
La Cavale, punk français aussi québécois que Les Banlieusards et Brigue
Publié le 04 Mai 2025 par Patrice Belley
La Cavale et Brigue, j’en écoute depuis un bout sans les avoir croisés live. Les Banlieusards avaient fait bonne impression la première fois que je les ai vus dans le cadre du Taverne Fest. Un show annoncé le jeudi 17 avril au Café du Clocher, unissant leurs forces pour former un trio savoureux. Hourra!

Café du clocher
Ça fait un petit bout que je n’avais pas remis les pieds au Café. Pourtant, sa programmation à venir fait des jaloux: des groupes impensables, inimaginables se pointent la face à Alma : Peter and the Test Tube Babies, Tulaviok, Les Ramoneurs de Menhirs et plus encore…

Du gaz
Je me commande, encore une fois, la délicieuse Jus de rock. Brassée spécialement et exclusivement disponible au Café du Clocher.

Je suis installé au bar et je spot au loin une table de merch qui prend naissance. Je m’approche pour mieux apprécier et je constate que c’est La Cavale qui est installée.

Quel français?
Je me met à jaser avec Antoine, le chanteur, le leader. Je lui explique que je couvre l’événement et que je vais rédiger un article contenant des photos. C’est là qu’il me parle qu’il a déjà écrit pour un webzine appelé Barricade Punk. Le batteur et le bassiste descendent de leur loge au deuxième étage. On parle tous la même langue, le français, mais on ne se comprend pas nécessairement. Les mecs sont hyper sympas. Ils me signent un poster de La Cavale

Jokoko
Il y a aussi Jokoko, artiste dessinateur intégré dans le groupe, fusionnel. Sa spécialité, son dada, c’est surtout la BD. Il dessine les articles du groupe. Il fait la promotion d’un recueil rassemblant une trentaine de bédéistes. Tout au long de la prestation de La Cavale plus tard, il fera un dessin en temps réel, sur une toile, comme il le fait si bien à chaque spectacle.

Brigue
Brigue, ce sont cinq amis de longue date qui font du punk rock ensemble. C’était pour le fun depuis 2017. Ils ont finalement abouti à sortir un album en 2023 sur le label Musique Néfaste de Montréal. Leur signature, ce sont des textes en français, certains lourds de sens et d’autres plus légers. On ressent l’influence de la vague punk rock, qui les a aussi submergés dans les années 90.

Trio de cinq cordes
21h37 précisément, Brigue met les amplis à On. Je vois triple! Un, deux, trois guitares et oui c’est bien ça, la quatrième est une basse. Noire, verte et brune, sont leur couleur respective. Ce qui leur procure une sonorité saturée de guitares attendant chacune son laps de temps de gloire. Riffs, solos, relances, en duo, les trois en harmonie. Adoption d’un tempo augmenté, très agressif.


Drette comme sur le vinyle
Le vocal nous rentre dedans, nous traversant le sternum pour résonner. La batterie monte dans notre colonne vertébrale, saisissant notre squelette en entier. Je suis impressionné par leur professionnalisme, c’est droit leur affaire. Les cinq musiciens sont tight. Ça sonne pile poil comme sur ma table tournante!

Choriste
Du punk noyé de guitare, précisément à un niveau de nage olympique. Je détecte un talent une coche au-dessus de ses camarades pour le guitariste de droite, mais à gauche pour moi. Il est le maître des pédales et s’adonne à de nombreux back vocals.


Il aurait aimé joué davantage et nous également, mais ils doivent céder le ring au combattant musical suivant.

Les Banlieusards
22h32 nous percevons un coup de tonnerre lointain, ce sont Les Banlieusards qui arrivent. Les trois mâles interprètent un hommage aux légendes du regretté groupe Banlieue Rouge. De base, les bands de covers ne m’attirent pas particulièrement, mais first, le groupe honoré n’existe plus et en second lieu, ils m’ont conquis le 25 mai 2024.

Banlieue Rouge
La tempête se lève soudainement à la sortie des premières notes violentes. Wake up! Trip instrumental hallucinant avant que le vocal émerge du micro, à s’y m’éprendre. Expulsion grave et juste de la caisse de résonance humaine du colosse aux cheveux longs. Du bout de ses bras musclés, il s’amuse avec une basse.



