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Lettre à Polo

Publié le 06 Avr 2025 par

Cher Polo,

Si je peux me permettre de t’appeler ainsi. On n’est pas des vieux chums, loin de là. Mais vous autres, les artistes, réussissez le tour de force de vous imprégner en nous. Vos paroles et vos airs à fredonner viennent nous pogner direct dans les tripes. Alors, tout ça pour dire que l’on finit par s’attacher à vous, et à vous considérer comme des amis.

Je sais que ça fait déjà un petit moment que t’es parti, voir le 17 mars 2025. Il a fallu que je décante tout ce remue-boyaux. Faut se le dire, le décès de Lucien Francoeur est encore une plaie qui demeure ouverte. Je vieillis, alors mes idoles musicaux aussi, et finissent par tomber au front.

Les Frères à ch’val

Pratiquement tout québécois de souche a déjà entendu le nom de son groupe populaire : Les Frères à ch’val. Ces mêmes oreilles furent au minimum traversées par leur plus grand accomplissement : Mon voisin. Tout ce beau monde s’est retrouvé à passer fréquemment à la radio.

Frères à Ch'val

Dans toutes tes créations, on sent vibrer une âme rebelle habitée par une hargne punk. Tu étais un bon chum de Rudy Caya de Vilain Pingouin. Vous vous entendiez bien, car vous aviez le même sang de rockers qui coule dans vos vieilles veines. Les Frères à ch’val ont su savamment mélanger de nombreux styles musicaux : rock, folk, reggae et même country.

Paul Bellemare était un des vecteurs de chansons vibrantes d’honnêteté et de revendications moralisatrices. Les Frères à ch’val se sont réunis de nouveau en 2013, ce qui a abouti au succulent album Ast’Heure de 2019. Ils avaient répondu à l’appel de leurs fans en recommençant à faire des spectacles au Québec.

Frères à ch'val

Légende urbaine

Ya ben fallu que tu disparaisse de la map pour que je découvre le easter egg sur ton album « C’pas grave » en format CD. L’astuce est de tenir enfoncé le bouton reculez si votre lecteur le permet, dès l’amorce des premières notes. À cet endroit se cache une version alternative d’une toune, y paraîtrait…

Frères à ch'val

Danger

Un bond dans son riche passé nous met en pleine gueule qu’il était membre du premier band franco punk du Québec. Oui, vous avez bien lu le PREMIER, comme dans « avant les autres », précurseur en ces années 70. Un nom facile à conserver dans sa caboche : Danger.

Si ça ne vous dit rien, lancez-vous dans une écoute de ce bijou de notre province, pis ça presse. Étant collectionneur de musique, j’ai bien certainement leur album en vinyle. Ce groupe est beaucoup trop méconnu pour l’importance qu’il a eu dans notre culture.

Polo en était un des leaders pour épauler au chant son frère Pierre P. Belmar. C’est vraiment entraînant, et en avance sur leur temps. Un véritable doigt d’honneur, avec style. On a le goût de partir faire une virée avec la gang.

Danger

Tu vas nous manquer

Ce mec trempait également dans d’autres projets habillant la scène musicale du Québec. Baignant sans cesse dans ce domaine l’ayant aussi dirigé vers le projet de son frère André : Dédé Traké. Son carburant était l’amour lancé par ses disciples et c’était un processus dans les deux sens.

Dédé Traké

Un guerrier debout jusqu’à la toute fin. Souffrance insoutenable et traitements inefficaces. L’aide médicale à mourir aura été ton salut amplement mérité. Ton corps meurtri peut désormais reposer en paix, après 68 ans de service.

Ta trace restera pour l’éternité imprégnée dans le patrimoine de la musique québécoise avec ton rock ou ton punk, ou les deux bien sentis. Danger n’a fait rien de moins que de prendre le Québec par la main, pour l’aider à réaliser ses premières enjambées dans un univers francophone plus punk.

Bye!

Pat

Rédacteur : Patrice Belley

Correction : Jess Peach

Révision : Marie-Eve Landry