Home Scène Découverte Hugo Lachance : 12 albums ayant eu une influence majeure sur ma vie

Hugo Lachance : 12 albums ayant eu une influence majeure sur ma vie

Publié le 21 Jan 2025 par

Aujourd’hui, nous avons la chance de recevoir Hugo Lachance pour le défi du top dix d’albums qui ont changé la vie d’un/une punk rockcoeur ! Mais, Hugo c’est un punk dans l’âme et il ne fait pas les choses comme les autres, alors ça sera un top 12 pour cette fois. On le connaît principalement pour jouer du tambour en compagnie de WD-40 depuis 2007-2008, mais également pour L’Album Podcast qui est vraiment chouette mine de rien. Comme si c’était pas assez, c’est aussi l’homme derrière le projet Piggy Monuments, bref, un chouette type avec une belle plume et sans plus tarder, je vous laisse ses mots !

Antonio Geraldo

Photo : Sophie Lavoie

Je m’appelle Hugo Lachance, je suis né en 1975 et voici 12 albums qui ont changé ma vie. Étrangement, j’ai décidé de ne pas trop parler des albums choisis, mais plutôt du contexte dans lequel ils sont apparus dans ma vie. J’ai préféré l’anecdote à l’analyse. Évidemment, ces histoires sont approximatives, selon ce qui reste de mes souvenirs altérés, mais elles ne sont jamais loin de la vérité. Je leur ai redonné vie à l’écrit afin de les partager avec ceux et celles qui, comme vous, daignent y porter attention.

Selon moi, un album qui change une vie c’est un album qui ouvre une nouvelle porte dans notre esprit, créant ainsi un effet d’entraînement vers un phénomène culturel plus vaste que la musique en tant que telle. Bien que toutes les propositions énumérées plus bas m’ont fait évoluer d’une quelconque façon, il y en a une en particulier qui a vraiment changé ma vie. Vous pourrez le constater lors de votre lecture. Mon seul regret, c’est qu’il manque beaucoup d’albums francophones du Québec. J’y reviendrai probablement dans un autre article.

1- RENAUD – Morgane de toi (1983)

Jonquière, 1985 – Assis au milieu de la chambre de mon oncle Luc dans la maison de mes grands-parents Lachance sur la rue Saint-Jean-Baptiste, je fouille dans ses cassettes BASF aux pochettes bricolées avec des coupures de journaux. Sur l’une d’entre elles, on peut y lire « Renaud où est-ce que t’as mis ta révolte ? »  J’emprunte son Walkman Sony (le rouge classique pas le jaune) et je descends m’assoir sur la galerie. Devant moi trône l’élégante église Saint-Raphaël. Les deux écouteurs reliés d’un fin arceau métallique sont recouverts d’une enveloppe de styromousse orangée un peu mince pour mes jeunes oreilles. Pas grave, je vais endurer, car ce qui en sortira changera ma vie.

Heureusement qu’à l’époque les films étaient traduits en France, comme ça je pouvais comprendre un peu  l’argot  et le verlan. J’ai surtout compris que pendant l’écoute d’un album on peut s’improviser marin, parler d’immigration, boire comme un trou, tomber amoureux fou, tout plaquer pour une place au soleil, devenir père, se foutre de la gueule de ses semblables, écrire au président, vouloir manger de la glace à la viande et tenir tête à un copain teigneux. Ce n’est pas rien pour un « flo » de dix ans. Et puisqu’il le faut… tatatin !

Suggestions : Dès que le vent soufflera, En cloque.

Autres albums (de cette période) :  Mistral gagnant, Un Olympia pour moi tout seul

La suite : Georges Brassens, Serge Gainsbourg – Histoire de Melody Nelson et Alain Bashung – L’homme à la tête de chou, Fantaisie militaire.

2- VOÏVOD – Dimension Hatröss (1988)

Jonquière, circa 1985 – Mon histoire avec Voïvod commence sans trop le savoir en 1984 ou 1985, je ne suis pas certain. Mon oncle Luc travaillait comme éclairagiste à la place Nikitoutagan sur les bords de la Rivière-aux-sables à Jonquière et il m’avait proposé de l’accompagner. À l’époque la structure de cet amphithéâtre extérieur était faite de béton et recouverte d’une toile bleue et blanche. J’attendais sagement dans les gradins, observant les allées et venues des techniciens qui s’affairaient à préparer la  sono, l’éclairage et surtout les impressionnantes machines à boucane. Je remarquais quelque chose de particulier… une partie de la scène était surélevée à l’aide de caisses de Coke en plastique recouvertes de plywood noir, étrange. 

