Mute transforme Port-Alfred en skate park
Publié le 21 Juil 2024 par Patrice Belley
La brasserie de La Baie frappe encore
La Brasserie Port-Alfred a vraiment le vent dans les voiles depuis sa création et rien ne semble pouvoir la ralentir. Cet engouement est attribuable aux fans de punk qui répondent à l’appel. Nous apprécions les efforts accomplis pour nous attirer des grosses têtes d’affiche ici à La Baie. Nous avons eu droit à Joey Cape, Guttermouth et j’en passe…
Le vendredi 12 juillet était la date encerclée, sur leur calendrier de planification des spectacles présentés sous leur enseigne, pour l’accueil de Mute. C’est la saison des festivals et d’innombrables offres alléchantes sont étalées devant nos yeux et captent notre attention. Alors, il faut malheureusement être sélectif. Je n’ai pas acheté mon billet à l’avance, pas parce que je n’aime pas cet incroyable groupe de Québec, mais parce que j’ai eu la chance de les voir live à maintes reprises. Ce n’est pas le cas pour tous les bands que j’écoute et que je suis, dont plusieurs émergeants dernièrement.
J’amorce la première semaine de mes vacances d’été. Donc, je me dis que je vais aller fêter ça avec des amis que je croiserai rendu sur place. Dès mon premier pas emboîté entre les murs du terrain de jeu des rockeurs, je sais que j’ai pris la bonne décision en venant me remplir les oreilles de skate punk.
Gros Dommage, classiques québécois sur le speed
Gros Dommage, c’est un groupe saguenéen qui se spécialise dans la reprise de classiques québécois en français à la sauce punk rock. Ils sont de retour sur scène après quelques années d’interruption de service suite à un léger remodelage des troupes. Les cinq musiciens reprennent officiellement le boulot se voyant attribuer comme contrat d’ouvrir le show avant leur idole et inspiration Mute.
Ils arrivent ben crinqués pour attaquer les planches de la brasserie. Les joyeux lurons nous garochent leur répertoire et le public est réceptif. Les Cowboys Fringants sur la caféine en passant par nos répliques préférées de François Pérusse, extrait intégral d’un de ses classiques Album du peuple.
Leur recette lève, la foule les suit dans leur délire. Certaines chansons sont bizarrement meilleures avec leur version et on se surprend à les chanter à tue-tête. Le drummer est choyé, il se gâte en profitant de la batterie appartenant à Étienne de Mute. L’œil de Thunderblast, qui recouvre le magnifique bass drum, nous fixe tous tel le cœur du cyclone prévu et souhaité.
Mute, aucun temps mort
Les vedettes de Mute accourent sur le stage et s’empressent de booster notre hyperactivité dans le tapis avec leur premier morceau. Ils avaient la crainte d’être quelque peu rouillés, car leur dernier concert date d’il y a 10 mois. Celui-ci se tenait à l’international, dans la ville de Tokyo, capitale du Japon. Nous sommes ravis que nos vétérans chouchous du skate punk québécois, principalement natifs de la ville de Québec, soient de retour parmi nous.
Ils précisent que la dernière fois qu’ils se sont donnés en spectacle à La Baie, c’était dans le cadre d’un souper spaghetti pendant la période du Covid. Pour ma part, j’ai profité de leur musique lors de leur passage à la Nuit des Temps en décembre 2022. Dans ce concept de la tournée célébrant le dixième anniversaire de leur album Thunderblast, interprété dans son intégralité.
Un kickflip instrumental
En ce chaud et humide vendredi, ils annoncent d’emblée qu’ils se devaient de jouer longtemps ce soir. Ce qui réquisitionne un gros setlist, écrit à la main sur un bout de carton déposé au sol.
Étienne, c’est le responsable des percussions au sein du groupe. En plus de la charge de travail imposante et exigeante physiquement de manier ses baguettes, il chante comme si rien n’était. Peu de bands ont, à leur sein, un chanteur installé à la batterie. Je suis donc toujours doublement impressionné par la justesse et l’exécution sans faux pas de sa part, ainsi que de ses fidèles créateurs de bombes punk.
