Tête d’affiche du mois d’août : Thick Glasses
Publié le 01 Août 2023 par Claudia Bo
Membres :
Charles de Villers – Voix, guitare
Étienne Dubé – Basse
Gabriel Guimond-Mercille – Batterie
David Roy – Voix, guitare
BC : D’emblée je dois vous le dire, chu pas aussi tight que Phil Vai côté entrevue, mais je vais faire mon possible.
TG : C’est qui ça Phil Vai? Y as-tu une sorte de Mr. Freeze préférée?
BC : Merci d’avoir accepté l’invitation pour être notre tête d’affiche du mois d’août.
TG : Bin là, ça fait méga plaisir, merci à vous de nous offrir cette place-là sur votre blogue. Couvrir l’actualité punk comme vous le faites, c’est un art en soi. Donc respect à c’que vous accomplissez à votre façon.
BC : Tous les chroniqueurs que j’ai lus sont unanimes : vous avez tout torché lors de votre passage aux Francos. Vous êtes un band punk, mais la réponse du public est plus que favorable. Comment expliquez-vous ce succès même dans des publics plus conventionnels?
TG : Bin là merci infiniment! C’est sûr que c’est un festival plus mainstream, mais les Francos ont toujours fait de la place aux scènes alternatives. Donc ce n’est pas comme si on n’avait pas d’affaire là non plus. C’était vraiment un rêve pour nous de jouer là, et ça nous emballait surtout de nous dire que là, on allait faire du gros bruit en plein centre-ville. Pis que c’était les punks pis les pouèls qui allaient take over la place! Après, on a beau jouer très fort pis gueuler à des bouttes, on est convaincus qu’on a plusieurs chansons qui peuvent être bien plus accessibles que ce que des non-initié.e.s pourraient s’imaginer des fois.
BC : Vous mélangez les styles sans aucune retenue : comment expliquez-vous cet éclatement artistique? Recherche de votre identité musicale? Mélange des influences des membres?
TG : C’est clairement un mélange d’un paquet de nos inspirations personnelles. Pis ça nous vient assez naturellement parce qu’on se dit « pourquoi pas » plus souvent qu’autrement. Ça vient aussi d’un désir d’éviter qu’on finisse par se peinturer dans un coin artistiquement parlant. Entre nous, c’est juste logique de vouloir se renouveler dans tout ce que l’on crée ensemble… et d’avoir du fun en gang, la base!
BC : Vous êtes relativement tous beaucoup plus jeunes que moi. On a souvent l’impression que le punk des dernières années était réservé aux têtes blanches ou chauves de ma génération. Pourtant, j’ai l’impression que depuis 5-6 ans, on rentre dans une nouvelle vague de punk beaucoup plus contemporaine et accessible. Moins agressive et plus inclusive. Qu’est-ce qui justifie ce « renouveau » punk selon vous? Considérez-vous qu’il y a un renouveau?
TG : Tu parles de renouveau, pis pour nous ça résonne dans le sens où, à échelle plus locale, il faut constamment qu’on vise à repenser et redéfinir la façon dont notre scène opère. Ici à Montréal, via des mouvements comme les Insoumises, on a beaucoup parlé, par exemple, de féminisme, de culture du viol, de racisme, de consentement, de dynamiques de pouvoir, de boys club, de non-binarité, du manque de diversité dans les médias, les line-up de shows et de festivals, et c’est des éléments essentiels auxquels il faut s’intéresser, discuter, rester ouvert et à l’écoute. Voir comment on peut faire collectivement pour rendre le milieu le plus sain possible pour tou.te.s.
La scène punk s’est fait critiquer là-dessus à différentes occasions, mais pour nous c’est juste un reflet de comment notre système opère déjà à plus grande échelle. Ces enjeux-là sont primordiaux pour tous les types de communautés, pas juste la scène punk.
Après si tu parles de renouveau en termes d’apparition de nouveaux groupes sur la scène, là aussi c’est sûr que ça foisonne de partout. De voir à quel point les différentes scènes alternatives, surtout à Montréal, réussissent de plus en plus à se créer un réseau et un engouement là où on peut avoir eu l’impression que v’là quelques années ça s’était un peu dissipé. Et c’est le fun de voir que de plus en plus de personnes veulent vraiment faire de leur mieux pour soutenir les artistes locaux. Et surtout, musicalement, on ne trouve pas que ça s’adoucit au contraire!
