
Phoque OFF : Chou, Taxi Girls et Crachat
Publié le 04 Mar 2025 par Patrice Belley

Le Phoque OFF est désormais un nom de festival connu. Je suis monté à son édition antérieure pour voir MR.82, Get the Shot, Radiology et IBEX. MR.82 avait remporté la palme haut la main, malgré toutes des dévotions remarquables. Ce festival déjanté de diffusion alternative en est à sa 11e édition, du 14 au 22 février 2025 dans la basse-ville de Québec. SiriusXM y présente des groupes québécois ainsi qu’internationaux.

Un génie Djinn!
Je clique pour voir se dérouler l’offrande du Phoque OFF devant mes yeux rivés sur mon portable. Les trois bands sur lesquels je porte mon attention, comme s’ils étaient affichés en gras, ont été immédiatement Chou, Taxi Girls et Crachat. Je vous le dis ; une seule de ces trois merveilles, que je n’ai pas encore eu le bonheur de profiter pleinement live, aurait suffi à nourrir ma motivation. Mes vœux seront exaucés le vendredi 21 février dans L’Anti Bar & Spectacles.

Quatuor
Nous nous sommes rejoints à 13h, une gang de quatre amis, au Costco pour attaquer le parc des Laurentides en conditions hivernales. Ce qui nous laisse aisément le temps pour prendre d’assaut notre boutique de cossins de musique inévitable sur notre route : Le Knock-Out.

Crack-head
Prochain objectif à réussir : se rendre à notre Airbnb. Une fois arrivés sur la rue indiquée, nous sommes convaincus d’être au bon endroit en apercevant ses figurants errant tels des zombies. Downtown, nous voilà! Une… deux… trois bières plus tard, nous allons casser la croûte au resto Le Bureau de poste. Papilles gustatives bien éveillées; on a la soif. Ready!
Le mythique Anti

Nous franchissons les portes de L’Anti Bar & Spectacles, passons au vestiaire et faisons un tour des lieux. Dans la salle bondée de punks, mon partenaire de show me tend la bière officielle du festival : une lager déjantée.

Crachat
Les premières demoiselles à ouvrir le bal sont celles formant un trio féminin : Crachat. Elles sont de la ville de Québec et leur trio a pris vie en 2022. Leur tout premier album est paru en octobre 2024 : Fille Poupée.

Un visage connu, vous me direz. Eh oui ! La leader chanteuse est Justine, ancienne bassiste d’un autre délicieux fruit poussant à Québec : Enfants Sauvages.

CraCHAT
Ça démarre et clutch sur un tempo très rapide, fougueux. La deuxième chanson suit immédiatement. Je comprends qu’on a affaire à une bombe à retardement ayant la mèche courte. Elles nous crachent leur talent à la figure, et j’en redemande.

Peach
Il ne faut pas se laisser berner par leur look de princesses. Voix juvénile naïve et rebelle, la chanteuse vêtue d’une robe rose a la face aussi rouge que sa tenue.

Des poupées
À sa droite, la seconde guitare jouée par Lyz, une rousse au style Fifi Brindacier. Un son garage peuplé de distorsions agréablement exécutées.
La troisième fillette arbore des mèches vertes battant au vent lorsqu’elle varge sur son drum. Trois tambours suffisent à Maloue pour insuffler toute cette énergie contagieuse.

Coup de cœur
C’est intense, je suis en amour avec… Crachat. Deux guits tunées plus basses, ça rock autant. Le trash s’intensifiant sans cesse, les voyous ont aussi soif d’action. Un vocalisme aigu, mais pas agressant, pour postillonner leurs textes de qualité en français. J’enfile leur t-shirt mauve par-dessus le mien.

Taxi Girls
Ouf! Je me remets à peine de mes émotions et Taxi Girls se lance à tout rompre. La première fois que j’ai vu leur nom est lors d’un concert de Dirty Cheetah à Chicoutimi. Sur leur table de merch, Lynn, la drummeuse, aussi de Pale Lips, y avait déposé un vinyle de son autre groupe : Taxi Girls.