  • « C’est un show heavy metal ce soir ! Un groupe de Jonquière qui s’appelle Voivoid je pense.
  • Est-ce que je vais pouvoir venir ?
  • Pas sûr que ta mère sera d’accord, ça risque de brasser pas mal.
  • Ah… »

Je crois avoir aperçu des gars avec des guitares aux formes funky. Quand nous avons quitté, le band débutait le soundcheck. Je me rappelle surtout un niveau de décibels très élevé. J’aurais aimé avoir un souvenir plus précis de cette expérience, car 35 ans plus tard, j’en discutais avec Away et Snake lors de l’enregistrement de la vidéo promotionnelle de notre projet Piggy Monument. Entretemps, la flamme fut rallumée grâce à Paul Sarasin et son spécial Voïvod diffusé à son émission Solidrok sur la chaîne MusiquePlus vers 1989. C’est grâce au vidéoclip Tribal Convictions que je me suis procuré le superbe Dimension Hatröss.

Suggestions : Tribal convictions, Chaosmöngers, Psychic Vacuum

Autres albums : Nothingface, The Wake, Killing Technology

La suite : King Crimson – Red et The court of the Crimson king, Meshuggah – obZen

3- METALLICA – Master of Puppets (1986)

Arvida, 1988 –  À mon souvenir, c’est mon ami Patrick Nadeau, dans le cours d’arts plastiques en secondaire 1, qui m’a prêté la cassette dupliquée de Master of Puppets qui lui venait de son frère, je crois. J’écoutais l’émission Solidrok à MusiquePlus. Ce que j’avais entendu jusque-là était plutôt du hair metal, mais là, c’était du gros calibre. Il faut dire qu’à cette époque, écouter du métal venait encore avec le risque de contracter une malédiction quelconque par le truchement d’un message subliminal ou d’une parole un peu trop suggestive. Les curés et Tipper Gore vous le diront…

Après avoir inséré l’objet dans le lecteur et appuyé sur play, j’ai eu le temps de m’asseoir dans le gros fauteuil brun du paternel juste avant d’entendre le typique son du test tone au début de la cassette. Une intro à la guitare classique, mystérieuse, intrigante avec de jolies harmonies sort de mon casque d’écoute. Jusqu’ici tout va bien… Il y a de ces moments que l’on ne peut vivre qu’une seule fois. Le suivant en est un. BOOM! Telle une série d’explosions rythmées, les cymbales, distorsions, et les floors toms retentissent. Les guitares, elles aussi « distortionnées », reprennent la mélodie initiale dans une harmonie grandiose, mais angoissante, le sol se dérobe sous mes pieds, mon corps s’enfonce dans le fauteuil brun, j’ai dû avoir une face de chevreuil illuminé, personne ne le saura jamais. Le métal, le vrai, avait déposé sa semence dans mon p’tit cerveau, c’était trop tard, j’étais sous le joug de la malédiction…

No-one goes ’yeah, I was really big into Slayer one summerRob Zombie

Suggestions : Disposable Heroes [stop, rewind, play] Disposable Heroes et Orion

Autres albums : Ride the lightning, …And justice for all, Black album

La suite : Megadeth – Rust in Peace, Anthrax – Persistence of time, Slayer – Season in the abyss

4- BÉRURIER NOIR – Abracadaboum  (1987)

Saint-Hubert, fin des années 80 – Nous sommes une bande de bums de (très) bonne famille et on quitte la maison des jeunes que l’on surnomme affectueusement « la chiotte ». Objectif : déambuler dans les rues de la banlieue en buvant des bières, provoquer la soirée. Le voisinage devait nous détester, car Brochu et moi adorions chanter Salut à toi aussi fort que mal. Ça nous donnait une impression de liberté même si on savait qu’on allait rentrer à la maison bien au chaud le réfrigérateur bien rempli. C’était une musique parfaite pour le groupe d’adolescents que nous étions. Lorsque la musique commence, ce n’est pas qu’un groupe de musiciens qui entre en action, c’est un cirque complet qui débarque avec ses personnages déglingués, du feu, de la folie, des costumes, tout ça dans une joyeuse anarchie. Découvrir Bérurier Noir, c’est s’ouvrir à l’autre et à sa souffrance, s’ouvrir au monde et à ses injustices, développer un esprit critique, un esprit de solidarité. La jeunesse vous emmerde.

