
GAMIQ 2024, l’ovni des galas
Publié le 11 Déc 2024 par Patrice Belley
Par où commencer ? Une soirée si riche en émotions. Je vous prends par la main et je vous guide dans les coulisses de cet intrigant gala. Dans mon cas, mon aventure avec le GAMIQ a débuté plus tôt. J’ai donné ma candidature afin d’être juré cette année et j’ai été sélectionné. J’ai reçu la grosse liste énumérant tous les groupes ayant soumis leur nom. J’ai fait mes devoirs musicaux. Pour être bien honnête, c’est un processus fastidieux d’écouter des centaines de bands de différents styles musicaux, pas toujours dans mes cordes. Je demeurais objectif dans mes nombreuses écoutes. Ensuite, il y a eu le deuxième et le troisième tour de vote.

La touche Away
Cette 19e édition du Gala Alternatif de la Musique Indépendante du Québec est présentée par La Sesh. Tout le volet visuel, affichage et graphisme, est l’œuvre de Michel Away de Voivod et Aut’Chose, version 2.0. Un nouveau magazine sous forme de journal a vu le jour : le GA (NO1-2024).

Je suis grandement intéressé d’assister à ce fameux GAMIQ 2024 pour deux raisons, en fait. Avec mon premier chapeau de juré et aussi avec celui de rédacteur pour Le Bad Crew. Oui oui, Le Bad Crew est parmi les nominés, euh scusez, les « nommés » comme notre animateur l’a si souvent répété tout au long du party. Nous nous battons contre nos autres compétiteurs dans la catégorie Médias de l’année, tout comme l’an dernier lorsque Le Bad Crew a gagné ce même prix. Je vis ce trip, sur place, avec Annie, photographe dans la bande Le Bad Crew.

Gala
La Sesh présente le 19e Gala Alternatif de la Musique Indépendante du Québec.
Ce qui est frappant, dès que je foule les planches des Foufs, est le splendide visuel de planètes suspendues au-dessus de nos cerveaux. Cette épopée démarre en trompe avec un récital de vers des hits de Aut’Chose, des textes de Francoeur, ses poèmes, sont émis dans tous les haut-parleurs saisissant l’attention.

Benoit Poirier, de Jesuslesfilles et PUST, est l’animateur tout désigné pour cette édition. Son sens de l’humour bien placé, avec de la répartie pour sauver les meubles. Première fois en 19 ans que le GAMIQ démarre en retard selon les dires de son animateur, il est 20 h 45.
Pas comme les autres, c’est un rassemblement social, ça jase et ça parle trop fort parfois. Des longs moments d’intermission entre les bands qui s’installent sur le stage. Des artistes qui gagnent, mais qui sont sortis dehors fumer… C’est parfait comme ça, on est relax entre chums. Trente-huit « Luciens » y seront remis…

Lucien Francoeur
Lucien Francoeur, un pilier du GAMIQ, nous a malheureusement quittés récemment. Je vous invite à lire mon article : Lettre à Lucien Francoeur. Aut’Chose joue, au rythme des battements de cœur de Lulu, pour une dernière fois.

Pour cet hommage, au vocal, nous retrouvons trois visages connus : Martin Dubreuil alias Johnny Maldoror des Breastfeeders, Charles Laplante de Chou et Rox Arcand d’Enfants Sauvages. Vestes de cuir et lunettes fumées pour rendre hommage au personnage, ils gueulent ses poèmes s’alternant la possession du public et c’est réussi. Un grelot en moins pour Martin, pas de problème on continue la frénésie.
Les funérailles de ce pionnier avant-gardiste se sont tenues le 5 décembre à Montréal.

Performances musicales à point
Cette année, la formation Thisquietarmy relève le défi d’incarner l’orchestre maison.
La Sécurité

La Sécurité, avec son post punk surdosé par des surdoués, déchire solide. Il y en a de l’expérience au pied carré parmi cette bande électrifiée. Wow, band que je me dois absolument d’approfondir et de découvrir.