Solo
À ses côtés, se trouve un autre musicien qui a fait ses preuves pour assumer le leadership recherché à la guitare pour cet accomplissement trempé de Banlieue Rouge. Faisant aller son tignasse à la mullet de haut en bas en torturant son instrument à cinq cordes. J’ai la gueule à terre, je ne décroche pas de ses doigts si rapides déboulant le manche de sa basse. Respect à Marco!

La foudre frappe
Que dire du batteur. Pour un cataclysme météorologique dévastateur, c’est l’homme qu’il faut. Bon niveau de jeu de baguettes satisfaisant les hautes exigences des compositions hommages. Ça ne prend pas n’importe qui à ce poste charnière. Ils nous présentent Bast, qui nous catapulte un solo sans faille.

Je suis bombardé de hits : Sentinelle, Coyote, Au cœur de la tempête… Ils nous avisent qu’ils suivent pas mal la compil Au cœur de la tempête.

Nostalgie
Banlieue rouge est un groupe québécois dans la catégorie de ceux que j’ai tellement écouté. Je possédais tous leurs CD. Leurs textes francophones à la plume unique, reconnaissable parmi toutes. Je chantais, criais leurs chansons au volant de ma voiture ou dans les brosses.

Sous un ciel
Trois vieux chums qui jouent ensemble depuis longtemps. Banlieue rouge est d’une complexité incomparable à livrer et ils réussissent haut la main. Bonne terminaison avec Sous un ciel écarlate que tous les fans scandent en chœur.

La Cavale
La Cavale s’installe pour se donner en spectacle à 23h25. Un peu d’histoire… Ce groupe punk français est né au Québec, terre d’accueil où ils joueront à 70 reprises en parcourant les années 2016 à 2019. 2019 à 2025 ont été comblées de concerts dans des régions françaises et belges. Ajout à leur originalité avec Jokoko aux crayons à dessin et chœurs depuis peu, en juillet dernier.

Ils sont dûs
Leur trace est laissée par leur parcours musical garni de quatre EP, et deux clips. La Cavale est en phase de composition d’un premier album, à venir en format vinyle.

Expatriés
Ils ont quitté notre belle province, non pas par choix. Modification spontanée en terme de gestion des immigrants et ces pauvres mecs en ont subi les contre-coups. Dès qu’ils pourraient, ils reviendraient bouffer de la poutine et c’est maintenant!

Arrête-moi si tu peux
Le chanteur nous explique gentiment qu’il a été privé de son bassiste et aussi son batteur qui l’ont choké. Plan de dernière minute avec une nouvelle basse et également une nouvelle batterie. « Soyez indulgents, ça va être punk« .

Je suis ravi de pouvoir constater leur musique live. C’est une première dans mon cas. Les bons textes sont étoffés et déviant de la censure. Comparé à bien d’autres bands de punk français, eux ils ont une batterie à l’américaine.

Le jeune panawan drummer pouilleux s’en sort bien. Le bassiste maintient le rythme tout en ne décrochant pas sa paire de yeux du livre de tablatures ouvert devant lui. Il s’acclimate tranquillement. Bienvenue au Québec!


Au tout début de leur show, une toile vierge est disposée sur un chevalet. Jokoko, quatrième membre transfuge dessinateur, se laisse aller en parallèle. Son feutre noir suivant les lignes dictées par la musique punk. Initiative artistique, élan de création en cours…


Un p’tit snack
Le Café du Clocher leur paie la traite avec une tournée de quatre shooters Jager bacon. La gorge bien réchauffée, le leader finit d’évacuer les derniers morceaux de viande entre ses dents et entame une reprise de Parabellum.


Que des tubes
Le morceau de leur deuxième EP a été enregistré par le même mec que l’album live Sans reddition de Banlieue Rouge. Jadis, il y a apposé sa plume et sa fine touche. Tout est dans tout. « Destination, vraiment la dernière que nous jouerons ».

The End
C’est un triomphe pour les trois bands qui se sont dévoués à la musique pour nous. La toile, qui a pris forme devant nous, a été mise aux enchères.
Rédacteur : Patrice Belley
Crédit-photo : Patrice Belley
Correction : Jess Peach
Révision : Marie-Eve Landry