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Quand la magie est au rendez-vous

Publié le 17 Mar 2023 par

La microbrasserie Le Baril Roulant à Val-David nous avait concocté un petit party le 11 Mars. Le groupe The Beatdown choisit souvent ces petites salles des Laurentides pour performer et ils ne manquent jamais leur coup. Le band endisqué par Stomp Records sera au Pouzza Fest cette année mais je ne manque jamais ma chance lorsqu’ils annoncent un show dans ces endroits reculés du nord. Alex et Pascal, respectivement à la guitare et à la basse, avaient performés plus de 300 fois dans 15 pays avec One Night Band avant d’épurer le son, se départir des cuivres et partir une nouvelle aventure avec The Beatdown. Même si l’ancienne formation n’existe plus depuis 2009 je vous invite à visionner une prestation captée par Checkerphil pour le The Checkerboard Kids program  en cliquant ici pour mieux comprendre le chemin parcouru par The Beatdown et la chimie intemporelle du duo guitare et basse. Le ska est large, il est arrivé en plusieurs vagues et le groupe nous offre leur version de la deuxième vague avec fougue. Plus près des Desmond Dekker et The Maytal que des Planet Smashers et 2 Stone 2 Skank.

L’expérience commence avant le spectacle, pour me rendre à pied au pub je dois prendre un chemin dans le bois éclairé par les étoiles infiniment brillantes, suivre une rivière à moitié dégelée, passer sur de petits ponts, croiser un observatoire pour revenir au village plus loin et être accueilli par cette église. Le band passe à Val-David où dans les environs, chaque trois ans, et je m’assure d’y être et profiter de chaque instant.

En apercevant le pub, je suis toujours aussi dépaysé, la bâtisse est rustique à souhait. L’ambiance est chaleureuse, plusieurs sont déjà arrivés, impatients de lâcher leur fou. Quelques pièces d’arts étaient en vente sur les murs, je me suis surpris à être hautement captivé par des morceaux sans comprendre si je regardais une photo ou une peinture.

Le groupe fait son entrée au pub, monte sur scène et débute sans perdre une seconde après les salutations d’usage. Le reggae du Nord fait instantanément effet sur la foule, Alex Giguere est possédé par le beat Jamaïcain et réussit à tous les coups à faire danser tout le monde. Tôt dans le setlist, ils nous ont joué Crazy, une chanson qu’ils ont enregistré une première fois avec One Night Band sur l’album Way back home et une deuxième fois avec Hugo Mudie sur le EP The Beatdown meets Hugo Mudie. C’est évident que la crowd était venue ici pour danser, foule mixte comme il se doit dans un événement ska. Fans de reggae, jeunes du coin, punks et fans de ska dansent ou skank tous ensemble, même plusieurs retraités s’amusent tout autant. Ma copine en profite pour aller fumer dehors entre deux pièces pour partager un moment improvisé avec un chevreuil qui se balade dans le village et c’est ça la magie des shows de The Beatdown en région.

Le band communique bien entre les performances. Partageant plusieurs fous rires, on y apprend que c’est la fête à Giuseppe au clavier et que Michel à la batterie est beaucoup trop content d’être là. Les chansons s’enchainent en boucle, The Other Side, Reggae Danse et Walkin’ Proud  de l’album sortit en 2012 font particulièrement lever l’atmosphère au plafond, il fait chaud, je suis dans le meilleur party de chalet possible. Le son est excellent, le technicien se promène et s’assure de nous laisser profiter d’une performance sans interruption. Chaque coup de caisse claire nous frappe dans la moelle épinière, j’étais renversé, le snare parfait joué avec technique et précision comme ça devrait être illégal. Le chanteur apporte sa propre console sur scène et ajoute ses effets à sa guise à sa voix dans les moments cruciaux. Sa guitare est propre, le son est sec, clair et facile à discerner dans le mix. Le quatuor nous à offert quelques longs actes purement instrumentaux qui nous ont fait planer à profusion. Ces derniers ont laissés la place au claviériste pour nous inonder de solos et au bassiste qui joue autant de note que d’important silence, une basse saccadée, des riffs courts et répétitifs qu’il nous performe comme une machine programmée.

Le groupe nous a joué presque 2 heures de chansons sans arrêt, des chansons de chaque album et des covers. Ils ont fait danser la foule d’une trentaine de personnes qui remplissaient la place à perfection du début à la fin. The Beatdown est bon devant des centaines de personnes mais c’est dans une petite salle bien remplie ou tu peux faire ton espace et skanker que la magie opère pour moi.

Texte Patrice Turpin-Bibeau

Revu et Corrigé par Charlotte Claeys