
Dans l’antre sombre des Foufs, Obscure Mantra et ses invités
Publié le 22 Sep 2025 par Jerry Cherry

Dans l’antre sombre des Foufs ce soir, Obscure Mantra, Becoming the bully, Concessions et Blank, un succulent assortiment des quatre coins de la province, présenté par Concessions et Bastardmanagement.
C’est samedi soir, je suis à Montréal, et des virtuoses de la musique agressive prennent la scène d’assaut. Oh que je suis partant, il n’y a pas meilleur endroit pour évacuer et déchaîner le mal qui nous domine à la fin d’une longue semaine routinière.
Pour les novices que le genre effraie, une astuce : échauffez-vous la voix d’avance. Un bon scream bien ressenti à votre entrée, quelques cris de truie et vous serez vite copains comme cochons.
Blank – Quand ça commence solide

Pour cette fois, vu qu’il y avait du gros hip-hop comme musique d’attente, la ruse mentionnée ci-haut aurait sûrement fait chou blanc. C’est peut-être à cause de cet intermède musical de circonstances que la majorité du public ne s’est présentée qu’aux premières notes de Blank, groupe ouvrant les hostilités.
Je devrait plutôt dire : « les gens ont envahi la salle », tellement ils se sont rués de tous les côtés, répondant au cri primal de Blank. Ce band originaire de Drummondville a particulièrement fasciné mes tympans pendant ma semaine de préparation avant ce show. Par ailleurs, je me suis offert leur album numérique Planet Aligned,sorti en 2023.
Hardcore d’origine
Blank rallie les poings au dessus du drum et crie : « 1-2-3 Blank« ! Le ravage est lancé, la meute est libérée et les chiens de guerre sont affamés. Pour nous rassasier, le groupe offre une performance féroce. Les grognements et rugissements du lead vocal, font vibrer jusqu’au fondement de nos origines. Des riffs graves et percutants tant à la guitare qu’à la basse sont agrémentés de percussions rapides entrecoupés passages lents mais puissants.
Par ailleurs, j’attendais avec impatience la chanson Coco dont l’excellent vidéoclip donne une bonne image du groupe. La cadence de leur setlist nous a ramenés, le temps de quelques chansons, à l’époque des tribus. Les corps, possédés par le rythme sont attirés vers le trash pour y rester jusqu’à épuisement, et les chants envoûtent l’esprit. On hurlerait les paroles à la lune jusqu’aux aurores en compagnie du chanteur Louis-Felix Béland.

D’ailleurs, pour la dernière chanson, Béland invite des volontaires sur le stage pour chanter trois petits mots : No more suicide. Il offre au passage ses sympathies à tous ceux qui on perdu quelqu’un beaucoup trop tôt.
Bref, pour ce qui est de commencer la soirée en force, on a été plus que gâté. Le groupe nous ramène à l’époque des premiers bands de hardcore. Leur musique entraînante est probablement la cause de mon mal de cou du lendemain.
Concessions – Possession consentie

Je m’installe dans un coin à l’écart sur le côté de la scène pour calmer mon cou qui élance. Je suis bien placé pour voir Concessions prendre possession du stage à son tour. Tous dos au public, le temps de leur musique d’intro, certains membres du groupe arborent fièrement leur logo.
À mon plus grand plaisir, leur chanson Sever est servie en guise d’apéritif. L’énergie émanant de la scène a l’effet d’une onde de choc dans la salle. Le chanteur donne une incroyable performance, sa voix basculant avec aisance entre des couplets agressifs à souhait et des refrains plus mélodiques. De ce fait, sa capacité à varier les vocalises et à tenir longtemps ses notes a disloqué ma mâchoire à quelques occasions.
Le band brûle d’une fougue atomique. Le bassiste se garroche tellement partout sur scène, que je reste surpris qu’il n’y ait aucune aucune collision entre les membres. Ce dernier transmet sa passion à chaque syllabe, ses back vocal devenant les points fort des chansons. Le crowd est en effervescence tout au long du set de Concessions. L’espace d’un instant, le mosh pit se change en dance circle, laissant la place au dude en chaise roulante de vivre son moment.
T’chin T’chin
Puis, le chanteur s’ouvre une cannette de Labatt 50 pour faire un t’chin avec le public : « pour une hostie de belle soirée avec des criss de bons chums ». Tous l’accompagnent en levant fièrement leurs verres. Par la suite, Concessions annonce jouer leur single en date, chanson très attendue des fans : » ben oui c’est ça, c’est là, qu’on va la jouer« , lance le chanteur. Carl Dubreuil, lead singer de Becoming the Bully partagera la scène le temps de When the nameless Die. C’est un petit échantillon de ce qui va suivre.
Becoming the Bully – Une voix qui te botte le cul
Roulant leur bosse depuis 2014, ce groupe de metalcore originaire de Saint-Jean sur Richelieu à la réputation bien ancrée dans la scène métal québécoise. Becoming the Bully, jouit d’un profond respect de sa fan base.

