyper talentueux et remplis de charisme. C’est hypnotisant.

La performance du Collectif est festive à souhait et bien rythmée. Comme le crowd, je me laisse emporter par la vibe : ça se danse tu seul. Après le show, ma curiosité est piquée. Je cherche leur profil pour en savoir plus. J’y lis :  “Le Collectif Route Laflamme est le fruit de la fusion de deux univers qui devaient un jour ou l’autre se rencontrer : le franco-crash et le punk de chalet”. Jamais une description d’un groupe ne m’aura paru aussi vraie. 

Les voir : 24 octobre, Pub Saint-Patrick, Vieux-Terrebonne

La verve de Dirty Old Mat

“Salut Saguenay, je m’appelle Dirty Old Mat et je viens de l’autre côté de l’Atlantique !” annonce l’artiste solo tout-de-go. Tout de suite, les premières notes d’une tune aux accents rock sous les cris de la foule compacte et agitée. Mat alterne la guitare électrique et la guitare sèche et ajoute parfois une touche d’harmonica à son jeu. Ça donne un ton particulier aux chansons, en plus d’ajouter à l’ambiance. Au revoir la Terre en est un bon exemple. 

L’écho des « pam palam » lors de Vieux Frangin résonne dans tout le bar et sur toutes les lèvres. Le commentaire de Old Mat après la chanson contribue à déchaîner les passions : “c’est pas pour vous flatter, mais vous avez chanté plus fort qu’à Montréal hier”. La réponse de la foule est assourdissante de contentement. Dirty Old Mat est très généreux avec le public : il discute et trinque avec les gens, avant de présenter sa gonzesse, acclamée bruyamment par tous. Bientôt, une copine lui sert un Ricard sur scène, attention qui ne passe pas inaperçue. Dans un toast avec avec la foule, il mentionne “c’est en Bretagne qu’on en boit le plus”. Bon, okay, il a fallu y ajouter un peu d’eau pour le déguster convenablement, mais c’est clairement l’intention qui compte ici.

L’émotion à son comble

Évidemment, on ne saurait passer outre Je suis libre et je t’emmerde. Cette chanson fut écrite à la suite des attentats survenus au Bataclan, en novembre 2015. Durant et entre les refrains, la foule s’éclate, se gonfle et chante son émotion. « Vous pouvez pas savoir à quel point ça fait plaisir de chanter cette chanson de l’autre bord de l’Atlantique (…) mais bon voilà” de conclure Mat à la fin du titre, visiblement ému. 

Toujours avec la même authenticité, il nous offre Vers les étoiles et Le comptoir de mes souffrances. L’assistance se régale de chaque note, chaque parole, chaque moment. Dirty Old Mat a un son qui lui est propre. Il s’en dégage des accents profonds qui viennent toucher la racine même de l’âme. Sa prestation s’achève sous les applaudissements, le bonheur du public est à son comble. Le mien aussi.

René Binamé : une transe musicale indescriptible

Le dernier show et non le moindre, est celui du groupe René Binamé. Ce soir, le trio originaire de Belgique s’en donne à cœur joie : dès les premières minutes, le plaisir de jouer se lit sur le visage de chacun des musiciens. Ce bonheur contagieux est transmis illico au crowd, qui danse, remue, crie, tout en sourire. Après un long intermède musical accentué de sifflements, la table est mise pour une prestation surprenante. 

Tout du long, on vit un genre de transe qui nous met tous, en quelque sorte, au diapason. On chante “sur les flics en uniforme” lors de La Moustache ou on se replonge un peu dans l’histoire civile au son de Juillet 1936, du Triomphe de l’anarchie et de Makhnovtchina. René Binamé, formation aux airs électro-punk chante gaiement ses textes abrasifs et satiriques, respire l’anarchisme et la simplicité, et c’est ça qui plaît. Les gens bougent, et les cris fusent de toutes parts dans un chahut bourdonnant, bref le plaisir est au rendez-vous ce soir. À la fin de la soirée, je repars en bonne compagnie, satisfaite et teintée par l’ivresse d’un excellent moment.

Rédaction : Julie Fortin

Crédit-photo : Jerry-Cherry

Correction et révision : Marie-Eve Landry

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé la musique, le style punk et les crêtes dressées. J'suis une intello finie, un peu geek et un peu pirate. J'évolue régulièrement dans les shows et dans le événements. Tu m'y verras souvent en retrait, mais toujours à l'écoute. J'ai parfois l'air sauvage parce que je dis pas un mot ou si peu. En fait, j'suis dans ma bulle, à penser à toutes sortes d'affaires ou à juste vivre le moment présent. Viens me parler, j'suis ben smatte, bien que j'aie plus de mots sur papier que dans la vraie vie. Correctrice, rédactrice et admin au sein du Bad Crew, j'ai pour objectif de faire rayonner la scène du SagLac, qui est vivante, accueillante et remplie de trésors de toutes sortes!