La scène hardcore, notamment, est vraiment revenue de l’avant ces derniers temps, et on voit de plus en plus de bands élargir leurs horizons musicalement. Nous ce qu’on souhaite surtout c’est qu’il y ait encore plus de line-up qui présentent de la diversité, pas juste en termes d’individus mais aussi en termes de styles musicaux. Les trucs trop rigides et catégorisés, c’est vraiment pas notre vibe.
BC : Thick Glasses : pourquoi? ça veut dire quoi et ça fait référence à quoi?
TG : C’est Gab qui a amené cette idée-là et on l’a gardé tout simplement parce qu’on trouvait que ça représente bien notre côté nerd. Ça faisait aussi un léger clin d’oeil à Milo Aukerman de Descendents, groupe qui nous a énormément inspirés dès nos débuts.
BC : J’ai Bobby au Crew qui voulait savoir : votre papier de toilette, vous le placez de quel côté? Par-dessus ou par-dessous?
TG : Bin là par-dessus, c’t’affaire!! Le monde qui font l’inverse, c’est clairement les mêmes fatigants qui faisaient du « sonne décrisse » quand ils étaient jeunes (Looking at you, Jessy Fuchs).
BC : André Beaupré veut savoir pourquoi Charles est si sexy?
Gab, David et Étienne : Il ne l’est pas.
Charles : :'(
BC : De ce que j’ai compris, vous étiez tous un peu éparpillés géographiquement : vous vous êtes formés comment? Vous vous êtes rencontrés comment?
TG : On vient tous de Montréal sauf Gab, qui est un fier représentant de Longueuil.
Charles et David se connaissent depuis l’école secondaire. Gab a rencontré Charles dans un show métal à Varennes. David a rencontré Étienne parce qu’ils étaient dans les mêmes classes au DEC en musique au Cégep Marie-Victorin. Faque c’est basically la faute à David et Charles si on est pognés les 4 ensemble astheure.
BC : De plus en plus d’artistes d’ici se tournent vers l’anglais (question de visibilité et d’atteinte des publics). C’est une option pour vous ou continuer d’écrire dans la langue de Molière n’est pas négociable?
TG : Au tout début, on avait choisi un nom de band en anglais pour justement se laisser la possibilité de peut-être écrire en anglais. Mais aujourd’hui on a oublié ça parce que ça nous vient juste plus naturellement d’écrire en français. Honnêtement, nous on s’en fout dans quelle langue tu chantes. L’important c’est que l’artiste reste confortable et authentique dans sa démarche. Anyway, d’la visibilité, tu vas finir par en avoir si t’es particulièrement remarquable dans c’que tu fais. Donc c’est jamais ça qui devrait dicter la langue dans laquelle tu choisis de t’exprimer.
BC : Vous cumulez les sorties EP et les singles depuis 2018. Un LP prévu un moment donné?
TG : Certainement. À l’heure où l’on se parle, on travaille sur nos nouvelles chansons et on est super enthousiastes des directions qu’on prend. On s’en va même s’isoler un 3-4 jours dans un chalet pour poursuivre la composition. C’est la première fois qu’on s’offre ce p’tit luxe-là avant d’entrer officiellement en studio. On espère sortir le 2e album quelque part en 2024 si tout va comme prévu. Mais en bout de ligne, on n’est pas pressés de le sortir tant qu’on ne sera pas tous satisfaits à 100 % du résultat final.
BC : La scène au Québec en ce moment? On en fait assez? Trop? Pas assez?
TG : Pour vrai, s’il y a bien une chose ces temps-ci qu’on trouve positive de la scène musicale ici, c’est que les personnes qui y prennent part et le public sont enthousiastes, soutenant.e.s et passionné.e.s comme jamais. C’est sûr que certaines personnes aimeraient qu’on soutienne encore plus massivement les artistes locaux qui en sont à leur début, mais c’est aussi à elleux de faire leurs preuves avec le temps, et ça se fera jamais du jour au lendemain. Patience and dedication is key.
BC : Merci infiniment d’avoir pris le temps de répondre 😊
TG : Merci mille fois à toi aussi pis à tout le reste d’la team du Bad Crew.
Rédaction : Claudia Beaudoin et Thick Glasses
Correction : Céline Montminy
Révision : Marie-Eve Landry