Angine de poitrine

Une autre incongruité en provenance du Saguenay : Angine de Poitrine. Costumes faits de papier mâché et une esthétique lichée. Chaque détail est pensé pour une immersion satisfaisante dans leur univers triangulaire. Pieds nus, ils sont dans la peau de leur personnage de la première à la dernière minute de l’évènement.

Une panoplie de talents du Québec se donnaient à fond devant ses confrères et consœurs. Nous avons eu droit à Sandra Contour, chansonnière solo aux douces notes. Dany Nicolas tenant sa petite guit de forme rectangulaire suivi ensuite de Kaya Hoax et Carl Mayotte. Nous passons par tous les genres musicaux émergeant de notre province chérie du métal, au punk, à l’indie, la pop ou une ambiance calfeutrée de jazz. Même Täbi Yöshä, de l’émission Quel Talent!, est de la partie. Patche, GUHN TWEI qui se prononce « Gun toé ». Nos oreilles goûtent au chant de Ce qui nous traverse et Bloodshot BILL en hommage à Deja Voodoo.
Nuit de poésie
Le GAMIQ 2024 présente une nouvelle facette intéressante présentant divers intervenants qui récitent un poème dont certains de Jean-Sébastien Larouche, décédé lui aussi cette année. Stéfanie Tremblay du Saguenay racontant son Polliwog, tiré de son recueil.

Poésie plus crue, franche, sans détour ni sous-entendu. Sans tomber dans le vulgaire inexpliqué, sans fondement ou malaisant. Elle se met à nue. Juliette Langevin, travailleuse du sexe et poète. La foule du GAMIQ devenue trop bruyante, elle s’écria : « Je vous montre mes boules si j’obtiens un silence complet » et au bout d’un moment elle s’exécuta comme promis. Des pages de son livre Fille méchante, elle lut.

Le point culminant
Au travers de ces mystifiantes prestations de généreux groupes qui viennent jouer « dans la dèche » sur le stage, chaque catégorie est présentée à l’écran avec ses nommés. Arrive enfin le grand moment que j’attends avec impatience, la catégorie « Médias de l’année ». La foule est en délire quand Le Bad Crew est prononcé, est-ce bon signe ? Mon cœur bat à fond, ben oui, on a gagné gang !

Le merveilleux sentiment unique, indescriptible d’être au top. Je suis monté sur la scène avec de la fierté plein la face. Je vais pouvoir dire que j’ai mis les pieds sur le stage des Foufs une fois dans ma vie, check. Jessica a parlé la première, ensuite ce fût mon tour pour un bref speech. J’ai mis l’accent sur le fait que nous sommes bénévoles, notre paie c’est de voir un milieu artistique vivant, en santé.

Entraide entre médias
Félicitations à nos compatriotes ayant soumis leur nom sur la grosse liste et ceux nommés ayant dû encaisser la dure défaite. Le monde du spectacle et le web sont amplement grands pour de nombreux joueurs. Nous bossons tous dans ce même domaine qui n’est pas toujours évident. Chacun de nous sept le méritait.

Les lauréats par catégorie
Artiste de l’année : P’tit Béliveau
Révélation de l’année : DVTR
Espoir 2025 : Kaya Hoax
Album Folk : Arielle Soucy – Il n’y a rien que je ne suis pas
EP Folk : Maude Audet – Chanson pour toi
Hip-hop : Calamine – Décroissance personnelle
Métal : Guhn Twei – Glencorruption
Punk : DVTR – Bonjour
Post-Rock/Post-Punk : YOCTO – Zepta Supernova
Électro : Anachnid – Freak of Nature
Soul/R&B : Hawa B – Sadder but Better
World : Boogat – Del Horizonte
Classique : Lydia Clapperton – Lumière dans la forêt
Expérimental : Melissa Fortin – Prismacolore
Hors-Québec (Canada) : P’tit Béliveau – P’tit Béliveau
Vidéoclip – Auto-production : Calamine – Backlash
Vidéoclip – Production sur un budget (5000 $ et moins) : Rouge Pompier – Vendredi
Vidéoclip – Production professionnelle : DVTR – Les flics (sont des sacs à merde)
Médias : Le Bad Crew
Étiquettes de disques : Bravo Musique
Salles de spectacles : Le Café du Clocher
Festival : Music 4 Cancer
Balados Musique : La Paire d’écouteurs
Organisme ou initiative pour la communauté : Gueuleuses
Relations Médias : Larissa Souline Médias
Services aux artistes : DOZE
Café du clocher, the best
Un petit velours pour la meilleure salle de spectacles remporté par Le Café du Clocher. Oui, c’est dans ma région du Saguenay Lac-Saint-Jean, mais il faut avouer que ce n’est pas facile d’organiser des concerts rock dans une région de seulement 30 000 habitants, une réalité omniprésente. Sam Gingras, tellement mérité. Il s’est exclamé : « Je ramène ce prix 500 km plus loin chez nous ». Je sais très bien que toutes les autres salles se défoncent aussi à l’ouvrage et une chance qu’on vous a !