3 + 1 = 4
Les guerrières de la musique punk sont maintenant quatre avec Margaret Tracteur qui s’est ajoutée au girly party. Pour marquer ce virage sonore, le EP Rainy de deux hits sur 7 pouces a émergé de ce mariage audacieux. Il donne suite à leur album initial : Coming Up Roses.

Ça tourne
Je chantonne leurs harmonies que je connais suite à mes écoutes abusives via ma table tournante. C’est punk rock emboité avec un punk garage. On entend un solo intimidant de chacune des guitaristes, à tour de rôle.

Switch
Inversion surprenante de la lead girl à la position centrale de cette scène pleinement exploitée et dominée. L’une des deux anglophones de Taxi Girls call un circle pit qui ne se fait pas désirer. Tout un trip!


Le tracteur sur une autre vitesse
Madame Margaret Tracteur semble apprécier son rôle plus effacé et s’accomplit davantage à d’autres niveaux. Elle n’a pas besoin de toute faire la job seule comme d’habitude, ça lui va à merveille.

Next
Ce show et la soirée en général filent à toute allure, la joie de vivre s’amenuise trop vite. De plus, les girls nous annoncent au micro « deux autres et bye bye! »

Un autre cadeau
Mon partenaire de show revient à la charge en me donnant le setlist récolté aux pieds des prodiges féminines. Les standards sont une fois de plus rehaussés avant l’arrivée du dessert légumineux.

Chou
Découvert au Bar à Pitons en 2023, Chou créé en 2018, m’a conquis lors d’un soir où je ne m’attendais à rien. Je trouve que ce groupe a son identité, une personnalité hors du commun produisant un son de renouveau.

White album
Album percutant l’an 2024, Chou blanc est un vrai cataclysme effronté. Des excellents textes, paroles francophones adroitement articulées. Idée de génie : la pochette avec un clin d’œil non subtil aux Beatles. Good concept.

Garde-robe extravagante
Le chanteur est couvert d’une veste estampée Korn dans son dos, maquillé de son traditionnel eyeliner avec sa chevelure frisée mauve. Le guitariste, habillé d’une chienne, nous dévisage avec son masque à bandelettes de cuir couvertes de spikes. Le bassiste vêtu de jaune est aussi flash que son jeu électrisant de doigts.



Je vois triple
La troisième maitresse de la soirée au drum fouette également pour le groupe Cornette. Gabrielle, frêle, aux allures angéliques, libère une violente démonstration de baguettes.

Arachno-punk
Le singer sort une guitare jaune et en joue maintenant. On est ailleurs, car le guitariste principal a un gros fil bizarre branché à la sienne. Je ressens du punk, nu metal, grunge, noise, on voyage. Le seul style qui réunit toutes leurs influences : l’arachno-punk.

Je sens les musiciens plus à l’aise sur le stage, une évolution depuis le Bar à Pitons, où ils étaient déjà solides. Un autre step de plus pour gravir les échelons du monde cruel de la musique. Les lumières fusent de partout, j’en perds le nord.

Je reviens sur leurs textes percutants qui me frappent par leur clarté. Avec une musique parlée à la Francoeur, je détecte cet artiste en ce groupe avec ses poèmes sentis. « On va se calmer ».

Cette fois-ci, j’ai mon plan en tête d’aller chercher le setlist de 17 titres.

Domination féminine
Quel tableau! Sur trois bands, le nombre de musiciens était majoritairement de sexe féminin. Des chanteuses intenses, des drummeuses à faire des jaloux, des guitaristes rugissantes, des bassistes à point.
Un abandon total à la musique se découpant en trois phases satisfaisantes. Il est maintenant temps que le caméléon retire ses quatre couches de t-shirts un par-dessus l’autre. Je me pèle tel un oignon. A+

Rédacteur : Patrice Belley
Crédit-photo : Patrice Belley
Correction : Valérie Lapierre
Révision : Marie-Eve Landry