Suggestions : Nuit apache, L’Empereur Tomato-Ketchup

Autres albums : Viva Bertaga, Souvent fauché, toujours marteau

La suite : Ludwig Von 88 – Houlala 2 : La Mission, Les Wampas – Never Trust a Guy Who After Having Been a Punk, Is Now Playing Electro

5- KITSH ’EN SQUATT : Compilation de groupe locaux (1989)

Saint-Hubert, 1989

  • « Pogne-ça man, tu vas voir c’est écœurant !        
  • Ouin… C’est combien?
  • Cinq piastres
  • Cinq piastres ?!
  • Voyons t’as plein de bon bands là-dessus ! Pis c’est pour une bonne cause.   
  • Ouin, ok, tin’ ton cinq piastres… »

Est-ce que ça s’est vraiment passé comme ça ? Pas exactement, mais pas loin. Je fréquentais la susmentionnée maison des jeunes de Saint-Hubert et je me rappelle avoir acheté une copie de cette compilation dans l’entourage de « la chiotte », probablement par le grand Labrecque. Kitsch ’en Squatt est une compilation de démos de groupes de la région de Montréal produite par Jean-Yves Thériault, ancien bassiste de Voïvod, au profit des maisons des jeunes de la région. Cette cassette contient quelques pépites et des classiques de l’underground québécois où certains groupes sont encore actifs ou leurs albums ont été récemment réédités. Je l’ai traînée avec moi quand je suis redéménagé au Saguenay et nous avons longtemps joué quelques tounes de Kitsch ‘en Squatt dans notre band d’adolescents Critical Mass.

Suggestions : Groovy Aardvark – Ants have no chance, Northern Vultures – Rise up, Possession Simple – Tu cries contre le système et Capitalist Alienation The Safe Side Of The Tv Screen.

Autres albums : Kitsch ‘en Squatt, volume II

La suite : Grimskunk – Éponyme, B.A.R.F. – Tumulte, Groovy Aardvark – Eater’s digest

6- DAYGLO ABORTIONS – Two dogs fucking / Deux chiens fourrent (1991)

Québec, 9 novembre 1991 – La seule certitude lorsqu’on décide de voyager « su’l pouce » c’est qu’on va arriver quelque part à un moment donné, un peu comme la soirée où on a découvert Dayglo Abortions. Partis du Saguenay sur le pouce, Dave et moi avions fini par nous rendre à Québec pour rejoindre mon chum Brochu, qui était descendu de Saint-Hubert dans sa Sentra rouge. On s’était donné rendez-vous pour aller voir un show quelconque. Dans notre quête pour trouver la salle de spectacle dudit concert, nous nous sommes égarés comme des niaiseux.  Au lieu de rentrer bredouille, nous avons ouvert la porte du bar l’Impossible sur le boulevard Charest, un peu au hasard, et c’est là que The Cretin et sa bande jouaient leur crossover crust punk et métal vulgaire, baveux, irrévérencieux, crotté à souhait, mais tellement entraînant. Quelle soirée ce fut, les « danseuses en bois » de l’Ostradamus s’en souviennent encore j’en suis sûr. 

Suggestions : Shit happens, Courage in a can, Almost cut my hair

Autres albums : Here today, guano tomorrow, Feed us a fetus, Death race 2000

La suite : Bunchofuckingoofs, NOFX, WD-40, Circle Jerks

7- NOFX – Punk in drublic (1994)

Jonquière 1994

  • « Tiens man !
  • C’est quoi ça ?
  • Ben la compil que tu m’avais demandée !
  • Quelle compil ? De quoi tu parles ?
  • Tu te souviens on avait jasé de punk et des groupes punk rock californien et tu n’en connaissait pas grand chose ?
  • Oui je me rappelle.
  • Ben voilà, je t’ai fait une compilation !
  • Wow! T’es ben smat! »

Lors d’une soirée au Caverne Club de Jonquière, un ami, disons plutôt une connaissance dont je ne me rappelle plus le nom, m’a remis cette compilation qui m’a fait découvrir un genre que mon frère et moi avons adoré. Je n’ai malheureusement jamais revu le gars depuis ce temps. Bad Religion, Screeching Weasel, Pennywise étaient des groupes présents sur la bande magnétique et surtout NOFX ! C’était rafraîchissant du punk qui ne sonne pas trop crotté avec des mélodies efficaces jouées à l’octave, des silences d’un temps dans les riffs, de l’attitude, de la débauche, de l’humour, de la trompette et du beat 

Suggestions : Linoleum, Lori Meyers, The brews (surtout les paroles)

Autres albums : White Trash, Two Heebs and a Bean, Heavy Petting Zoo et Ribbed

La suite : Bad Religion – Recipe for Hate, Pennywise – Pennywise, Propagandhi – How to clean everything