Faits saillants
La représentante ultime des Gueuleuses s’est écriée d’un discours très inspiré et rassembleur.

GUHN TWEI, se prononce « Gun toé ». La maladie lui a enlevé une jambe. Il a écrit cet album pendant qu’il se trouvait allongé dans son lit d’hôpital. C’est aussi ça ce gala, des moments touchants amenant la larme à l’œil. Le GAMIQ fait transcender le côté humain, la beauté dans la diversité des personnalités.

Lorsque le Festival Music 4 Cancer, qui est tenu par les bénévoles de Sainte-Thérèse, a monté chercher son trophée, c’était particulièrement touchant. Il a terminé en scandant « Fuck the cancer ».

Les plus grands de 2024 sont donc DVTR avec un triplé et le P’tit Béliveau avec un coup double.

La resplendissante France D’Amour est venue remettre le dernier prix du GAMIQ.
After-Party
Le gala tire à sa fin vers 12 h 45. Un after-party avec DJ Yuki s’amorce par la suite. Pour notre part, nous devons nous « clancher » encore 457 km de route pour nous rendre à notre lit douillet. Ça va vous prendre un autre espion pour savoir les détails croustillants de ce qui s’est passé là.

Travail d’équipe
Plusieurs jours se sont écoulés et je ne m’en suis toujours pas remis. Je flotte encore sur un nuage. Je peux vous dire que ça énergise ma passion à fond pour continuer ma rédaction en 2025. Tout ce projet de fou est possible et un succès grâce à son chef de file : Claudia. Je te remercierai jamais suffisamment pour l’incroyable opportunité que tu m’as offerte.
L’union fait la force
Merci à vous les lecteurs et lectrices des articles du Bad Crew. Nous remercions également les musiciens qui bûchent sans relâche pour fonder des groupes, en maintenir un en vie ou en ressusciter un de manière inattendue. Félicitons les promoteurs qui nous organisent des shows de qualité ; s’ils font un profit, c’est un triomphe trop rare. Ils sont ben contents s’ils arrivent au final kif-kif. Malheureusement, la plupart du temps ils perdent du cash de leur propre poche pour nous financer un spectacle digne de ce nom. Lâchez-pas, vous êtes les superhéros de la scène musicale. Merci aux spectateurs qui se déplacent dans des salles, des amphithéâtres, des places prestigieuses, des endroits douteux, des « trous miteux » pour suivre leurs artistes préférés. C’est grâce à tout ce beau monde que Le Bad Crew existe et a l’oxygène nécessaire pour perdurer.

Nostalgie éternelle
Lucien, on t’oublie pas. En haut, avec tes chums, tu as sûrement écouté attentivement les hommages et poèmes récités en ton honneur. Le GAMIQ qui porte ton empreinte vivra, quant à lui, éternellement son règne. Profitez de l’occasion afin de vous inscrire à l’infolettre du Bad Crew, prenez le train pendant qu’il passe pour suivre le parcours du meilleur média qui soit. Je m’en vais ranger mon billet précieusement avec mes autres.
L’expérience euphorique de ma vie !

Rédacteur : Patrice Belley
Crédit-photo : Patrice Belley
Correction : Val Girard
Révision : Marie-Eve Landry