
Insurrection avec Reanimator et Acetone, métal en fusion au CEM
Publié le 22 Déc 2024 par Patrice Belley
Je suis abonné aux annonces de l’inimitable salle de spectacles : le CEM (Centre Expérimentation Musicale). Lors de l’affichage d’un flyer arborant le nom des métalleux Reanimator, je serai assurément présent. Je les suis depuis longtemps, possédant et connaissant toute leur discographie, mais pas encore vus live. Pour ajouter au plaisir, ils seront épaulés par Acetone en première partie et Insurrection, la tête d’affiche qui lançait son nouvel album.
Ce samedi 7 décembre, par ce temps de fêtes, je fonce tête baissée vers le CEM. Chargez!

CEM, direction nord
À soir, ça va brasser au CEM à Chicoutimi-Nord, situé au royaume des tireux de roches comme annoncé par Insurrection plus tard pendant cette soirée. C’est à quelques pas de chez moi.
Comme les groupes l’ont rapidement constaté, le CEM est une salle dotée d’une sonorité incroyable, d’une qualité accrue, d’exception. Une maudite belle salle, ça change des bars de Montréal selon les propos de Reanimator lors de leur passage sur cette fameuse scène.
Pour ma part, c’est ma troisième présence au CEM; j’y étais au lancement de l’album solo de JP »Le Pad » Tremblay de Québec Redneck Bluegrass Project, en formule assis confortablement, et pour le comeback du groupe métal Messiah Force avec BARF. Constat inévitable, leur programmation se concentre sur la scène québécoise.

Je visite les tables de merch pour réaliser qu’il me manque un seul album de Reanimator, un demi en fait étant un split en CD. Je l’agrippe avec un t-shirt, une pin et un sticker. Fait intéressant, sur la bière officielle du groupe, Anti Sobriety de la Microbrasserie Le Fermentor, il y a le même dessin que celui qui est apposé sur mon chandail!!


Acetone, la chimie opère
Acetone se présente en tant que trio death métal du Saguenay. Première fois que j’entendais leur nom et musique.

Je me rends compte qu’en guise d’arrière-plan, ce n’est pas un flag géant. L’idée est géniale d’utiliser un projecteur, ce que Renanimator utilisera également.

La première remarque que me fait mon accompagnateur aguerri est qu’il n’y pas de basse. Tête de cheveux sur pattes, le guitariste s’élance rappelant La chose dans la famille Addams. À sa gauche, longue chevelure blonde, le chanteur colosse d’Acetone en impose. Il est plus gros et imposant que le doorman en service.



Formule chimique de l’acétone ornant le centre de la croix composant leur logo bien visible sur la projection et également les deux banderoles. Leur mélange musical est explosif avec leurs notes et paroles inflammables.

Reanimator, MTL trash metal
Voici Reanimator de Montréal; cinq mecs qui font du bon vieux trash métal comme on en trouve trop peu de nos jours. Cinq albums à leur actif, quatre en CD et un en vinyle (et un split sur CD).


The Ditch me frappe tel un mur de férocité sonore. Je m’exclame « Wow ». Une valeur sûre de leur album Horns up, Rush for the mosh comme excellent choix de deuxième toune pour enchaîner et augmenter leur fureur.

Drummer intense, visage expressif qui s’exprime en pointant sa baguette vers nous; celle dispo, inutilisée. Yeux bien ronds, grands ouverts nous fixant du regard ce maître du drum. Il joue à une vitesse ahurissante, sa sueur retenue par son bandeau frontal à la Municipal Waste. Je remarque qu’il utilise la batterie de leurs bros d’Insurrection.

Bétail, poids lourd
Dernière fois qu’on leur a vu la binette dans le coin, c’est au Deluge Fest en 2019 où j’étais malencontreusement absent. Le chanteur qualifie cet événement de grosse brosse mémorable, remplie d’anecdotes croustillantes. Thieves of Society suit la lignée de succès comme quatrième chanson interprétée.
Je suis subjugué à l’écoute du son pesant du bassiste frêle, maigrichon, osseux. Il joue très, très bas, lourd avec sa basse orangée. Domptez la bête n’est pas coutume, la chevaucher et maitriser son ardeur est une tâche colossale. Pas évident de contrôler un taureau appelé Reanimator.