Ses autres heures libres restantes, Étienne Dionne les consacrent à son autre passion et profession : la photographie. J’ai remarqué qu’il s’est concocté un système astucieux faisant en sorte qu’il est en mesure de se prendre lui-même en photo, dans le feu de l’action. Sa longue chevelure flottant au gré du vent pendant qu’il fouette et maltraite ses tambours. Au cours de tout ce manège, sa voix ne s’essouffle pas malgré le rythme effréné imposé.
Jean-Philippe, c’est le bassman et chanteur également. Il fait souffrir les quatre cordes de son instrument avec ses longs doigts les parcourant en un éclair. Brandissant son manche le plus haut qu’il le peut, il décharge ses notes basses essentielles à leurs compositions. Les gars s’amusent en nous partageant deux covers. J’ai apprécié leur reprise de Offspring sur le Cialis, comme ils le disaient si bien.
Je me sens tout à coup tout jeune pendant ce moment privilégié. On se croirait dans un bon vieux skate park. Les quatre punks skateux utilisent justement la scène comme une rampe afin de donner l’élan nécessaire à leurs mélodies. Cette accélération accentuée les propulsent vers une vitesse fulgurante.
Cinq cordes doublées
Depuis leurs débuts, notons quelques mouvements de personnel dont un des deux guitaristes qui a changé pour faire place à un gentil ontarien, qu’ils se sont bien amusés à taquiner entre les tounes. Sa deuxième guitare entre en synergie avec la première produisant le son unique et explosif recherché par Mute.
On annonce que c’est déjà le temps d’envisager leur dernière chanson « officielle ». Le batteur de Gros Dommage est invité à monter pour venir les rejoindre. Étienne lui remet ses deux détonateurs en forme de bâtons. C’est un ami de longue date avec qui il a fait les 400 coups et ils se sont mis chauds ensemble lors de nombreuses soirées bien arrosées. Il s’assoit à sa place et c’est lui qui prend le contrôle de la colonne vertébrale de la gang. L’habituel chanteur de Mute ne reste pas là à se tourner les pouces. Il chante de plus belle à s’époumoner en courant d’est en ouest, profitant de l’occasion pour se dégourdir les jarrets.
Bien entendu, nous sommes gâtés, gratifiés d’un rappel de trois de leurs triomphes. Ce savoureux dessert s’est conclu avec King of Spades motivant tous leurs adeptes à scander bien fort les paroles de cet hymne punk.
Des kilomètres sur la portée musicale
Le groupe Mute a été une fois de plus tight comme c’est pas possible. Cette bande aguerrie me comble à chaque fois par leur professionnalisme et leur rigueur à la tâche, réussissant à tout coup à nous divertir. Leurs fans étaient de la partie, même l’un d’eux en était à son 31e spectacle de son groupe fétiche. Épatés, ils s’exclament qu’il se mériterait un billet d’or en guise de reconnaissance pour sa fidélité. Je réussis à mettre la main sur le setlist, mon premier inscrit sur un morceau du fond d’une caisse de bière en canettes.
People of Punk Rock Records est encore une fois présent à La Baie, où il se retrouve régulièrement ces temps-ci, vu le grand nombre de foules rassemblées dans cet antre. Une belle table de merch est disposée dévoilant différents items aux couleurs de Mute. Je reconnais un visage connu; c’est toujours le même chic type ultra sympathique qui me répond. Je sélectionne une casquette avec leur logo de couleur jaune ainsi que deux stickers. Comble de chance, un poster de l’évènement est encore sur la porte vitrée que j’emprunte pour quitter les lieux. Je m’empresse de le récupérer pour prendre place avec mes autres souvenirs immortels.
Marc est le soundman qui a rendu possible ce succès endiablé sur toute la ligne. Il faut souligner que c’est 26 ans de carrière musicale que Mute a déjà parcouru. Impossible de les faire taire aujourd’hui et à jamais.
Rédacteur : Patrice Belley
Crédit-photo : Patrice Belley
Correction: Josée Marcoux
Révision : Marie-Eve Landry