8- DAVE BRUBECK – Time out! (1959)

Arvida, 1995 – Isabelle, ma copine de l’époque, me remet deux cassettes copiées sur lesquelles elle avait écrit soigneusement Vince Guaraldi et Dave Brubeck, Time out. J’aimais quand elle écoutait Brubeck, l’atmosphère changeait, devenait paisible et l’inspiration lui venait plus aisément. C’est grâce à ses enregistrements que j’ai commencé à m’intéresser au jazz plus sérieusement. Pour moi le jazz c’est d’abord le son d’une cymbale ride, c’est toujours ce que je tente de repérer en premier. Ça me rappelle la pluie un peu comme dans Riders on the storm des Doors. Ces sons m’apaisent. Ensuite vient le hi-hat qui impose le rythme et la caisse claire, ses accents syncopés pour finir avec la minimaliste grosse caisse. Les autres instruments peuvent maintenant bénéficier de toute mon attention. L’exploit de cet album est de faire groover des pièces aux signatures rythmiques irrégulières. Cependant, le solo de Joe Morello dans Take five est, par son minimalisme et la formidable prise de son, un des meilleurs solo de batterie au monde.  Merci encore Za.

Suggestions : Blue Rondo à la Turk, Take five, Three to get ready

Autres albums : Honnêtement, je ne sais pas trop

La suite : John Coltrane – Giant steps, Miles Davis – Kind of blue et bitches brew, Erik Truffaz – The dawn et Bending new corners

9- FRANK ZAPPA – Roxy & Elsewhere (1974)

Montréal, hiver 1996 – Après une soirée bien arrosée, Dave et moi débarquons chez son pote Bert sur la rue Dézéry. Je ne tarderai pas à réaliser que ce serait une rencontre qui allait changer ma vie. Après les salutations et décapsulations d’usage, il nous invite à passer au salon. Des piles de CD jonchent le sol et entourent son système de son. Machinalement, il retire un disque du lecteur et en dépose un autre sur le plateau qui se referme doucement. L’ambiance est créée, on jase musique et on rigole. 

Bert connaît son rock et encore plus son prog, un domaine musical qui ne m’est pas vraiment familier à part des noms comme Genesis, Yes, Jethro Tull (et je les haïs, car ils ont ravi le premier Grammy, catégorie performance métal/hard rock, à Metallica en 89). Je lui demande : « T’sé Bert, je suis un peu à bout du punk rock et du grunge, je cherche de quoi de nouveau à écouter de plus complexe un peu, qu’est-ce que tu me suggères ? » Son visage s’illumine. « Tu connais Frank Zappa ? Non, seulement de nom ». Son regard prend tout à coup des airs de Jack Nicholson, mais chauve. « Ah ouin ? », dit-il avec un sourire en coin. «Check ben ça ». Il termine sa besogne d’une main, en même temps qu’il extirpe un disque sans le chercher dans son classement, il le repère instinctivement, il sait exactement où il se trouve. La pièce s’enfume tranquillement et la soirée semble évoluer en un rituel un peu chamanique. Toujours le même sourire accroché au visage, il tourne tout doucement le bouton du volume vers la droite en disant «Écoute ça man, je te présente Roxy & Elsewhere, un album live de Frank Zappa tu vas triper. »  Je n’ai plus été le même homme après cette soirée.

Suggestions : La séquence de tounes Village of the sun, Echidna’s arf (of you), Don’t You Ever Wash That Thing? Cheepnis.

Autres albums : Apostrophe, One size fits all, Overnite sensation et The Grand Wazoo

La suite : King Crimson – Red et The Court of the Crimson king, Edgar Varèse – Ionisation, Captain Beefheart & His Magic Band – Trout Mask Replica.

10- GILLIAN WELCH – Time (The revelator) (2001)

Chicoutimi, 2001 – Il y a des rencontres fortuites qui peuvent transformer un pan de notre vie par une conversation ou une suggestion quelconque comme celle que j’ai eue avec Éric, avec qui j’ai jasé country pendant une soirée de party à l’université du Québec à Chicoutimi. Nous avions échangé des albums par la suite.