Un toréador audacieux
Chanteur barbu à la voix rauque, qui n’a pas d’autre instrument, échappatoire que son crachoir empoigné de sa main gauche. Sa voix ne s’essouffle pas, ne ralentit même pas.

Le concert chaotique se remet en marche avec le son de la première guitare générant un effet fracassant. Guitariste soliste, casquette à l’envers, dressant son instrument de torture électrique scintillant de couleur bleue.

Autre guitariste, vêtu d’un joli tshirt de Voivod, headbanger inarrêtable. Sortant constamment sa langue à la Kiss en soulevant cette seconde guit blanche reluisante.

Rugissements de masse
Hymnes métaux écriés, l’assistance s’époumone. Elle scande haut et fort leurs textes connus avec le poing pointant bien haut dans les airs. Reanimator rallie le troupeau qui accoure dans l’arène sous leurs yeux, se tenant à leurs pieds. Leur trash métal va continuez à nous botter le cul. Le massacre se poursuit avec une chanson en français : L’appel du vide.
Le singer nous explique que la prochaine raconte l’histoire d’un homme qui tente d’arrêter de boire, c’est moi héhé. Je reconnais les notes familières d’Anti-Sobriety, dont il existe un vidéoclip produit pour leur dernier album Commotion. Reanimator demande, sur celle-là, un beau circle pit qu’il obtient.
C’est déjà l’heure du dessert. The Mosh Master est LA toune finale. Leur setlist a passé comme un éclair, beaucoup trop court, malgré des titres d’une longue durée. Micro empoigné pour une dernière ligne : « Place au headliner, mes amours d’Insurrection. »

Insurrection, soulèvement de la foule
Nous avons le plaisir de recevoir en tournée, pour leur cinquième album en carrière, le groupe de death métal qui débarque de Gatineau : Insurrection.

Dès le départ, le chanteur se met à son aise en bedaine. Pieds nus, parcourant les mètres de sa scène, son territoire artistique. Habillé d’une forte barbe, confortable dans son pantalon mou.

La foule ne lâche pas, malgré son essoufflement à la suite de la performance endiablée de Reanimator. La violence monte d’un cran. Insurrection forme une opposition indignée, armée de ses instruments de musique et de ses discours assassins. Batteur moustachu qui semble vouloir défoncer sa batterie, surplombant le stage en tant que toile de fond.



Les insurgés ont l’entrain pour une révolte, l’agitation est à son comble. Insurrection avise que la prochaine qui sera jouée a le mérite d’avoir son vidéoclip. Cinq bêtes déchaînées, rien de moins, je n’en demande pas plus.


Battre le fer pendant qu’il est chaud
Tout le groupe s’y met pour un headbanger synchro. Un bassiste style hippie, dont la grosse barbe est la continuité de ses cheveux longs, ayant sûrement des racines hawaïennes. Il descend de la scène et court au travers des spectateurs. Le chanteur, envieux, se lance dans le même manège et chante au milieu de la piste de danse métal.

Des textes en anglais parsemés de quelques-uns en français, un effort apprécié dans mon cas. Le vocal alterne entre trois manières : plus death, caverneuse ou parfois aigüe. Je préfère les compositions offrant des interludes criards. Le chanteur donne tout ce qu’il a.

La révolution a opérée. Ils m’ont convaincu de joindre la rébellion avec leur nouvel album en vinyle orange.


Du métal de chez nous
Il est 23 h 22 et les livres sont fermés. Tout de même rare que ça se termine aussi tôt. Tant mieux, la soirée d’hier en était une pas une facile avec le temps des fêtes qui est amorcé. Le CEM est cool et les artistes sont traités comme des rois, affirmation entendue de leur bouche. Belles trouvailles dans le giron métal québécois. Trois relèves de taille directement dans notre talle. Des pépites méconnues, made in Québec.
Merci aux Stéphane, qui sont les soundmen, et à l’équipe technique compétente, selon les groupes comblés. Longue vie aux spectacles présentés au CEM. Cette salle n’a que des qualités : un son exceptionnel et elle est à côté de chez moi.

Rédacteur : Patrice Belley
Crédit-photo : Patrice Belley
Correction : Céline Montminy
Révision : Marie-Eve Landry