Les prouesses vocales de Carl Dubreuil, chanteur principal, ne laisserait personne indifférent. Son cri hante encore mes tympans au moment d’écrire ces lignes. Les musiciens sautillaient tellement sur scène; j’ai dû prendre une quantité faramineuse de photos pour n’en obtenir que quelques « potables ». Dany Godin, leur guitariste à la flamboyante moustache pourrait faire revivre Tchernobyl juste à frôler l’édifice.
Je suis subjugué par le contraste de sa voix d’entre les tunes, amicale et chaleureuse, et cette chose gutturale qui explose durant les chansons. De ce fait, la salle s’enflamme lorsqu’il annonce la chanson Pillard, allez voir le vidéoclip, si ce n’est déjà fait. Pour finir, Dubreuil prend le temps de remercier les groupes qui les ont précédés : « c’est des machines ». Tous les groupes de cette soirée sont des machines … that’s it, that’s all.
Obscure mantra – À voir absolument … déconseillé aux épileptiques

La palme du moment ironique de la soirée revient à la musique de fond avant le band de clôture : I’m Alive de Céline Dion. Les gens dans la salle dansent et un des membres d’Obscure Mantra chante à s’époumoner se pensant, dissimulé en backstage. Je vais taire ton nom, mais je t’ai vu.
Le drummer s’échauffe et le public aussi. Le rythme des percussions se ressent jusqu’aux tréfonds de chaque chest, et donne le tempo de nos battements. Sans prévenir, toutes les lumières s’éteignent, nous laissant dans une noirceur inquiétante. S’ensuit une mélodie d’introduction digne d’une vision apocalyptique. Dès le premier grondement de guitare, le kit de lumières stroboscopique fesse direct dans les rétines. Je pense qu’on s’assure qu’on ait les yeux grands ouverts pour le déchaînement qui suivra. Ces gars-là sont des armes de destruction massive.
Elrick L. Crow au chant crée un ravage irréversible. Les murs et les fenêtres tremblent sous ses hurlements craignant de ne pouvoir tenir le coup. On a l’impression que le plancher veut s’effondrer sous nos pieds lorsque Crow gradue son cri. Les lumières saccadées se synchronisent à la musique, pour un effet unique. C’est l’assaisonnement idéal combiné à leur sonorité, résumée ici en ces mots : » Obscure mantra un son qui circule dans tes veines et modifie ton ADN pour que ta progéniture ait dans ses gènes l’essence même du vrai métal ». J’étais certainement le plus grand fan de leur guitariste principal, Alexandre Larrivée, le temps de leur représentation.

En fait, j’ai replacé le ventilateur dans sa direction tout au long du setlist d’Obscure Mantra. Y’avait chaud, pauvre p’tit loup.
Pour conclure, c’était une soirée incroyable avec un choix délectable de groupes valant grandement le déplacement, s’ils viennent à passer près de chez vous.
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Rédaction & photographie : Jerry Cherry
Correction. : Julie Fortin
Révision : Marie-Eve Landry