Parfois, ce sont des albums inconnus qui arrivent à point dans notre existence et qui, pour différentes raisons, offrent de nouvelles perspectives à notre esprit. Dans ce cas précis cependant, c’est la découverte de l’œuvre complète d’une artiste relativement jeune artiste à l’époque et de son conjoint qui m’est rentrée dedans intensément, Gillian Welch et David Rawling. Il y a de ces gens qui incarnent la mélancolie, naturellement, sans mise-en-scène. Je pense entre autres à M. Mono, Beth Gibbons ou Leonard Cohen.  La voix, le ton, le jeu des guitares, les textes, les sinistres harmonies de certaines chansons du duo Welch et Rawling ont la capacité de passer mon âme au tordeur pour en extraire les parcelles d’un certain mal de vivre qui m’habite et en faire quelque chose de beau.

Suggestions : Revelator, Red clay halo, Ruination day part 2.

Autres albums : Hell among the yearling, Revival

La suite : Bruce Springsteen – We Shall Overcome: The Seeger Sessions, O Brother, Where Art Thou? (Trame sonore) et toute l’ouverture au folk et bluegrass.

11- WD-40 – Fantastik Strapagosse (2001)

Chicoutimi, 2001 – Fred, Stéphane et moi discutions de la rumeur qui voulait que si WD-40 ne vendait pas 5 000 copies de son nouvel album Fantastik Strapagosse, ce serait le dernier du groupe. Nous en avions conclu qu’il fallait acheter une copie chacun et inciter nos amis à faire de même. C’était WD-40 après tout ! J’ai connu le groupe sur le tard. La réputation du patibulaire Alex Jones traversait les frontières de Chicoutimi pour se rendre à jusqu’à Jonquière où j’habitais. J’entendais parler d’eux depuis un bout de temps, mais sans plus. C’est en côtoyant les comparses de mon groupe Les Shirley (la version masculine) que j’ai été initié à l’œuvre de ce grand groupe. Aux frontières de l’asphalte et Fantastik Strapagosse sont des joyaux bruts de l’underground musical québécois. Capable du meilleur comme du pire, il est incontestable que WD-40 se démarque par l’unicité de ses textes, ses compositions, ses prestations endiablées et par son univers sonore savamment façonné par Éric Goulet. Jamais je n’aurais cru que sept années plus tard je deviendrais le batteur régulier de la formation.

Je vous invite d’ailleurs à écouter la série d’épisodes consacrés au groupe et son histoire racontée par Alex et Étienne sur mon balado L’Album Podcast.

Suggestions : Vivre au-dessus de ses moyens, Je reviens de l’Est et Mourir la face dans slush

Autres albums : Aux frontières de l’asphalte, Crampe en masse et l’excellent La nuit juste après le déluge…

La suite : Galaxie – Galaxie 500, Gros Mené – Tue ce drum Pierre Bouchard, Les Dales Hawerchuk – éponyme

12- MASTODON – Crack the Skye (2009)

Montréal, 2011 – Je suis assis sur mon nouveau divan-lit Ikea «cheapo » que je partage avec ma fille d’un an, elle y dort paisiblement. Une séparation très difficile psychologiquement accapare tout mon être, mais c’est pour le mieux. Je viens d’emménager dans un deux et demi sur la rue de Bullion que j’ai repeint au complet. L’appartement est petit, mais propre, je connaîtrai pire. Bref, je suis décâlissé…  Je referme la porte française qui sépare les deux pièces et je m’assois au petit comptoir où mon laptop prend pratiquement toute la place. Pas d’internet parce que je n’ai pas réussi à convaincre le voisin de partager la connexion, fuck himS’ti que c’est insignifiant un ordi pas d’internet. Dans une pile de «bébelles » qui traîne dans une boîte ouverte avec « divertissements » écrit dessus je tombe sur une copie du DVD Live at the Aragon, qui présente le spectacle de la tournée Crack the Skye en 2009.

Je connaissais déjà le groupe, leur univers m’était déjà familier, mais pour une quelconque raison je n’avais jamais porté attention à cet album. C’était exactement ce que j’avais besoin d’entendre. Découvrir un album en version live avant d’écouter l’original est un exercice particulier. J’adorais les gars et leur attitude un peu sloppy, surtout Brent. Je voulais jouer dans ce band-là. J’aurais viré une couple de solides brosses avec eux autres. C’est un album sombre avec une magnifique esthétique et surtout très différent du reste de leur discographie, car il s’articule autour du suicide de la sœur du batteur, Skye. Je m’y suis longuement accroché. C’est devenu la soundtrack de ma première séparation.

Suggestions : Toute ! Mais écoute au moins les deux premières tounes.

Autre album : Blood Mountain, Hushed and Grim (moi je l’aime cet album-là bon)

La suite : Gojira – Fortitude, Opeth – Blackwater park

Rédaction : Hugo Lachance et Antonio Geraldo

Correction : Val Girard

Révision : Julie Fortin